Avec son Yoga Book C930, Lenovo signe l’un des plus étonnants – et des plus déroutants – PC portables de 2019. Cet engin-là innove autant par le look que par ses fonctions. Son petit boîtier gris, incroyablement mince et léger -c775 petits grammes – ressemble plus à un carnet de notes ou un agenda qu’à un ordinateur portable.
Et surprise, cette machine-là est dépourvue de clavier…mais intègre deux écrans tactiles dont l’un, basé sur la techno d’encre électronique E Ink, permet d’afficher un clavier virtuel, comme sur les téléphones portables. L’autre écran, celui du dessus, est une matrice active 10,8 pouces « classique », de type IPS. Grâce à une charnière pouvant pivoter sur 360 degrés, ces deux écrans peuvent être ajustés à angle droit, pour utiliser le Yoga Book comme un PC portable ordinaire, ou rabattus l’un sur l’autre pour transformer la machine en tablette… mais aussi en liseuse électronique ou en table à dessin.
Un seul appareil, quatre fonctions. Le Yoga Book C930 serait-il la bonne affaire de 2019 ? En fait, non, pas vraiment ! L’appareil est incontestablement un bijou de techno et une superbe démonstration de design industriel, mais nous allons voir que ce n’est pas un très bon ordinateur portable, en raison de sa faible puissance et de son niveau d’équipement très en deçà des standards actuels.
Et pourtant il coûte cher, ce Lenovo ! 1000 euros pour la version de base, près de 1500 euros pour le modèle le plus haut de gamme testé ici, équipé d’une puce 4G pour les communications sans fil. Nous sommes tout de même contents qu’à ce prix-là, Lenovo fournisse sa machine avec un stylet, pour écrire ou dessiner directement sur l’écran. Chez Microsoft ou HP, ce fameux stylet est vendu à part, aux environs de 100 euros.
Que vaut vraiment cette machine hors normes ? A qui s’adresse-t-elle ? Voici notre avis, tests à l’appui.
Un boîtier de grand luxe, à la fois élégant, mince et solide
Tout en aluminium, le boîtier se révèle aussi élégant que solide et parfaitement ajusté. La charnière qui réunit les deux écrans, qui a nécessité à elle seule un gros travail de R&D chez Lenovo, est tout aussi bien réalisée, sans le moindre jeu dans l’articulation.
Pour ouvrir la machine, le fabricant chinois ajoute une fonction un peu gadget, mais amusante et originale. Il suffit de « toquer » deux fois sur le dessus du boîtier que le capot se soulève ! Quand ça marche – c’est-à-dire pas toujours -, le système fait son petit effet. Mais c’est surtout par son double écran tactile que le Yoga Book attire la curiosité.
Une dalle IPS en très haute définition, lumineuse et bien contrastée
Pour l’écran principal, Lenovo retient une dalle IPS d’une définition native de 2560 x 1600 pixels. Sous Windows, l’image est réglée avec un zoom à 200% pour une bonne lisibilité des icônes et des menus. Cet écran en haute définition se révèle plutôt bon, avec une luminosité correcte (341 cd/m², d’après nos mesures), un haut niveau de contraste (1445:1) et une bonne homogénéité du rétroéclairage, sans taches claires sur les bords.
En mode tablette, du bout des doigts ou au stylet, on apprécie la réactivité de la matrice active, qui reconnaît 4096 niveaux de pression. Seul petit « souci » à signaler sur ce très bel écran, son revêtement de protection très brillant, typique des dalles tactiles, génère de nombreux reflets. Il est également un peu dommage que ce très bel écran soit encombré d’un large cadre noir, alors que la tendance, sur les ultraportables, est plutôt aux bordures extrafines.
Ecran E Ink : très bien pour lire ou dessiner, mais pas pour taper
Si nous sommes emballés par l’écran IPS du Yoga Book, la dalle E Ink nous laisse un peu sur notre faim, du moins lorsqu’elle sert de clavier virtuel. Lorsque cette fonction est activée, la disposition et la forme des touches qui apparaissent sur l’écran correspondent bien à celles d’un clavier mécanique classique, mais la « frappe » est nettement plus lente et laborieuse, surtout au début. Il faut pas mal de temps pour s’habituer à ces « touches » qui ne s’enfoncent pas !
