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Votre passeport informatique, SVP

Le passeport de compétences informatique européen commence à faire des émules en France.

On les appelle “coûts cachés” : difficultés à ouvrir un document, incapacité à intégrer des fichiers joints à un courrier électronique, problèmes d’impression ou recours infondés à la hotline, sont autant de manipulations qui font perdre du temps inutilement aux salariés… et de l’argent à l’entreprise. En 2001, le cabinet Cap Gemini évaluait pour le compte d’un organisme norvégien à trois heures par semaine et par employé le temps ainsi gaspillé à résoudre des problèmes informatiques mineurs, soit pour une société de 200 utilisateurs de PC près de 853 000 euros de pertes financières.Pas exactement une broutille…“Les entreprises ne peuvent plus se permettre de laisser les salariés bidouiller leurs ordinateurs : elles doivent s’assurer qu’ils disposent de compétences minimales, les mêmes pour tous”, martèle Jennifer Penna, responsable marketing et commercial d’Euro-Aptitudes, opérateur exclusif en France du Passeport de compétences informatique européen (PCIE).Mis en place en 1996 par le Conseil européen des associations professionnelles des technologies de l’information, ce système d’évaluation et de validation des aptitudes en bureautique et informatique de base ?” traitement de textes, utilisation de tableurs et de bases de données, gestion de la messagerie, etc. ?” a été adopté, depuis, par quelque 70 pays. 2,3 millions de candidats dans le monde l’ont passé, 500 000 pour le seul Royaume-Uni mais seulement 40 000 en France. Un retard expliqué par le déficit d’information dont il fait encore l’objet, et par l’absence de support étatique encore récemment : le ministère de l’Industrie a officiellement accordé son soutien au PCIE en mai 2002, et Laurent Sorbier, conseiller technique pour la société de l’information à Matignon, a reçu les dirigeants d’Euro-Aptitudes le mois dernier. “Nous lui avons proposé de faire passer ce test à tous les fonctionnaires, et de le populariser auprès des demandeurs d’emploi”, détaille Jennifer Penna.

Évaluer les lacunes

En attendant, la jeune femme démarche organismes de formation et entreprises : 280 établissements sont déjà agréés “centre PCIE”?” et s’acquittent d’une licence ?”, dont seulement une dizaine d’entreprises. Parmi elles, Renault, Unibail, Crédit lyonnais ou encore Cofiroute. Pour le gestionnaire des autoroutes A10, A11, A 81, A71, A 85 et A 28, “le PCIE a permis d’unifier les pratiques des utilisateurs d’ordinateurs, et de moderniser la société, engagée depuis 2000 dans une démarche communicante”, dixit Isabelle Debuire, chef du département Entreprise communicante-organisation bureautique. 350 salariés de l’administratif, de la secrétaire au PDG, ont passé le test deux fois : une sorte d’examen blanc, début 2000, pour évaluer l’ampleur des lacunes, et un “vrai” test en juin 2002 pour mesurer les progrès et certifier les bons élèves. “Entretemps, nous avons mis en place de la formation en ligne pour préparer les salariés”, explique Isabelle Debuire. Au final, 40 % des candidats ont été reçus, contre 20 % en 2000. Suffisant ? “La bureautique n’était vraiment pas notre fort ! On revient de loin”, estime-t-elle. L’expérience pourrait prochainement être généralisée au 650 utilisateurs de PC… si le management ne s’y oppose pas. “C’est le principal frein : les [personnels d’encadrement] aussi sont évalués, et sont inquiets à lidée de présenter des résultats moins bons que leurs troupes.” Pour le plus grand plaisir des assistantes…

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Sophie Janvier-Godat