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C’est pas lui, c’est moi

Pour vanter ses mérites, Oracle s’est fait le champion du dénigrement de ses concurrents. Une attitude irritante, qui pourrait un jour se retourner contre l’éditeur.

C’est actuellement la fête à la Nouvelle Orléans, où Oracle tient sa première manifestation consacrée exclusivement aux applications. De la part d’un tel géant, qui a obtenu de Bill Clinton qu’il vienne s’exprimer à la tribune, on s’attendait à des annonces fracassantes, à des initiatives d’envergure. Pourtant, parmi les nombreux communiqués de presse édités à cette occasion, point de scoop. Mais la confirmation à grande échelle de la propension d’Oracle à dénigrer ses petits camarades.Oracle est une entreprise bavarde (déjà plus d’une centaine de communiqués de presse depuis le début du mois de février), et quand elle n’a rien à dire sur ses merveilleux produits, elle parle de ceux des autres. Et ceux des autres, bouh ! ils sont mauvais ! Les autres, ce sont essentiellement ses concurrents directs : SAP, i2, Siebel, IBM et BEA. Pour février seulement, Oracle a éprouvé le besoin de diriger explicitement huit communiqués à l’encontre de ces adversaires, et dans une dizaine d’autres ils sont directement montrés du doigt.La méthode d’Oracle est systématique et infaillible : on commence par faire beaucoup de bruit autour de ses propres produits, même s’ils ne sont pas encore complètement disponibles, et une fois que l’on a saturé le marché, qu’il est devenu une évidence qu’on y était un acteur d’importance (sinon comment aurait-on autant d’aplomb ?), on tape directement sur le point faible, réel ou supposé, du numéro un.Pour inélégant qu’il soit, ce procédé ne manque pas d’efficacité, à en juger par les résultats de l’éditeur. D’autant qu’il plonge les concurrents dans l’embarras, qui en général s’abstiennent de répondre. En revanche, ce silence unanime semble isoler un peu plus Oracle dans le rôle du vilain gros canard de l’informatique. Oracle est le seul à dénoncer ses petits copains, Oracle fait tout tout seul, Oracle a des bonnes notes : à l’école on lui jetterait déjà des cailloux. Pour l’instant, dans le monde de l’informatique, sans avoir damis, Oracle a t oujours évité les brimades. Mais pour combien de temps encore ?Prochaine chronique le jeudi 8 mars 2001

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Jean Baptiste Dupin