Passer au contenu

Cinquante ‘ mules ‘ arrêtées pour complicité d’escroquerie

Ces ‘ petites mains ‘ auraient servi à transférer vers l’Ukraine et la Russie l’argent détourné par l’intermédiaire d’opérations de ‘ phishing ‘ menées par les véritables
escrocs installés à l’étranger.

Joli coup de filet pour la police française. Ce mardi matin, les services de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) ont interpellé cinquante internautes
soupçonnés de participer à un vaste réseau d’escroquerie en ligne. Près de 150 fonctionnaires de police travaillaient depuis plusieurs mois à cette opération de grande envergure, menée dans l’Hexagone, en Corse et dans les
DOM-TOM. Des actions similaires ont eu lieu en Europe sous l’égide d’Europole.Pourtant, cette vaste campagne n’aurait pas permis, en France, de mettre la main sur les véritables meneurs du réseau d’escroquerie. Les cinquante personnes interpellées seraient en effet ce que la police appelle des
‘ petites mains ‘, ou des ‘ mules ‘. Ces internautes, recrutés en ligne par les véritables escrocs, auraient simplement servi d’intermédiaires. Leur rôle : faire transiter
l’argent dérobé vers les comptes des pirates afin de brouiller les pistes. Des pirates qui font partie d’un réseau international de phishers, des spécialistes du vol de données bancaires.

Sept ans de prison

Leur mode opératoire est toujours le même : ils installent sur Internet, la plupart du temps sur des sites piratés, de fausses pages usurpant l’identité de vraies banques. Objectif ? Inciter les visiteurs à y saisir leurs
données privées, identifiants et mots de passe de comptes bancaires. Une fois les précieux sésames entre les mains des pirates, ces derniers s’empressent de détourner de l’argent.La man?”uvre est classique mais elle a pris une ampleur inhabituelle dans cette nouvelle affaire. Selon la police, elle implique dix-huit agences bancaires (qui ont porté plainte). Ce sont 129 victimes de ces campagnes de
phishing qui ont été identifiées et le préjudice financier se monte à 400 000 euros, au minimum. L’argent était détourné vers l’Ukraine et la Russie par le service de transfert d’argent Western Union et
grâce aux ‘ petites mains ‘ aujourd’hui interpellées. Certains de ces internautes en avaient fait une activité régulière. Ils risquent sept ans de prison pour complicité d’escroquerie en bande organisée.

De fausses offres d’emploi

Au début de l’année, le Clusif (Club de la sécurité des systèmes d’information français) s’alarmait de
ce nouveau phénomène qui implique des internautes peu scrupuleux dans de vastes escroqueries. Leur recrutement s’opère la plupart du temps en ligne, parfois par le biais
d’offres d’emploi. Il y a peu, un courrier signé d’une société fictive du nom de Carroll and Hudson Business Consulting Group proposait à des milliers d’internautes français une rémunération de 2 000 à 3 000 euros
par semaine pour un poste de comptable numérique.La proposition est parfois plus directe. ‘ J’ai reçu un mail me proposant de recevoir de l’argent, confie un internaute, je devais ensuite garder 7 % et renvoyer le reste par Western
Union ou PayPal. ‘
L’opération menée aujourd’hui n’est donc pas seulement répressive. C’est aussi, explique un membre des services de police, ‘ un acte de pédagogie à
l’encontre de ceux qui pensent que gagner beaucoup d’argent sans rien faire est possible légalement ‘.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Damien Bancal