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Cachez ce jeu que je ne saurais voir

Les conséquences de la vague d’attentats aux Etats-Unis sont nombreuses et, parfois, inattendues. Le jeu vidéo n’est pas épargné, et tous les éditeurs prennent déjà leurs responsabilités. Enfin, presque tous.

Quinze jours après la tragédie, il est encore difficile d’éviter le sujet. Car c’est maintenant que l’on commence à mesurer l’ampleur des conséquences autres qu’humaines et matérielles.Personne ne peut rester indifférent devant une telle horreur, surtout pas l’industrie du jeu vidéo qui, peut-être plus que d’autres, se doit d’être responsable des images qu’elle diffuse, notamment auprès des jeunes.Les éditeurs savent qu’ils sont inévitablement montrés du doigt dès lors qu’un événement tragique a lieu, et celui-là n’échappe pas à la règle. Par respect et solidarité envers les victimes, ou simplement pour éviter de remuer le
couteau dans des plaies encore béantes, l’heure est à la prudence.A l’instar de plusieurs films en cours de tournage, bon nombre de titres ont vu leur lancement repoussé pour en modifier, voire en retirer, les séquences qui pourraient choquer. Ainsi, Activision a indiqué qu’il retravaillait les décors
de Spiderman 2 : bien que les buildings entre lesquels le superhéros évolue soient fictifs, bien qu’ils n’explosent ni ne s’effondrent, l’éditeur craint que le public ne les assimile aux ex-tours jumelles.D’une manière générale, tous les jeux ayant pour décor New York, ou pour sujet le terrorisme, sont concernés : Majestic, Alerte Rouge 2, Metal Gear Solid 2, Ace Combat 4, Duke Nukem : Manhattan Project…
C’était, je crois, la moindre des choses.Mais un jeu aurait mérité plus d’attention que les autres : Flight Simulator 2002, dont la sortie est toujours prévue pour octobre aux Etats-Unis et pour novembre en Europe. Certes, Microsoft a d’ores et déjà
annoncé que le World Trade Center n’apparaîtra pas dans la version finale et qu’un patch devrait être rendu disponible pour le supprimer de toutes les précédentes.Ce n’est déjà pas mal. Mais je ne peux m’empêcher de trouver cela insuffisant pour un jeu soupçonné, comme on l’a lu et entendu dans les médias, d’avoir participé à l’entraînement des pilotes kamikazes. Certes, les terroristes ont
également fréquenté des écoles de pilotage réelles et celles-ci n’ont pas fermé pour autant.Mais tout de même. Microsoft n’aurait-il pas mieux agi en différant la sortie de son produit sinon définitivement, au moins de quelques mois ? Pour le coup, l’éditeur me donne l’impression dassurer une sorte de ” service
minimum ” cynique, histoire de se donner bonne conscience.* Chef de la rubrique Jeux de Micro HebdoProchaine chronique le mardi 9 octobre 2001

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Stephan Schreiber*