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“ Les contenus téléchargeables seront aussi vendus en magasin ”

Entretien avec Pierre Cuilleret président de Micromania, un distributeur de jeux vidéo et de consoles.

l’Oi : Comment a évolué le marché des jeux vidéo ?PC : Pendant longtemps, les jeux vidéo ont été un loisir pour quelques passionnés, souvent des adolescents adeptes de jeux de sport, de course ou de combat. Avec l’apparition des nouvelles consoles Nintendo en 2006, le marché s’est ouvert à un public plus familial et féminin. L’attrait résidait dans une série de jeux beaucoup plus conviviaux, intuitifs et surtout intergénérationnels. Ce phénomène d’ouverture s’est accentué dans les années qui ont suivi avec des consoles de plus en plus accessibles comme la Wiimote, améliorées par la haute définition et la disparition de la manette.l’Oi : La crise économique a-t-elle eu un impact sur ce secteur ?PC : En 2009 et 2010, l’ouverture du marché a marqué une pause, sous le double effet de la crise économique et du ralentissement des innovations. Malgré tout, nous continuons de progresser grâce aux gamers qui sont toujours restés aussi passionnés et viennent partager leur engouement dans nos magasins. Mais la reprise est là, et des innovations vont arriver d’ici à la fin de l’année : les projets Natal pour Xbox 360 chez Microsoft, et PlayStation Move chez Sony, qui vont rendre les deux consoles HD plus intuitives en abolissant l’obstacle de la manette. Quant à Nintendo, il n’a pas dit son dernier mot en dévoilant bientôt une DS 3D (stéréoscopique, Ndlr). Il y a encore de l’avenir dans le jeu vidéo.l’Oi : Qu’en est-il des jeux sur PC ?PC : Le marché est principalement porté par les jeux sur console. Ceux sur PC sont des jeux en ligne et massivement multi-joueurs. Les deux principaux sont World of Warcraft et Les Sims, des simulateurs de vie. Ce n’est pas un manque à gagner pour nous car les joueurs s’en lassent et reviennent à d’autres jeux moins addictifs et plus conviviaux.l’Oi : Les jeux violents créent toujours la polémique. Quelle est votre position ?PC : Nous surveillons de très près les ventes des jeux à caractère violent dans nos magasins. Contrairement à la grande distribution, nos conseillers de vente sont là pour informer et prévenir les clients. Tous les codes PEGI sont parfaitement visibles dans nos rayons et une alerte apparaît sur l’écran du vendeur lorsqu’un jeu marqué 18+ passe en caisse. Il doit alors en informer les parents ou bloquer la vente pour un mineur. L’attraction pour ce type de jeux reste très vive et ils se maintiennent en tête des ventes.l’Oi : Allez-vous continuer à ouvrir des magasins alors que vous avez une boutique en ligne ?PC : Nous avons ouvert près de 40 magasins l’an dernier et, cette année, nous en implanterons pratiquement le même nombre. Devant le foisonnement de contenu, il est important de continuer à créer des lieux qui permettent de partager sa passion, d’être guidé, de vivre des événements. Nos équipes ont un rôle de conseil qui nous semble primordial. Cela vient en complément du site marchand que nous avons développé depuis quatre ans et qui marche fort avec plus d’un million de visiteurs uniques par mois. Nous avons vocation à être un distributeur multicanal et le maillage entre les magasins et le site Internet est très serré. Nous vendrons également bientôt les contenus téléchargeables en magasin.l’Oi : Le marché de l’occasion ne vient-il pas parasiter les ventes ?PC : Le marché de l’occasion est important dans un contexte de crise. S’il n’existait pas, les joueurs passionnés ne pourraient pas s’offrir les nouveaux jeux. C’est un service que nous rendons aux éditeurs et à nos clients. Les éditeurs peuvent ainsi continuer à produire des jeux de grande qualité et les consommateurs à se les offrir en gagnant du pouvoir d’achat. Mais ce n’est pas le marché miraculeux qu’on pourrait imaginer.l’Oi : Quelles vont être les nouvelles tendances ?Les jeux basés sur la musique vont continuer à se développer, le thème du sport demeure une valeur incontournable, les jeux d’aventure, d’action, de guerre et combat restent des piliers. Nous allons aller vers des jeux de plus en plus scénarisés, avec des développements moins linéaires et la possibilité pour le joueur d’avoir des vrais choix de conscience qui conditionnent le déroulement du scénario. Parmi ceux qui inaugurent cette tendance, je citerais Heavy Rain, de David Cage.l’Oi : Les jeux sur téléphone mobile sont-ils très concurrentiels ?Je crois beaucoup à la complémentarité. Les deux vont se développer sans forcément se cannibaliser. Nous pensons que nous avons un rôle majeur à jouer dans la commercialisation de ces contenus additionnels en offrant des expériences de jeu renouvelées. Nos intérêts avec les éditeurs sont convergents et ils auront besoin de nous pour les commercialiser de manière massive. La dématérialisation ne sera pas un modèle de substitution complète.

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Frédérique Crépin