On s’en faisait une joie. La maison, ensoleillée, était parée de couleurs vives, de ballons à son nom, des guirlandes et décorations de bienvenue pendaient joyeusement aux fenêtres, tout était prêt pour l’accueillir. Notre vieux MacBook Air (2011, tout de même) entrevoyait enfin une retraite méritée. Et comme au ralenti, l’impensable est survenu. Tout d’abord, nous avons vu son prix, en espérant que nos tests le justifieraient. Puis, nous l’avons testé.
La notion d’effort…
Faisons la part des choses entre nos envies (un peu folles) et ce qu’on pouvait réellement attendre pour se contenter d’un constat le plus neutre possible.
On aurait aimé qu’Apple sorte de sa léthargie avec la volonté d’en découdre et de remettre les pendules à l’heure. Il faut dire que depuis la dernière grosse mise à jour du MacBook Air, le marché des PC a beaucoup évolué. Au point que ses meilleurs concurrents peuvent désormais prétendre jouer des coudes avec Apple au niveau du design et des configurations. Les acteurs classiques du marché ne se contentent plus de lui mordiller les mollets, ils courent à ses côtés. Un nouvel équilibre des forces qui devient encore plus intriguant quand on fait entrer les nouveaux géants chinois dans la danse. Peu réticents à copier éhontément, ils donnent l’impression de faire presque aussi bien et compliquent ainsi le marché et la donne, tout en cassant les prix.
C’est dans ce contexte, où on attendait un MacBook Air fort et au tarif agressif, qu’Apple a accouché d’une belle machine, extrêmement conservatrice et sans innovation inattendue.
Comme si la firme de Cupertino croyait encore pouvoir justifier son relatif immobilisme et ses prix traditionnellement élevés avec sa sainte trinité : un excellent macOS, une intégration quasi parfaite et la réputation d’une durabilité hors norme.
L’excellence d’un design en entre-deux
De fait, quand on prend en main le MacBook Air, comme nous l’avions fait lors de notre brève rencontre, tout semble là pour emporter notre suffrage.
Le design tout d’abord est un excellent compromis (sans prise de risque) entre celui, « nouveau », des MacBook Pro et celui du MacBook Air précédent.
Si on ne regarde pas trop les petits tours de force que produit la concurrence, on ne peut que s’enthousiasmer pour sa finesse et pour son poids allégé.
La finition est comme toujours irréprochable, et l’argument de l’aluminium recyclé ne peut que plaire, puisqu’il ne change rien à la qualité générale du produit.
Dans ce boîtier de MacBook Pro 13 pouces affiné, on retrouve la connectique un peu famélique, à savoir deux ports Thunderbolt 3 au format USB-C. Faites une croix sur l’USB-A et sur le lecteur de carte SD.
Tout un savoir-faire
On retrouve aussi la dernière génération de clavier « papillon ». Certains aiment. D’autres non. En l’occurrence, nous sommes conquis depuis longtemps. La course courte, ferme et parfaitement équilibrée assure un confort et une vitesse de frappe rarement égalés. Le clavier de ce MacBook Air (et son trackpad) est aussi bon que celui du MacBook Pro et peut-être même meilleur. Pourquoi ? Parce qu’Apple ne nous impose pas sa Touch Bar, qui n’arrive toujours pas à obtenir notre suffrage et prend de plus en plus des allures de tentatives ratées d’éviter l’écran tactile. Pas de Touch Bar, donc, mais un capteur Touch ID malgré tout.
L’outil biométrique fait en sorte qu’il ne soit plus nécessaire de saisir son mot de passe systématiquement, l’empreinte d’un doigt suffit. La technologie est éprouvée, elle fonctionne à toute vitesse. Cependant, on aurait préféré voir arriver Face ID, comme c’est le cas sur les iPad Pro. La reconnaissance faciale via la « webcam » assurerait une utilisation encore plus fluide.
En tout cas, la présence de Touch ID implique qu’Apple a glissé une puce T2 dans ce MacBook Air. Elle va donc se charger, comme sur les MacBook Pro, de sécuriser le boot de la machine, de gérer le chiffrement des données, etc. Une très bonne nouvelle pour les utilisateurs désireux de sécuriser leur machine.
