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À quoi va servir le comité interministériel sur l’IA nommé par le gouvernement ?

Un comité composé de chercheurs, d’entrepreneurs et de membres du gouvernement va travailler pendant six mois pour définir la stratégie du pays en matière d’IA. Il aura la lourde tâche d’évaluer les impacts de cette technologie sur l’économie, sur le travail, sur le monde artistique… mais pas seulement.

Des experts, des hauts cadres français de Meta et de Google, des professeurs et des ministres : voici la composition du « comité interministériel sur l’IA », un groupe de travail public-privé qui sera chargé de définir les lignes directrices de la France en matière d’intelligence artificielle. La Première ministre Elisabeth Borne l’avait évoqué fin août : « Notre objectif, c’est d’abord de maîtriser toute la chaîne de valeur, des algorithmes aux supercalculateurs, d’anticiper aussi les impacts économiques et sociaux, de protéger à la fois les créateurs et les données personnelles ».

Le comité interministériel spécial IA s’est réuni pour la première fois mardi 19 septembre. Ses deux missions principales seront de « veiller à notre souveraineté et protéger nos concitoyens », a précisé la Première ministre Elisabeth Borne sur son compte Twitter. 

Évaluer l’impact de cette technologie, recommander une feuille de route…

Car cette fois, pas question de répéter les erreurs commises lors de la révolution numérique, a expliqué Bruno Le Maire. « Nous devons impérativement maîtriser les technologies de l’intelligence artificielle pour éviter de subir la norme des autres puissances », a-t-il ajouté. Les membres du comité ont six mois pour évaluer l’impact de cette technologie sur l’économie, l’emploi, tout comme ses répercussions sur le droit d’auteur. Ils devront également identifier « des leviers qui nous permettront de devenir des leaders dans le domaine de l’intelligence artificielle », a expliqué Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, mardi 19 septembre. Une dernière partie de leur mission sera de « définir une régulation adaptée des différents secteurs pour protéger des dérives », alors que le règlement européen sur l’intelligence artificielle – ou « AI Act » – est toujours en cours d’adoption au sein de l’Union européenne.  

Cette annonce intervient quelques jours après le premier « plan de licenciement » dû à l’intelligence artificielle de l’Hexagone. Libération révélait qu’Onclusive, une société spécialisée dans la veille médiatique dont les locaux se trouvent à Courbevoie, allait se séparer de 200 salariés,  remplacés… par des systèmes d’IA.

À lire aussi : Une société française lance un plan de licenciement massif sur fond de recours à l’intelligence artificielle

Parmi ses membres : Yann Le Cun, Luc Julia et Cédric O

Le gouvernement a souhaité s’entourer d’« experts de haut niveau » venant du monde de la recherche ou de l’entrepreneuriat, selon les termes du communiqué. Les ministres de l’Économie, du Travail, de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Fonction publique étaient présents lors de cette première réunion du comité. Parmi ses membres, on trouve entre autres Yann Le Cun (qui pilote la recherche en IA chez Meta), Luc Julia (le coconcepteur de Siri, l’assistant vocal d’Apple, aujourd’hui chez Renault), Arthur Mensch, le fondateur de la toute jeune start-up Mistral AI, ainsi que Joëlle Barral, directrice en charge de l’IA chez Google Deepmind.

Gilles Babinet, président actuel du Conseil national du numérique et Cédric O, l’ancien secrétaire d’État chargé du numérique (aujourd’hui au conseil d’administration de Mistral) en font aussi partie.  Alexandra Bensamoun, professeur de droit et personnalité qualifiée au Conseil supérieur de la propriété littéraire et artistique, qui avait été chargée spécifiquement d’une mission sur l’IA et la culture, participera également à ce groupe de travail.

Comment réguler l’IA ? Les gouvernements du monde entier se posent la question

Le comité sera, en plus d’être piloté par la Première ministre, co-présidé par l’économiste Philippe Aghion et par la présidente du conseil d’administration de l’École Normale Supérieure, Anne Bouverot. Il devra rédiger plusieurs rapports qui comporteront des propositions et des recommandations dont le gouvernement pourra s’inspirer. Le premier texte intermédiaire est attendu dès le mois de novembre. En juin dernier, Emmanuel Macron avait déjà annoncé mettre sur la table près de 500 millions d’euros pour que l’Hexagone devienne une place centrale dans la formation et la recherche sur l’IA.

Depuis le lancement de ChatGPT, l’agent conversationnel d’OpenAI en novembre dernier, et la course à l’IA générative qui s’en est suivie, les gouvernements du monde entier s’interrogent depuis des mois sur la façon dont il faut réglementer cette nouvelle technologie disruptive. Les législateurs ont pour l’instant peu régulé le secteur, à l’exception de la Chine qui a déjà émis un ensemble de règles, et de l’Union européenne (UE). Le Règlement européen sur l’IA (ou AI Act) devrait être adopté dans les prochains mois, mais son entrée en vigueur ne devrait pas arriver avant deux ans et demi, au plus tôt.

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Source : Communiqué du gouvernement du 20 septembre


Stéphanie Bascou
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