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Contre-réforme et centralisation

La France s’illustre dans les forums internationaux par une prétention étrange, celle d’être un pays exceptionnel. Or, derrière un discours souvent confus, marqué par des références…

La France s’illustre dans les forums internationaux par une prétention étrange, celle d’être un pays exceptionnel. Or, derrière un discours souvent confus, marqué par des références dignes de Fichte au rôle de la langue française, et des envolées sur nos services publics ?” qui prennent un tour tragi-comique quand on voit par exemple comment fonctionne la SNCF ?” se cache non pas une réelle exceptionnalité mais une crainte profonde.C’est cette crainte qu’analyse Yves Tinard dans un livre érudit, intitulé L’exception française, pourquoi ? Cette crainte n’est pas celle du capitalisme, ?” le mécanisme qui permet à certains, grâce à des investissements judicieux, d’acquérir une richesse sans commune mesure avec celle du reste de la population. C’est celle de la concurrence, mécanisme dynamique qui permet à certaines entreprises d’accumuler les bénéfices, mais en condamnent d’autres à la faillite. Le refus du libéralisme, systématiquement qualifié d’ultra, comme le militantisme antimondialisation, n’ont en pratique qu’un seul but : soutenir un système garantissant l’emploi à vie. La France ne se bat pas pour une quelconque spécificité culturelle mais pour un type d’organisation du travail.Pour Yves Tinard, cette volonté vient de son histoire, de la combinaison de deux tendances idéologiques : le catholicisme de la contre-réforme qui associait la sécurité des croyants à leur soumission ; de la centralisation, qui a fourni au pays un cadre contraignant mais très protecteur. Aujourd’hui, s’engageant dans la décentralisation politique et s’éloignant du catholicisme, la France est mûre pour le libéralisme, même si son intelligentsia continue un combat que l’environnement général du pays rend vain.

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Jean-Marc Daniel Professeur à l'ESCP