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Ces puces qui irritent Cupertino

Fournisseurs des processeurs pour Mac, IBM et Motorola n’ont pas d’yeux que pour Apple.

Pour l’heure, et sans doute encore pour les deux années à venir, d’après les analystes, le sort d’Apple est intimement lié celui des Power PC, la famille de processeurs qui animent toute la gamme Macintosh. Et malgré un optimisme de façade affiché aussi bien par Apple que par ses fournisseurs, Motorola et IBM, les incertitudes demeurent sur l’avenir de ces puces.Officiellement, il n’y a aucune inquiétude à avoir. “ L’usage du Power PC n’est pas limité aux ordinateurs d’Apple, loin de là, explique Paul Clark, directeur marketing de la division dédiée chez Motorola. L’architecture de ce processeur permet de l’utiliser aussi bien au sein d’équipements de réseaux que pour réaliser des circuits de numérisation de la voix. “Moins complexes à réaliser, ces puces sont aussi vendues en plus grand nombre, un même modèle pouvant être utilisé pour diverses applications, notamment dans le domaine de l’informatique embarquée, où Motorola ne cache pas ses ambitions.

Des négociations où Apple ne pèse pas assez lourd

Toutes les nouvelles technologies, comme la téléphonie sur IP, la compression vidéo au format MPEG 4 ou les réseaux à haut débit, vont requérir plus de puissance “, prédit Paul Clark. Un marché en face duquel, malgré les dénégations de Motorola, Apple ne pèse peut-être pas assez lourd. Et c’est justement là où se situe le problème. Les puces en question constituent l’entrée de gamme de l’offre Power PC, le haut du pavé étant tenu par des versions plus élaborées , les Power PC G3 et G4 des ordinateurs d’Apple.De quoi irriter fortement la firme de Cupertino, qui aurait engagé cet automne des discussions avec IBM, codéveloppeur du Power PC. Ce dernier pourrait ainsi passer du rang de fournisseur suppléant à celui de titulaire. Mais, là encore, l’avenir n’est pas certain. IBM a d’autres projets en tête pour son Power PC, qui vient de passer, le 17 octobre dernier, la barre du gigahertz (modèle PPC 750FX).Si tout se passe comme l’année dernière, c’est d’abord la console de jeu de Nintendo, la Game Cube, qui profitera de cette montée en puissance. Au risque de tomber une nouvelle fois en rupture de processeurs pour les Mac, faute d’y avoir attribué des ressources de fabrication suffisantes. Même si la firme de Jobs parvenait à obtenir du fondeur les garanties suffisantes, reste la question de l’évolution de l’architecture. Persuadé que la conception du Power PC G3 a encore de longs jours devant elle, IBM a subi d’énormes pressions pour la faire évoluer selon le souhait de Motorola, préférant s’engager dans la course à la fréquence.

Le prix de l’indépendance

Au bout du compte, il resterait à Apple un nombre limité de solutions pour retrouver, en ce qui concerne sa plateforme matérielle, l’autonomie perdue parce qu’il faut bien appeler un lâchage, même si c’est en douceur. Première hypothèse, qui, pour certains, confine au fantasme : le portage du système Mac sur plateforme Intel. Mais cette transhumance n’aura pas lieu.Apple n’a pas seulement nié aller dans cette direction. La firme aurait aussi pesé de tout son poids pour freiner les tentatives indépendantes de portage ou d’interfaces logicielles destinées à faire fonctionner Mac OS sur un PC. Seconde hypothèse, les observateurs supposaient que la division Power PC de Motorola était à vendre et voyaient bien Apple s’en porter acquéreur.

Bientôt le G5 ?

Ce n’est pas l’intérêt de la société que de se transformer aussi en fabricant de puces “, arrête Tim Barajin, président de Creatives Stratégies. Au pire, Steve Jobs pourrait contraindre Motorola à lui vendre licences et brevets du Power PC pour en confier la fabrication à un tiers. Une issue contestable, puisque l’architecture de la puce cesserait alors d’évoluer. Or cette évolution est un point auquel Jobs semble tenir beaucoup, en tout cas suffisamment pour rester fidèle à Motorola malgré les tensions.Le nouveau portable qu’Apple est censé annoncer cette année, à la différence de l’Imac relooké, sera sans doute encore équipé d’un processeur Motorola, le très attendu G5. Cette nouvelle puce, si elle marque un rapprochement des positions jusque-là opposées d’IBM et de Motorola, ne constitue cependant pas un changement majeur par rapport à la version précédente, de l’aveu même de ses concepteurs.Reste qu’il donne à Apple les deux ou trois années qui lui sont nécessaires pour réfléchir à une nouvelle architecture matérielle. Dans la vallée, les noms dautres fabricants, comme Transmeta, reviennent de plus en plus avec insistance.

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Paul Philipon-Dollet