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“ Cloud, mobile et social ”, un nouveau modèle informatique sans serveur

Plus simple, plus rapide, plus pratique, moins cher : le “ cloud, mobile et social ” (CloMoSo) intéresse les petites et moyennes entreprises. Les solutions Saas (Software as a Service) deviennent mobiles, les applications métier extraient des réseaux sociaux l’information utile pour la présenter dans une logique métier…

… A l’incubateur du 27 de la rue du Chemin vert, à Paris, il n’y a aucun serveur. Pourtant, une vingtaine de start up y travaillent. De même, fini les câbles Ethernet : tout le monde se connecte en Wi-Fi avec des portables ? surtout des Mac ?, des smartphones ou des tablettes tactiles. Le matin, chacun débarque avec ses propres appareils mobiles et les remporte chez lui le soir. D’apparence low-tech, ces microentreprises de la génération Y inventent dans le nuage et pour le nuage les technologies et les services de demain. Tout au long de la journée, elles prospectent, communiquent, échangent, structurent leurs idées et leurs projets dans les réseaux sociaux.

Se libérer des contraintes physiques de l’informatique

Comme une traînée de poudre, ce modèle informatique, baptisé CloMoSo (cloud, mobile, social), se généralise dans le monde des très petites entreprises (TPE) et des PME. Il faut dire que du cloud au mobile, il n’y a qu’un pas. Du coup, les services grand public sur internet, comme la banque en ligne, et les solutions professionnelles en mode Saas ont développé des versions mobiles. “ La pratique de cette convergence entre cloud, mobilité et réseaux sociaux s’est considérablement généralisée, explique Olivier Njamfa, co-fondateur d’Eptica, un des leaders de la gestion des courriels entrants, et membre du conseil d’administration de l’Afdel (Association française des éditeurs de logiciels). Lors de réunions, on fait connaissance, on se serre la main et, dans la foulée, on se retrouve sur Linkedin. Plus besoin de cartes de visite ! ” Le phénomène CloMoSo devrait s’accentuer car il affranchit les entreprises de certaines “ souffrances ” (gérer des serveurs, installer une climatisation, mener des projets informatiques, effectuer les mises à jour et les migrations de données…) et accélère le rythme des affaires. Ce modèle va comme un gant aux TPE-PME.Témoin, Romain Chaumais, cofondateur d’Ysance, une société de 80 personnes créée il y a sept ans qui opère dans le conseil en e-business, décisionnel, nuage et big data : “ Nous disposions de serveurs physiques, mais nous n’en avons plus. Nous sommes constamment connectés, soit en cloud soit en mode Saas, dont 30 % en mobilité. ” De son côté, Yasmina Madafi, dirigeante d’Ex-Alto (trois salariés), un cabinet spécialisé dans les stratégies d’influence fondé il y a cinq ans, n’a jamais été équipée de serveurs. A l’instar d’une majorité de patrons de TPE, la comptabilité lui passe au-dessus de la tête ! “ Mon expert-comptable tire le bilan et la liasse fiscale selon les réglementations en vigueur. Mais cela ne m’aide pas à gérer mon entreprise ”, soulève la gérante qui, du coup, recourt à la solution Saas de Small Business Act. “ On m’a installé un scanner ultrarapide relié à mon ordinateur. Tous les matins, je scanne en une à trois minutes mes factures, mes notes de frais, mes relevés bancaires… et je transmets à Small Business Act. ”

Un tableau de bord quotidien complet

En retour, la gérante reçoit chaque matin par courriel, sur son PC ou sur son smartphone, un tableau de bord avec la situation de trésorerie, le tableau des relances clients, celui des frais de fonctionnement, et le compte de résultat avec impôt. Comme dans les grandes entreprises les mieux organisées.Outre la libération des contraintes de l’informatique physique (serveurs, climatisation, réseaux…), le nuage mobile favorise l’adoption des applications dans l’entreprise. “ Plus l’application est accessible par un grand nombre d’appareils mobiles, mieux elle est adoptée et plus elle crée de la valeur ”, constate Romain Chaumais, qui recourt à une palette impressionnante d’applications mobiles en mode Saas. A commencer par Profilsoft, pour gérer les offres d’emploi sur les sites spécialisés et la collecte des CV des répondants (3 000 CV depuis septembre 2011), ainsi que le processus de suivi des candidatures et des entretiens. “ Financièrement, nous nous y retrouvons car cela coûte 300 euros par mois pour dix utilisateurs ”, poursuit le cofondateur d’Ysance qui, pour 50 euros par an, fournit à ses collaborateurs la suite de Google Apps for Business. A savoir une suite bureautique, une messagerie, un agenda partagé et un intranet pour gérer les projets et la gestion des connaissances… A ces services, s’ajoute Google talk pour la visioconférence, la voix, la messagerie instantanée et le partage d’écrans. Ainsi que le service de stockage des données numériques en ligne Dropbox. “ Nous ne pouvons plus nous en passer. Nous y stockons 80 % de nos documents actifs, gratuitement jusqu’à 2 Go de données par utilisateur. Pour la dizaine des plus gros consommateurs, nous payons une formule à 99 dollars par an pour 50 Go. C’est vraiment très pratique ”, détaille Romain Chaumais qui, pourtant, n’a pas choisi la formule d’administration centralisée, jugée excessivement chère (750 dollars par an pour cinq comptes et 1 To de données).C’est clair, les TPE-PME ne veulent pas d’une informatique qui les ruine. D’où le succès d’Easiware ou de SugarCRM (logiciel libre) qui concurrencent le géant américain Salesforce.com, leader du CRM (gestion de la relation client) dans le cloud, en divisant les prix au moins par deux. Surtout, ces solutions font converger les réseaux sociaux dans l’applicatif. Avantage : pas besoin de bien connaître les mécanismes de fonctionnement de Facebook, Google+, Linkedin, Slideshare, Twitter, Viadeo, Xing… car les nouvelles solutions croisent les informations des réseaux sociaux (groupes de discussion, murs, profils…) et les présentent sur le tableau de bord du commercial dans sa logique métier… “ Nous remontons également les revues de presse d’Omneed sur les entreprises pour aider à identifier les opportunités commerciales avec notre partenaire. Ensuite, pour générer des leads, le commercial va chercher dans les réseaux sociaux les personnes qui pourront le mettre en contact avec le prospect idoine dans l’entreprise cible ”, décrit Charles Dolisy, directeur de l’innovation chez Easiware.

Instaurer un climat de confiance

“ La prospection est alors beaucoup mieux qualifiée. Et comme le commercial dispose d’une information plus précise sur le client, il pose les bonnes questions lors du rendez-vous. C’est favorable à l’instauration d’un climat de confiance. Il est en mesure de proposer des ventes additionnelles (up-selling) ou complémentaires (cross-selling) ”, souligne Florent Guibert, président du directoire d’Up&Net (30 personnes), un agrégateur de moyens de paiement pour l’e-commerce créé en 2005 et qui recourt aux solutions d’Easiware.“ Grâce à notre outil de CRM, 50 % de notre prospection provient des réseaux sociaux, renchérit Romain Chaumais qui, pour sa part, utilise SugarCRM. Cette prospection est d’autant plus facilitée que 95 % de nos interlocuteurs se sont créé un profil dans les réseaux sociaux. Plus étonnant : au moins 60 % d’entre eux ne voient pas d’inconvénient à nous mettre en relation avec leurs connaissances. ” Un esprit social serait-il en train de souffler sur les cadres hexagonaux ?

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Erick Haehnsen