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Vers une interdiction des portables dans les écoles primaires

Le rapport issu du « Grenelle des ondes » préconise de timides mesures pour limiter l’impact de la téléphonie mobile sur la population.

Le « Grenelle des ondes », chargé de plancher sur l’impact des radiofréquences sur la santé et l’environnement (1), a remis ses conclusions ce lundi 25 mai aux ministres de la Santé, de l’Economie numérique et de l’Environnement. Sans surprise, le rapport n’apporte aucune réponse quant à la dangerosité éventuelle de la téléphonie mobile sur la population. De fait, il se limite à quelques recommandations, qui devront être reprises par les différents ministères puis par le Parlement pour avoir une chance de se concrétiser un jour.

L’une d’entre elles a d’ores et déjà le soutien affiché de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, et Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d’Etat à l’Economie numérique : interdire l’utilisation des téléphones portables dans les écoles primaires. En l’absence de certitude scientifique sur l’impact des ondes électromagnétiques émises par un appareil sur son utilisateur, le Grenelle a retenu le principe de précaution vis-à-vis des enfants.

Des forfaits 100 % SMS et des téléphones à oreillette

L’interdiction ne concernerait que les écoles primaires, pas les collèges, et seule l’utilisation du téléphone serait prohibée, pas sa détention. « Les parents ne le voudraient pas… », a affirmé Nathalie Kosciusko-Morizet lors d’une conférence de presse. Le Grenelle des ondes suggère également d’interdire la vente des appareils visant spécifiquement les enfants et les publicités mettant en scène des jeunes de moins de 12 ans avec un mobile à l’oreille. Rien de bien nouveau puisque ces mesures figurent déjà dans le projet de loi « Grenelle 2 » sur l’environnement, bientôt discuté au Parlement.

D’autres recommandations visent à limiter le degré d’exposition des utilisateurs aux émissions des portables, comme la vente d’appareils utilisables uniquement avec une oreillette ou la création de forfaits… sans voix. « Nous allons demander aux opérateurs de proposer des forfaits “SMS exclusive” », a précisé la secrétaire d’Etat au numérique. L’affichage du “débit d’absorption spécifique” (degré d’émission reçu par l’utilisateur) va par ailleurs devenir obligatoire sur les points de vente, grâce à un décret attendu d’ici à quelques semaines.

Déception des associations

Aucune mesure visant à limiter l’émission de radiofréquences pas les antennes-relais, jugées sans risque par l’OMS (Organisation mondiale de la santé), n’a en revanche été consignée. Au grand dam des associations comme Priartém (2), Agir pour l’environnement ou Robin des Toits, qui réclamaient une baisse des seuils d’émission. Le rapport prévoit toutefois la mise en place d’expérimentations, avec émissions à faible exposition (0,6 V/m), dans des villes pilotes (Courbevoie et Hérouville Saint Clair). Elles pourraient démarrer dès l’été.

« Nous sommes déçus et en colère, a réagi Janine Le Calvez, présidente de l’association Priartém, après la présentation du rapport. On enfonce des portes ouvertes et ces quelques mesures seront encore rabotées avant, peut-être, d’être mises en oeuvre ! ». Priartém et d’autres associations ne participeront pas au comité chargé de suivre l’application des mesures retenues dans les mois à venir. Seule la publication, en septembre prochain, d’une étude scientifique de l’Afsset (Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail) sur les effets des ondes électromagnétiques leur donnera peut-être de nouveaux arguments pour revenir à la charge.

(1) Le « Grenelle des ondes » a réuni une cinquantaine d’organisations (opérateurs mobiles, associations de consommateurs, élus…) au cours de six tables rondes organisées du 23 avril au 25 mai.
(2) Priartém : pour une réglementation des implantations d’antennes relais de téléphonie mobile.

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Julie de Meslon