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« Acheter des BD numériques doit être plus simple que de les pirater »

L’avenir de la bande dessinée passe-t-il par le format électronique ? Bruno Barberi, chargé de l’édition numérique aux Humanoïdes associés, nous parle de sa vision et évoque le piratage dans la BD.

L’OI-SVM : Lorsqu’il s’agit d’édition numérique, on entend beaucoup parler du livre, mais pas tellement des bandes dessinées. Les Humanoïdes associés ont-ils la volonté d’y mettre le pied ?
Bruno Barberi :
Oui, bien entendu. Il faut savoir que nous avons été parmi les premiers à prendre conscience de l’importance du numérique, et ce dès 1997, avec le lancement de CD-ROM interactifs. En 2008, nous avons lancé sur iPhone des versions animées et sonorisées de certains de nos albums. Une trentaine de titres édités par les Humanoïdes associés sont disponibles sur l’iPad grâce à l’application AVComics, et nous allons bientôt avoir la nôtre, probablement en janvier. Par ailleurs, chaque mois, nous offrons deux albums à consulter gratuitement en ligne.

Selon beaucoup de lecteurs, l’écart de prix est encore trop faible entre un livre numérique et sa version papier (le premier est entre 20 et 30 % moins cher que la seconde). A quel tarif commercialisez-vous vos albums électroniques ?
Nos albums sont vendus entre 4 et 5 euros sur la plate-forme d’AVE ! Comics, alors que nous les vendons aux alentours de 12 euros dans leur version physique. Globalement, pour le numérique, tous les éditeurs de BD alignent leurs tarifs. Il y a donc une vraie différence de prix entre les deux versions. On se dirige peut-être vers un modèle dans lequel les lecteurs achèteront d’abord leurs BD en numérique, et se tourneront ensuite vers les albums physiques comme vers des versions « de luxe ».
On peut aussi envisager des formules par abonnement, la création d’un kiosque numérique avec d’autres partenaires… Nous sommes prêts à essayer tous les modèles ! D’un autre côté, nous devons éviter de nous précipiter sur un marché qui n’existe pas vraiment aujourd’hui, car tout cela a un coût. Combien de tablettes en France ? Est-ce rentable ? A l’heure actuelle, nous n’avons aucune visibilité sur ces questions.

Le livre électronique a mis du temps à démarrer, notamment parce que les éditeurs se méfient du piratage. Qu’en pensez-vous ?
Nos albums sont déjà piratés ! Soit on verrouille encore plus soit on développe l’offre légale en la rendant plus simple. Nous sommes partisans de la deuxième solution. Quand acheter des contenus sera devenu plus simple que de les pirater, nous aurons alors remporté une grande bataille.

A quoi ressemble la tablette idéale pour lire des BD, selon vous ?
Ce serait certainement un iPad, mais équipé d’un écran plus grand d’environ 20 % et avec une résolution plus élevée. Selon les albums et le style d’écriture des auteurs, il arrive parfois que l’on doive agrandir une case pour la lire correctement. Il faut éviter cette solution. Quant à l’encre électronique, elle apporte un confort de lecture indéniable, mais nous ne pouvons nous contenter du noir et blanc. Attendons l’arrivée des liseuses en couleur l’année prochaine !

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Christofer Ciminelli