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204 000 fraudes au bureau des pleurs américain

La Federal Trade Commission, qui collecte les plaintes des internautes, publie ses statistiques. Arnaques à la carte de crédit, business véreux, exploitation des naïfs… Les grands classiques explosent en ligne.

L’agence gouvernementale américaine chargée de la concurrence, la Federal Trade Commission (FTC), vient de publier le nombre des plaintes pour fraudes enregistrées l’an dernier auprès des consommateurs : il y en a eu 204 000, soit le double des réclamations de l’année 2000. Il ne faudrait pas croire pour autant que les consommateurs américains sont les victimes d’une explosion alarmante de carambouilles et autres délits. En fait, ils ont plutôt pris l’habitude de mieux signaler leurs misères. Avec l’aide de la FTC, qui a mis à disposition du grand public un site internet et un numéro vert d’appel téléphonique.Une moyenne de 1 700 coups de fil arrivent ainsi toutes les semaines à la FTC, qui, en prime, récupère aussi les plaintes collectées par le National Fraud Information Center, les Canada’s Phonebusters, le Better Business Bureau et autres Internet Fraud Complaint Center…

Dans la poubelle de l’immeuble

Les fraudes les plus communes relèvent du “vol d’identité” : vol de cartes bancaires, de numéro de sécurité sociale, de numéro de comptes bancaires… 42% des plaignants signalent ce type de larcin. Le plus souvent, le truand s’est procuré ces précieuses informations dans les poubelles des immeubles. Les arnaqueurs plus sophistiqués pénètrent dans les banques de données des grandes entreprises, dérobant au passage moult listings de cartes de crédit.Juste derrière cette catégorie de délits arrivent les arnaques spécifiques au réseau des réseaux (soit 10 % du total) et les plaintes informatiques (7 %). “On voit de plus en plus d’activités internet, constate Derrick Rill, le porte-parole de la FTC. Et parallèlement, la fraude suit.” Les consommateurs internautes dénoncent ainsi les mauvaises affaires réalisées lors d’enchères sur le net. Soit ils n’ont pas été livrés en temps, soit ils n’ont pas été livrés du tout. Une autre embrouille, de plus en plus répandue, relève des “frais cachés”. Lorsque l’internaute décide d’essayer les nouveaux services d’un fournisseur d’accès à haut débit, il découvre plus tard une facture très salée et doit payer au prix fort certains services cachés. Et lorsque le client mécontent décide de rompre son contrat, la procédure d’annulation se révèle extrêmement compliquée.Les offres de design ou d’entretien de sites internet sont elles aussi parfois trompeuses. Enfin, les arnaques affectant les investisseurs boursiers en ligne montent en puissance. Pour l’instant, ce genre d’escroquerie ne représente pas plus d’1 % des méfaits signalés à la FTC. Mais les préjudices peuvent être fort coûteux. Les enquêteurs avaient ainsi travaillé en 1996 sur l’affaire “Fortune Alliance”. Un internaute indélicat offrait des placements financiers à hauteur de 250 dollars (284 euros), avec un retour mensuel de… 5 000 dollars. En fait, les premiers gains étaient payés par les mises de nouveaux investisseurs alléchés. La nouvelle de l’argent facile se répandait sur le net, les candidats à l’investissement se multipliaient et l’inventeur de l’arnaque disparaissait. La FTC a mis plusieurs années à récupérer les fonds détournés, cachés dans les coffres de banques installées dans des paradis fiscaux des Caraïbes.Plus récemment, ce type d’arnaque, dite “pyramidale”, est apparu dans l’affaire “Invest Better 2001”. Un jeune “financier” de 17 ans, Cole Bartiromo, offrait aux internautes un retour de 2 500 % sur l’argent placé dans des paris sportifs. Le tout était, promettait-il, “sans risque”. Mille internautes l’on cru et perdu, tous ensemble, 1 million de dollars.Internet favorise ces arnaques de grande envergure en touchant vite de nombreux naïfs. Le voleur, prétendant être un heureux investisseur, raconte sa bonne affaire dans les forums et les salons de discussion de Yahoo. Ou encore, il envoie son offre à des milliers d’adresses électroniques glanées sur le net.

Faire attention à l’identité des sites

Les représentants de la FTC essaient de donner des conseils de bon sens aux consommateurs. Lorsqu’on vous promet des investissements mirifiques, des achats de titres par le biais des banques étrangères, des retours sur investissement hors normes… le site est suspect. Plus généralement, et à tous les acheteurs en ligne, la FTC suggère de fuir les sites n’énonçant pas clairement identité, adresse et téléphone. Une simple adresse sur internet ou une boîte postale sont a priori à éviter. De même, mieux vaut ne révéler son numéro de carte de crédit qu’à des sociétés connues. À bon entendeur…

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Caroline Talbot, à New York