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Avec le Simputer, internet à la portée de tous

Sorte d’ordinateur de poche fonctionnant sous Linux, avec 32 Mo de mémoire vive et un lecteur de carte à puce, cet équipement indien veut permettre l’accès à la technologie pour tous. A un prix défiant toute concurrence.

Croisement entre un ordinateur portable et un assistant numérique, le Simputer, imaginé par un consortium indien, va passer au stade de la production dès le début de l’année prochaine. L’espoir de l’équipe à l’initiative du projet : faciliter l’accès à internet pour les couches les plus défavorisées de la population.Depuis le premier trimestre 2001, le Simputer ?” contraction de simple et de computer?” fait parler de lui. Le concept est né à l’Indian Institute of Science (IIS), à Bangalore, la capitale de l’État indien du Karnataka. Concept autour duquel s’est monté un consortium, le Simputer trust, rassemblant chercheurs de l’université et entreprises dont Encore Software, à l’origine du projet.

Nouvelles technologies pour tous

Les objectifs de ce “simple computer” à l’indienne sont de permettre au plus grand nombre de bénéficier des nouvelles technologies. “Pour faire décoller l’informatique sur le marché domestique, il est essentiel de concevoir une machine dont le prix ne dépasse pas les 200 dollars [225 euros, ndlr] “, insiste Kiran Karnik, président du Nasscom, association indienne des sociétés de services et de logiciels.Le Simputer sera partagé par une communauté et accessible aux illettrés (35 % de la population indienne). L’équipe avait rédigé les spécifications de l’appareil et proposait les licences d’exploitation à 25 000 dollars pour les pays en voie de développement et 250 000 dollars pour les autres.Cependant, tout le monde attendait l’étape suivante, un prototype fonctionnel et le passage en production. C’est chose faite. Encore Software a décidé de se lancer. Le prototype repose dans la main de Shashank Garg, vice-président développement produit.Il ressemble à un PDA (assistant personnel ou Personal Digital Assistant en anglais), et il est en état de marche. Les icônes et les images sont omniprésentes, pour circuler dans les menus, accéder à internet, surfer…“Intuitivement, tout un chacun est à même d’utiliser simplement l’appareil”, explique Mark Mathias, vice-président d’Encore Software. Mieux encore, le Simputer développe l’usage de la parole : une voix synthétique transcrit ce qui se passe à l’écran dans les différentes langues et dialectes indiens. Autant de fonctions gourmandes en puissance.Mais le Simputer n’a rien à envier aux modèles dernier cri sortis sous licence Palm OS ou Pocket PC. Il possède strictement les mêmes composants. Un processeur Strongarm 206 MHz, une mémoire flash de 16 mégabits, une mémoire RAM de 32 Mo.L’économie n’a clairement pas été réalisée sur les possibilités technologiques. Plus fort que la plupart des PDA sur le marché, il possède un lecteur de carte à puce intégré, dont l’objectif n’est pas nécessairement de réaliser des achats en ligne. C’est dans cette carte que le Simputer prend toute sa puissance communautaire, selon Mark Mathias : “L’idée est qu’une communauté ?”un chef de village, une école?” achète le Simputer, qu’ensuite il circule dans le groupe et que chacun utilise sa carte”.À terme, la carte à puce, personnelle, pourra permettre à chacun de stocker ses caractéristiques, ou ses préférences, et donc d’utiliser la machine comme il l’entend.Port USB et modem interne complètent l’engin et rendent possible le raccordement à d’autres périphériques et à internet. Pour l’instant, l’écran à cristaux liquides est noir et blanc mais une version couleur est prévue pour le début de l’année prochaine.À la grande différence des PDA habituels, l’alimentation se fait avec trois bonnes vieilles piles AAA traditionnelles. Cela répond aussi aux problèmes d’énergie des pays en voie de développement. Reste à connaître le niveau d’autonomie de l’engin.

De nombreux pays intéressés

Une centaine d’unités viennent d’être produites pour les phases de test. Des Simputer vont être distribués dans le but de vérifier, sur le terrain, quelles applications vont intéresser les utilisateurs potentiels, la phase industrielle étant prévue pour janvier. “Notre business plan prévoit la production de 50 000 à 70 000 unités la première année pour atteindre un million l’année suivante”, affirme Mark Mathias. Pour encore diminuer le coût, la production est réalisée en Inde.De son côté, le gouvernement essaye d’aider à la réalisation de projets. “Nous sommes en négociation avec des usines de production en Malaisie pour obtenir des coûts encore plus intéressants”, souligne S. Lakshminarayanan, secrétaire général du ministère de l’information et des technologies.Pour assurer des revenus intéressants, cependant, l’équipe vise, outre les ONG, des sociétés pour lesquelles elle développera des applications professionnelles. Des pays aussi divers que la Thaïlande, ceux du continent africain, de l’Amérique latine, voire même l’Espagne ou le Portugal ont manifesté leur intérêt.* Envoyée spéciale à Bangalore

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Agathe Remoué*