Lenovo compense en partie ce problème avec un système de retour haptique (une vibration des touches lorsqu’on appuie dessus), mais ce clavier virtuel ne vaut pas un bon clavier mécanique pour les longues séances de travail sous Word ou Excel. Bon point quand même pour le lecteur d’empreinte digitale, dans le coin supérieur droit du clavier virtuel, qui permet de déverrouiller une session Windows sans saisir de mot de passe.
L’écran à encre électronique se révèle en revanche très agréable pour lire des fichiers PDF ou des ePub, le format de livre numérique que le Yoga Book supporte depuis quelques semaines. Il suffit d’activer le mode liseuse depuis le menu de l’écran E Ink puis d’ouvrir le livre via l’explorateur de fichiers qui apparaît alors. Le confort visuel est vraiment excellent, grâce à la douceur d’affichage propre à l’encre électronique mais aussi à la haute définition de l’écran (1920 x 1080 points).
Le menu permet aussi d’exploiter la dalle E Ink comme une petite table à dessin, avec des options assez géniales. Il est ainsi possible d’afficher une capture d’écran de la dalle principale – une photo, une page Web, une vidéo… – sur l’écran E Ink pour l’annoter. Au stylet, on peut aussi dessiner ou écrire sur la dalle E Ink – en noir et blanc uniquement ! – puis envoyer son dessin ou sa note sur l’écran principal de la machine, d’un simple copier-coller.
Un équipement et des performances indignes du haut de gamme
C’est bien gentil, le dessin et la lecture de livres en epub, mais que vaut le Yoga Book pour bosser sous Windows ? Hélas, le bilan n’est ici pas très bon, la faute à un trop petit moteur et à une configuration globalement indigne d’une machine aussi chère. Rappelons que nous testons ici le modèle le plus haut de gamme des trois Yoga Book C930 commercialisés en France, qui coûte la bagatelle de 1499 euros.
Evidemment, il est impossible d’intégrer un très gros processeur dans un boîtier aussi mince et léger. Mais Lenovo aurait quand même pu trouver mieux qu’une vieille puce à double cœur Intel Core i5-7Y54 de 7ème génération (Intel en est aujourd’hui à la neuvième…). Cette puce est tout juste bonne pour les tâches bureautiques et multimédias basiques. Sans surprise, le Yoga Book C930 se classe dans le bas du classement de nos tests de performances générales (sous PCMARK 10), devant la version de base du MacBook Air 13 pouces de 2018, qui était une déception sur ce point.
Ce qui est vraiment inadmissible, c’est que la puce d’Intel soit aussi mal entourée sur une machine à près de 1500 euros. Le Yoga n’intègre ainsi que 4 Go de mémoire vive DDR3 et 256 Go de stockage en SSD. On se console un peu avec les nombreux modules de communication : le Yoga Book haut de gamme s’offre du Wi-Fi 5 (802.11ac), le Bluetooth (4.2) et la 4G.
Les versions plus « économiques » du Yoga Book sont encore plus mal équipées. Le modèle à 999 euros embarque un processeur Intel Core i3 d’entrée de gamme, 4 Go de mémoire et un SSD de seulement 128 Go. Attention, ce modèle est fourni sans stylet ! Un autre modèle, à 1399 euros, est équipé du même moteur que le modèle testé ici (puce Core i5, 4 Go, 256 Go sur SSD) mais il est privé de puce 4G.
Sur les trois versions de la machine, la connectique se révèle plutôt indigente, avec seulement 2 prises USB-C (Gen 3.1) et un lecteur de carte microSD. A défaut de prises réseau ou HMDI, Lenovo aurait quand même pu ajouter une sortie casque !
Autonomie : pas plus de 6 h 13 minutes d’utilisation continue
Lenovo annonce une autonomie de 10 heures d’utilisation continue pour son Yoga Book, équipé d’une batterie Li-ion de 4650 mAh. Mais, d’après nos tests, l’autonomie est nettement plus basse… et un peu décevante pour un ultraportable. Le Yoga Book C930 n’a pas tenu plus de 6 heures et 13 minutes au cours de notre test d’autonomie «polyvalente », qui simule divers usages, dont une utilisation bureautique et multimédia modérée.
Ici encore, le Yoga Book C930 se place assez mal dans notre classement d’autonomie des portables, loin derrière d’autres machines hybrides comme le Spectre X360 de HP (9h24) ou le Surface Laptop 2 de Microsoft (9h36). Les grands champions de l’autonomie sont toujours le XPS 13 de Dell (12h23) et le MacBook Pro 13 pouces (14h24).
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