Retina… enfin
Dernière nouveauté cruciale, l’écran Retina. Enfin, le MacBook Air y a droit. Pour l’occasion, les bordures de la dalle ont fondu, à la manière de celles des MacBook Pro. Ce n’est donc toujours pas du bord à bord, mais on s’en approche. La disparition du cadre en aluminium contribue grandement à laisser respirer le regard et à apporter un grand confort visuel.
Si la dalle du MacBook Air est un peu moins lumineuse que ce à quoi nous a habitué Apple, le contraste offre une belle lisibilité aux images, textes et vidéo. Les couleurs sont également belles et fidèles à la réalité. Le Delta E mesuré est en effet très bon.
Certes, cette dalle Retina n’est pas la meilleure jamais croisée et elle n’offre pas les technologies les plus avancées mises au point par Apple (P3 et True Tone, notamment) mais elle aurait pu à elle seule valoir qu’on saute le pas, s’il n’y avait pas la suite…
Quand la série Y vire à la série Z
Tout a commencé avec des temps de chargement un peu plus longs que sur le MacBook Pro 13 pouces (modèle 2016, sans Touch Bar) que nous utilisons au quotidien. Puis sont venus des accès surprenant de ventilation dès le transfert de nos outils de tests sur le MacBook Air.
Les MacBook Air, en bons ultra portables, ont toujours eu cette propension à souffler quand on les fait souffrir, mais pas pour des besognes aussi rudimentaires.
Il faut dire qu’avec son Core i5-8210Y à 1,6 GHz, le MacBook Air 2018 n’est pas aidé. Et Apple n’a d’ailleurs pas prévu d’autres processeurs en option comme c’est d’habitude le cas. Jusqu’à présent, dans les MacBook Air d’Apple, on trouvait des processeurs de série U, qui offrent une basse consommation mais des performances honnêtes. La série Y mise sur la basse consommation et ne vaut guère mieux que les Core m, ceux qu’on retrouve dans les MacBook 12 pouces.
De fait, le MacBook Air 2018 reluque plus du côté du MacBook que du MacBook Pro. En conséquence de quoi son processeur manque nativement de souffle et s’avère rapidement à la peine. Problème, quand il souffre, il chauffe et quand il chauffe, il throttle. Sa fréquence de fonctionnement tombe alors durablement pour zoner aux alentours du giga hertz. Dès lors n’espérez plus grand chose de lui.
Nous avons d’ailleurs même assisté lors de nos tests à une première, nous semble-t-il, depuis le temps que nous testons des Mac : un plantage pour cause de surchauffe et d’épuisement de la machine.
Mais ne soyons pas que négatif. Au quotidien, pour écrire, surfer, écouter de la musique, regarder des vidéos, faire quelques montages rapides en HD (la 4K est une toute autre histoire) et manipuler sommairement quelques photos pas trop lourdes, le MacBook Air donne le change. Le problème est qu’on atteint rapidement ses limites. Ce qui fait nous inquiéter pour l’avenir d’une part et pour la relative polyvalence historique des MacBook Air, d’autre part. Là où on espérait un MacBook Pro allégé, on a droit à un MacBook alourdi. Dommage.
Pour faire court, en comparant les résultats de Geekbench, ce MacBook Air est 18% plus performant que le MacBook Air 2015 – nous n’avions pas pu tester le modèle mis à jour l’année dernière. Mais seulement 5,24% plus rapide que le MacBook 12 pouces de juin 2017. Une machine qui nous faisait dire qu’elle offrait enfin un peu plus que le minimum vital. Pas de quoi sauter au plafond…
Le SSD de 128 Go ne mérite pas d’exister
En a-t-on fini avec les déconvenues ? Non. Restez, nous avons une dernière mauvaise nouvelle. Le MacBook Air 2018 à 1349 euros n’existe pas. Bien sûr, il est vendu sur l’Apple Store et un peu partout ailleurs. Mais, en 2018, acheter une machine avec 128 Go revient à devenir propriétaire d’une Traban pour son aérodynamisme et sa reprise en seconde. C’est une aberration !
