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Communication financière : la foire aux excuses

Les investisseurs sont des gens difficiles, à la fois exigeants et versatiles. Prêts à se laisser convaincre par une séance d’autocongratulation quand tout va bien. Que…

Les investisseurs sont des gens difficiles, à la fois exigeants et versatiles. Prêts à se laisser convaincre par une séance d’autocongratulation quand tout va bien. Que le vent tourne, et les voici soudain bien plus pointilleux. Comment, alors, leur dire sans le dire que ça va mal ?Depuis plusieurs trimestres, les entreprises du secteur high-tech ont eu l’occasion de s’y exercer. L’une des méthodes consiste à mettre l’accent sur ce qui ne va pas trop mal, ou à insister sur les efforts entrepris, mais encore invisibles. Dire que les choses devraient bientôt s’améliorer est aussi une façon élégante de sous-entendre qu’elles ne vont pas très bien : mieux vaut parler d’un futur souriant que d’un présent qui fâche. Reconnaître ses erreurs passées est une stratégie à double tranchant. Et, si possible, à éviter. Mieux vaut avoir un peu moins de panache ?” ou de droiture ?” et s’en remettre à une méthode antédiluvienne, mais toujours efficace : désigner un bouc émissaire.L’an dernier, la conjoncture économique était le grand coupable. Comment vendre alors que plus personne n’achetait ? Il a donc fallu se restructurer. Et, à la fin du trimestre suivant, la litanie était que cet effort avait mobilisé toute l’entreprise, mais que de ce mal allait sortir un bien que l’on ne tarderait pas à constater. C’était sans compter le 11 septembre : cette fois, le méchant tombait ?” littéralement ?” du ciel. Rien ne s’arrangeait, mais, du moins, comme toujours, la faute était ailleurs.Il aura suffi de l’embellie de quelques indices économiques et boursiers, du mot “reprise” prononcé de-ci, de-là, pour que l’on s’attende à un rebond salutaire. Las, Peoplesoft et IBM, pourtant parmi les plus résistants l’année dernière, ont prévenu qu’il ne fallait pas s’attendre à des miracles. Et dans les conférences qui se préparent, quelles explications forcément embarrassées vont, cette fois, pouvoir avancer les entreprises ? Hormis, tout simplement, que ça ne s’arrange pas.Une explication qui risque de ne pas suffire aux investisseurs, qui, à défaut déléments tangibles leur permettant enfin de distinguer les bons élèves des mauvais, réclament de quoi calmer leur impatience.

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Jean-Baptiste Dupin