Passer au contenu

 Une IA développée par Facebook a cartographié toute la population latino-américaine et africaine

Le réseau communautaire a mis en ligne des cartes ultra précises de la densité de population par pays en Amérique latine et en Afrique, parents pauvres de la cartographie planétaire. Un outil utilisé autant par les ONG que les chercheurs.

Facebook savait déjà tout de ses utilisateurs. Aujourd’hui, l’entreprise est capable de localiser l’ensemble de la population en Amérique latine et en Afrique -même sans compte Facebook. Grâce à une intelligence artificielle maison, le réseau communautaire a publié, mardi 11 juin, plusieurs cartes en très haute définition de la densité de population latino-américaine. Cette collection, inscrite dans le giron de son département Data For Good, complète la cartographie déjà générée sur le même modèle des populations africaines, le 20 mai dernier.

Un précision à 30m2 près

Pour chaque pays, plusieurs cartes sont disponibles. D’abord, une carte à vocation générale de la densité globale de la population (à 30m2 près). Les données sont récentes puisqu’elles datent d’octobre 2018. Le set de cartes se décline ensuite plus précisément avec, par exemple, le nombre d’enfants de moins de 5 ans selon leur position géographique, mais aussi celle des femmes en « âge de procréer », ou encore des individus de plus de 60 ans. Un panorama exhaustif de l’état de la démographie des deux continents. 

Capture d’écran Humanitarian Data Exchange – La population de plus de 60 ans du Mexique en 2019, selon la projection de Facebook.

9,8 milliards d’images analysées

Comment cartographier autant d’information ? La collecte de données n’a rien à voir avec les données récoltées via les profils Facebook. En fait, l’IA a stocké, traité, croisé les images satellites et des données de recensement général de chaque territoire. Au total, le système a analysé plus de 9,8 milliards d’images pour l’ensemble du continent latino-américain. Les équipes de Facebook se félicite de la prouesse technologique : « La machine a identifié 94 millions d’édifices en quelques jours », peut-on lire dans le bulletin officiel à propos de l’Amérique latine.

Résultat ? Une très haute résolution d’image, synonyme d’une grande précision géographique. Si ces cartes sont « trois fois plus précises » que toutes celles qui existent déjà, c’est parce qu’elles sont le fruit de deux ans de travail. Au départ, en collaboration avec l’université de Columbia, l’équipe du projet avait pour objectif principal l’amélioration de la connectivité dans des territoires peu représentés, et donc isolés des réseaux. Puis, les cartes ont été enrichies par le programme « Missing maps », une plate-forme collaborative en open source, créée par la Croix Rouge par des bénévoles partout dans le monde.

Outre leur très haute résolution d’image, un des avantages de cet outil reste son accessibilité. L’ensemble des travaux sont effectivement accessibles en Open Source sur la plate-forme Humanitarian Data Exchange

Facebook, le meilleur ami des ONG et des chercheurs ? 

Facile d’accès, cette base de données a déjà été utilisée sur le terrain. Dans une logique gagnant-gagnant : ces usages concrets ont aussi permis d’accroître la visibilité du projet. 

Au Malawi, par exemple, la densité de population a aidé les équipes de la Croix Rouge dans une campagne de vaccins de plus de 3 000 travailleurs éparpillés dans tout le pays, en 2018. Autre illustration décrite par la firme : au Mozambique, les secours d’urgence ont pu mieux identifier les zones à risque pour le développement du choléra après le passage dévastateur du cyclone Idai, en mars dernier.

Soucieuse de redorer son blason, l’entreprise de Mark Zuckerberg revendique l’usage philanthropique de ces données cartographiées. Paroles de bénévoles à l’appui :

« Les cartes de Facebook garantissent que nous utilisions le temps et les ressources de nos bénévoles dans les lieux qui en ont le plus besoin, améliorant ainsi l’efficacité de nos programmes », selon les mots de Tyler Radford, directeur exécutif de l’équipe d’Humanitarian OpenStreetMap, membre du projet Missing Maps, rapportés dans le communiqué officiel.

« Data is power »

Des paroles corroborées par les chercheurs, qui puisent dans la base de données mise à disposition par Facebook. Noam Lupu, professeur de Sciences politique et directeur adjoint du LAPOP (Latin american public opinon project) explique que la « représentativité des échantillons scientifiques » est ainsi beaucoup plus élevée.

Même si l’honnêteté de la firme n’est sans doute pas à remettre en cause et que les données sont publiques, ce matériel géographique renforce encore un peu plus la mainmise de Facebook sur les données. On voit difficilement qu’est-ce qui pourrait à l’heure actuelle arrêter ce Gargantua de la data. Prochain terrain de jeu : l’Asie ? 

Source : Facebook

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Marion SIMON-RAINAUD