Passer au contenu

A l’étroit sans l’E3

Comme chaque année, à la même période, Los Angeles accueille le plus grand salon international du jeu vidéo, l’Electronic Entertainment Expo, ou E3 pour les intimes. Mais moi, je n’y suis jamais allé.

Cela doit bien faire dix ans que ce salon existe, et je n’y ai jamais mis les pieds. Et ce n’est même pas volontaire de ma part ; simplement, chaque année, un choix hiérarchique ou un événement extérieur m’en prive. Appelez cela une malédiction, de la malchance, ou tout simplement le destin, peu importe, les faits sont là.Cette situation m’a longtemps pesé. Comprenez-moi : pour un journaliste, rater le plus grand salon qui existe dans sa spécialité, c’est pour le moins déstabilisant. Imaginez un journaliste d’Auto Plus qui n’irait pas au salon de l’auto… impensable !Et puis, j’ai fini par en faire mon deuil. Car après tout, à quoi ça sert, l’E3 ? C’est vrai, tout le monde en parle, la presse spécialisée en fait sa une, les sites Internet vous en proposent un résumé quotidien, quand ce n’est pas heure par heure. Mais saviez-vous que l’E3 est un salon professionnel ? Et que le public y est interdit ?Eh oui, là-bas, on ne se retrouve qu’entre gens du métier. Les fabricants de consoles, de cartes et d’accessoires montrent leurs différents matériels aux développeurs, les développeurs montrent leurs dernières productions aux éditeurs, et les éditeurs montrent leurs dernières acquisitions aux distributeurs. Bref, on y vient pour vendre sa sauce à grand renfort de strass, de paillettes, de musique à fond la caisse, de filles aux trois quarts nues, et de soirées bien arrosées, histoire de se démarquer de son voisin et de se montrer sous son meilleur jour.D’accord, il s’y passe chaque année un événement majeur (par exemple, cette année, c’est Microsoft qui annonce la date de commercialisation de sa Xbox aux Etats-Unis). D’accord, avec un peu de chance, on y croise des stars : Myamoto, papa de Mario et de Zelda, et concepteur de la GameCube ; Dave Perry (Shiny Entertainment) : créateur de MDK, Messiah, Sacrifice… ; ou Peter Molyneux (Lionhead) : inventeur des ” god-games ” (Populous, Dungeon Keeper, Black & White…).Mais à part ça ? Beaucoup de promesses et rien de bien concret. On y annonce une flopée de titres qui ne sortiront pas avant un ou deux ans (au mieux). Ce ne sont que des embryons de jeux, insuffisants pour s’en faire une idée précise.Bref, à l’E3, ni vous ni moi ne nous constituerons notre prochaine collection de jeux. Alors quel intérêt ?
Et tant pis si je passe encore pour un vieil aigri. On verra bien l’année prochaine, quand je rentrerai de l’E3, si j’ai changé d’avis.Prochaine chronique le mardi 5 juin 2001

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Stephan Schreiber