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Comment les sites gouvernementaux européens sont infestés par des trackers publicitaires

Selon une étude de Cookiebot, 89% les portails officiels de 25 des pays membres de l’UE dissimulent des trackers publicitaires, parfois malgré eux. Et la France fait partie des moins bons élèves.

Selon un rapport publié par le cabinet Cookiebot, 89% des sites gouvernementaux des pays membres de l’Union Européenne (UE) laissent des entreprises tierces traquer leurs visiteurs. Au total, 112 entreprises commerciales utilisent des trackers sur des sites publics. Sur 28 États membres, 25 portails nationaux contiennent ces outils de suivi à des fins publicitaires. Champion toutes catégories : le site du gouvernement français, avec 52 sociétés « traqueuses ». Seuls les sites gouvernementaux espagnol, allemand et hollandais sont vierges de tout tracker.

Cookiebot

Bien que l’utilisateur soit invité à cliquer sur le bouton « accepter » lorsque le bandeau cookie apparaît, les sociétés tierces contournent certainement les règles de protection des internautes, en s’infiltrant via des services gratuits (plugins vidéo ou d’accessibilité, options de partage sur les réseaux sociaux, système de galerie d’images). Si l’attitude des entreprises peut être qualifiée de « prédatrice », les experts de Cookiebot insistent sur le fait que les gouvernements n’en tirent probablement aucun bénéfice. 

Google, « caïd de la traque publicitaire »

L’étude révèle sans surprise que Google est le plus performant en matière de vente de publicité en ligne puisque 82 % des sites des gouvernements de l’UE hébergent silencieusement ses trackers. Corolaire de sa position ultra dominante sur le marché. D’autant plus que les trois principaux domaines de suivi identifiés, YouTube.com, DoubleClick.net et Google.com, appartiennent au groupe surnommé à ce propos par le cabinet le « kingpin of tracking » (littéralement le « caïd de la traque publicitaire »).

« Sur chacun des 22 principaux sites Web gouvernementaux sur lesquels des vidéos YouTube ont été installées, YouTube charge automatiquement un tracker à partir de DoubleClick.net (principal domaine de service publicitaire de Google) », détaille l’étude.

21 sociétés derrière les sites français de santé publique

Dans six pays (Allemagne, Espagne, France, Irlande, Italie, Royaume-Uni), Cookiebot a réalisé un focus sur les données personnelles relatives à la santé. Il en ressort que la majorité des pages officielles dédiées à la santé publique de six pays sont également concernées (52%).

Pays par pays, l’étude détaille les spécificités nationales : en Irlande, près de trois quarts de ces sites (73%) contiennent des trackers commerciaux tiers ; si un citoyen allemand se renseigne sur les congés maternité, il sera ensuite potentiellement traqué par 63 entreprises différentes ; quand un internaute français consulte un portail officiel à propos de l’avortement, 21 sociétés tierces peuvent suivre ses activités.

Cookiebot

Dès lors, on peut tout imaginer : des données sensibles pourraient être revendues à des industries pharmaceutiques pour influencer le comportement du potentiel consommateur. Pire, elles pourraient alimenter des algorithmes destinés à calculer des scores d’assurance-vie. Alors même que le caractère « officiel » des portails consultés devrait être un gage de sécurité, la recherche d’informations de ces internautes se retourne contre eux. Leur vulnérabilité est donc accentuée.

« Ces citoyens n’ont aucun moyen clair de prévenir cette fuite, de comprendre où leurs données sont envoyées, ou de corriger ou de supprimer les données », prévient le rapport du cabinet d’experts.

Alors que le RGPD est entré en vigueur en mai 2018, l’ironie soulevée par l’étude montre les limites de la régulation du volume gigantesque de données généré sur le Web, en épinglant les gouvernements pour leur non-conformité à des règles qu’ils ont eux-mêmes mis en place. 

Source : 
Cookiebot [PDF] 

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Marion SIMON-RAINAUD