Au sortir du carton, un disque de 128 Go ne laisse qu’un peu plus de 105 Go d’espace libre. Si vous souhaitez en faire une machine de production ou votre ordinateur principal, laissez tomber. Vous pourrez retourner le problème dans tous les sens, jouer du Cloud et optimiser le stockage en permanence, le MacBook Air qu’il vous faut embarque 256 Go et coûte donc tout près de 1600 euros.
Une fois cela dit, que vaut-il ce SSD si étroit ? Le résultat est assez surprenant, mais vérifié à plusieurs reprises et avec différents outils. La vitesse en écriture est franchement basse par rapport à ce qu’offrent habituellement les portables d’Apple. D’ailleurs, ce SSD est en l’espèce plus lent que celui du MacBook Air 2015. En lecture, en revanche, les choses reviennent à la normale et le modèle 2018 supplante son aîné.
Il n’atteint toutefois pas les sommets définis par les MacBook Pro – mais difficile de le reprocher puisque ce n’est pas une machine professionnelle. En revanche, il fait globalement mieux que les MacBook.
Sauvé par l’autonomie ?
Une fois qu’on a fini de pleurer sur les performances décevantes de ce MacBook Air, on se dit qu’on va pouvoir sécher nos larmes grâce à une autonomie digne des rois. Historiquement, cette gamme d’ultra-portables a toujours placé la barre haut dans ce domaine.
A l’usage, la batterie tient suffisamment pour qu’on puisse oublier de la charger entre deux réunions ou deux trajets en train. On approche alors de la journée de travail.
Pour mettre un chiffre précis sur son endurance, on se tourne évidemment vers nos tests d’autonomie polyvalente qui simulent un usage quotidien relativement intensif.
Comme le montre le tableau ci-dessus, le MacBook Air 2018 est en léger retrait par rapport à ses aînés. Une différence qui pourrait s’expliquer par la présence de la dalle Retina bien mieux définie.
D’autant que notre autonomie en lecture vidéo affiche une perte moindre. Le MacBook Air 2018 tient ainsi 8h13 contre 8h34 pour le modèle 2015.
Autrement dit, l’autonomie de ce MacBook Air reste honnête, supérieure à celle du MacBook mais très en deçà de celle du MacBook Pro 13″.
Néanmoins, au vu des performances légères et de la consommation générale vraiment inférieure (30,6 W en charge, contre 38 W sur le MacBook Air précédent et 8,2 contre 17,4 W au repos), on se prend à penser qu’on aurait pu avoir plus d’autonomie…
Pour qui ? Pour quoi !?
Vient alors une question habituelle. Pour qui est ce MacBook Air ? La première réponse est simple : seulement pour les aficionados d’Apple. Ceux qui n’ont pas d’intérêt particulier pour macOS, peuvent continuer leur chemin. Ce n’est pas avec ce MacBook Air, et surtout à ce tarif, que les équipes de Tim Cook peuvent prétendre attirer le « switcher ». Il leur donnera trop peu, pour trop cher, en comparaison de ce que des ultra portables PC promettent et offrent réellement.
Les réponses suivantes sont un peu plus complexes. Avant de rentrer dans le détail, précisons que cette complexité souligne en fait une constatation attristante pour qui aime les produits Apple. On ne choisit plus un Mac parce que c’est celui qu’on veut mais parce qu’on ne veut pas l’autre modèle. Le choix se fait par dépit et non par engouement.
Quoi qu’il en soit, ce MacBook Air pourrait séduire ceux qui veulent un écran plus grand que ce qu’offre le MacBook et également un sursaut de puissance. Sans parler de la présence du Touch ID qui est un petit plus non négligeable.
Et pour ceux qui ont un vieux MacBook Air ? Tout dépendra de l’importance accordée au poids et aux performances. Si vous aimez voyager au plus léger, que vous ne voulez pas abandonner les 13,3 pouces et que la puissance limitée vous convient, allez-y, vous serez conquis.
En revanche, s’il vous faut parfois un peu de puissance et que quelques grammes ne vous chagrinent pas, nous aurions tendance à vous recommander le MacBook Pro 13 pouces sans Touch Bar. Avec 256 Go de stockage, il est certes plus cher, à 1749 euros, mais c’est un ultra portable à l’autonomie et aux performances solides, malgré son Core de 7e génération.
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