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Y a-t-il un flic pour sauver l’e-courtage sud-coréen ?

Au pays de l’internet roi, les transactions online représentent plus de la moitié des opérations boursières. Mais une fraude d’envergure est venue instiller le doute dans un système où la réglementation fait défaut.

On le sait, la Corée du Sud est le pays du net. On n’y compte pas moins de 25,6 millions d’internautes réguliers, soit 53 % de la population. Parmi les 14,5 millions de foyers abonnés auprès d’un fournisseur d’accès, 9,2 millions bénéficient du haut débit. L’instantanéité d’internet a séduit de nombreux boursicoteurs. Gérer son portefeuille via la toile est logiquement devenu l’une des activités préférées des Coréens. En 1998, un an après la modernisation de la Bourse de Séoul, à peine 1,9 % des opérations étaient réalisées via internet. L’année dernière, ce chiffre est passé à 52,3 %.

Plus rapide, moins cher

L’attrait de l’e-bourse s’est confirmé lors du premier semestre 2002, puisque 51 % des 2,66 millions d’opérations boursières ont été réalisées en ligne. “C’est plus facile, plus rapide et moins cher”, avoue Yoon Yong-Nam, gérant de portefeuilles de 5,08 millions de comptes boursiers virtuels. Outre la rapidité des interventions, les actionnaires sont sensibles à la baisse du montant des commissions, qui peuvent descendre jusqu’à 0,025 % des sommes engagées contre 0,5 % au tarif général des sociétés de Bourse traditionnelles.Pour ne pas être dépassées par cette mode et tenter d’en tirer profit, les maisons de titres sud-coréennes s’adaptent à leur nouvelle clientèle. Celle-ci est composée de petits actionnaires qui veulent profiter des faibles coûts des opérations pour grignoter des gains sur la moindre variation de valeur. Selon le cabinet d’étude Korea Economic Daily, les 48 maisons de titres que compte la Corée du Sud dépenseraient entre 8,49 et 16,98 millions d’euros pour améliorer et développer leurs systèmes de Bourse à domicile. D’autant qu’“en raison de l’attrait du faible coût, les actionnaires effectuent de plus en plus d’allers et retours sur les valeurs”, note-t-on à la banque Samsung Securities.Mais l’engouement pour le réseau des réseaux a ses limites. L’épisode Delta Information & Communication prouve que la sécurité du système sud-coréen est loin d’être fiable. Il y a trois semaines, un investisseur a vendu 5 millions d’actions de l’entreprise en question pour quelque 2,19 millions d’euros en piratant un compte ouvert par le courtier local Hyundai Investment & Securities. Dans le même temps, un employé de Daewoo Securities, aujourd’hui en fuite avec sa famille, a fait acheter 4 millions de titres Delta Information & Communication après avoir piraté plusieurs comptes du courtier depuis un cybercafé. Les enquêteurs estiment que des investisseurs ont voulu vendre les actions dont le cours avait atteint 5 640 wons (4,75 euros) à la mi-juillet contre 1 000 wons en juin suite à des rumeurs de fusion et d’acquisition.

Un précédent fondateur

Pour la première fois, le compte d’un investisseur institutionnel a été violé. La Bourse coréenne pèche par son déficit de réglementation. Les sociétés de Bourse n’ont pas enclenché le système d’autorisation électronique qui oblige tout client à s’identifier de manière plus complète que par un simple code daccès.La Corée du Sud est peut-être reine de la Bourse en ligne, mais la vulnérabilité de son système laisse encore de beaux jours devant eux aux courtiers en chair et en os.*à Séoul

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Tristan de Bourbon*