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Ces “Frenchies” cotés aux US

Les sociétés françaises inscrites au marché américain des valeurs de croissance doivent s’adapter à une culture financière spécifique. Malgré la déprime des cours, elles restent fidèles au Nasdaq.

Avec une baisse de 16 % sur la seule séance du 24 juillet, à la suite de sa première publication de résultats, le baptême du feu est rude pour Genesys. C’est l’heure de l’apprentissage de la culture financière américaine pour le dernier membre du club assez fermé des Français du Nasdaq. Club restreint, mais pas marginal : les sociétés hexagonales sont plus nombreuses que leurs homologues allemandes (9 sociétés) ou italiennes (1). Loin, certes, des contingents japonais (17), britannique (50), ou israélien (80). Mais le poids et l’influence des ” Frenchies ” se renforcent, comme en témoigne la présence de Business Objects dans les dix valeurs étrangères les plus actives sur les six premiers mois de l’année.

La dictature trimestrielle

Faire partie de ces happy few comporte des servitudes. La double cotation sur Paris et New York pèse son lot de charges administratives. Surtout, la réglementation boursière américaine se veut l’une des plus drastique : publication de résultats trimestriels, règle du fair disclosure, qui interdit la divulgation d’informations exclusives, etc. “Cela a été particulièrement contraignant lors de l’introduction. Il fallait tout dévoiler. Ensuite, il y a la dictature trimestrielle, assez délicate dans une activité où les contrats ne s’ajustent pas au trimestre. Mais on s’y fait… Je trouve assez curieux qu’elle ne se soit pas encore imposée aux autorités du Nouveau Marché français “, note Pierre Haren, le président d’Ilog, fournisseur de composants faisant partie des premiers pensionnaires français de la Bourse américaine, depuis 1997.” Les contraintes sont énormes, mais c’est un gage de qualité pour l’actionnaire, confirme Alain Ries, directeur général d’Info Vista. Les normes américaines sont strictes. Nous sommes tenus de passer par les grands noms de l’audit pour certifier les comptes. En tant que société étrangère nous pourrions nous contenter des résultats semestriels, mais nous jouons le jeu. Et, il y a une exigence de communication très forte. Les “road shows” ne suffisent pas. Il nous faut rencontrer la communauté financière régulièrement.“Malgré ces contraintes, l’utilité de la cotation outre-Atlantique apparaît indéniable pour la plupart des sociétés concernées. La démarche répond, au départ, à une volonté de développement sur le marché local. “ La cotation en dollars constitue une monnaie d’échange nécessaire pour des acquisitions, sous forme d’offre publique d’échange notamment. C’est ce qui nous a motivés en priorité. Ensuite, le gain de visibilité et de crédibilité auprès de nos grands clients. Enfin, le fait d’être sur les radars des grands fonds anglo-saxons. Bien sûr, c’est moins plaisant lorsque la Bourse déprime, mais c’est important pour la liquidité du titre“, explique Alain Ries. Info Vista réalise 40 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis, à peu près autant que Business Objects. Un ratio qui va de 3 % chez Wavecom à 50 % chez Ilog.”Avec l’argent levé, nous avons acheté notre principal concurrent américain, quelques mois après notre introduction. Notre inscription au Nasdaq a fait beaucoup pour notre notoriété auprès de nos partenaires, clients ou actionnaires. En fait, je ne regrette qu’une seule chose : ne pas avoir levé plus d’argent [28,6 millions d’euros, en février 1997, ndlr]“, avoue Pierre Haren, qui partage son temps professionnel entre Paris et Moutain View, en Californie. “ Pourquoi ne pas m’installer là-bas ? Au niveau du business, ce serait bien, mais notre R & D est à Sophia-Antipolis. Les quatre principaux managers commerciaux sont en Californie. Mais, Pascal Brandys [PDG de Genset] vit à San Diego et Bernard Liautaud [PDG de Business Objects] est tout à fait américanisé.“Le petit monde des patrons français du Nasdaq se connaît assez bien, et s’estime. Ces contacts vont parfois un peu plus loin que la simple relation amicale. Pascal Brandys siège au conseil d’administration d’Ilog. Info Vista et Ilog ont conclu cette année un accord technologique et commercial de grande ampleur. “Je les connais tous. Dans ma vie professionnelle précédente, comme commissaire aux comptes, j’ai participé aux introductions d’Ilog et de Business Objects“, souligne Deborah Choate, une Américaine devenue… directrice financière de Wavecom.



















































































































































































































































































































 Les treize valeurs technologiques, médias et télécoms françaises cotées au Nasdaq 
 Valeur     Secteur d’activité     Date d’introduction     Capitalisation (en M$)     Variation du 1/01 au 26/07 
                 
 Activ Card     Sécurisation électronique     mars-00     347     -38% 
                 
 Alcatel     Équipementier télécoms     octobre-00     10157     -79% 
                 
 Business Objects     Logiciels e-business     septembre-94     1798     -13% 
                 
 Dassault Systèmes     Logiciels CAO     juin-96     4403     -41% 
                 
 Flamel Technologies     Biotechnologies     juillet-96     27     -73% 
                 
 Gemplus     Cartes à puce     décembre-00     1775     -68% 
                 
 Genesys     Téléconférence     avril-01     300 (1)     -39% (2) 
                 
 Genset     Biotechnologies     juin-96     13     -86% 
                 
 Havas Advertising     Publicité     septembre-00     1604     -32% 
                 
 Ilog     Composants logiciels     février-97     166     -67% 
                 
 Info Vista     Systèmes d’information     juillet-00     71     -82% 
                 
 Transgene     Biotechnologies     mars-98     31     -65% 
                 
 Wavecom     Composants télécoms     juin-99     440     -52% 
 

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Jean-Michel Cedro