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Une alliance antipiratage sous haute surveillance

Priorité des studios : éviter les déconvenues qu’a connues l’industrie musicale. Mais les autorités de régulation ne veulent pas d’un nouveau cartel.

Début août, le patron d’Universal Studios, Ron Meyer, a eu un coup de sang en découvrant qu’une copie au format DivX de son futur blockbuster (sa ” bombe “) de l’été, American Pie 2, se promenait librement sur internet… une semaine avant la sortie officielle du film en salle ! Une nouvelle démonstration de l’ampleur prise par le piratage numérique qui n’a plus rien d’une menace fantôme pour l’empire des majors : selon les experts d’Hollywood, 400 000 fichiers de films sont et déjà échangés chaque jour sur le réseau, grâce à des sites peer to peer (échanges entre internautes), clonant le principe du site musical Napster.Échaudée par les malheurs de l’industrie du disque, la Motion Picture Association of America (MPAA) a donc ouvert dès juillet la chasse aux pirates : le site Aimster, qui a conquis 5 millions d’utilisateurs en leur permettant de s’adonner aux joies du libre-échange cinéphile, doit aujourd’hui faire face à une trentaine de plaintes représentant des dizaines de millions de dollars de dommages et intérêts. Mais la toute puissante association qui défend les intérêts des sept grands studios américains sait fort bien que d’autres sites plus discrets ont déjà pris la relève…

Des gages d’ouverture

e lancement d’une plateforme de distribution payante à grand renfort de publicité est donc apparu comme la meilleure réponse aux ” moguls ” d’Hollywood. “Pour la première fois, une large sélection de films protégés par un système de cryptage sera bientôt disponible en ligne à un prix raisonnable. C’est une très bonne nouvelle“, s’enflamme Jack Valenti, l’indéboulonnable président de la MPAA. Mais il n’est pas sûr que la Federal Trade Commission (FTC) partage cet enthousiasme : au début des années 1980, l’arbitre américain de la concurrence avait contraint les mêmes studios à renoncer à un projet commun de chaîne à péage baptisé ” Premiere “, au motif qu’il s’agissait d’un cartel fermé aux indépendants.Cette fois, MGM, Paramount, Sony Pictures, Universal Studios et Warner Bros ont multiplié les gages à la FTC en assurant que leur service internet sera “ ouvert à d’autres producteurs de films et distributeurs qui souhaiteraient diffuser leurs films” et que leurs propres films n’y seront pas distribués en exclusivité. Reste que Disney et la 20 th Century Fox ont refusé de se joindre aux cinq autres majors, et qu’une flopée d’indépendants pourrait attaquer l’alliance pour abus de position dominante.Mais ce sont surtout les professionnels de la distribution vidéo qui risquent de se rebiffer : à terme, la dématérialisation des films sur internet menace leur métier de disparition. Les cinq majors en cause jurent qu’elles n’ont pas l’intention de saper le business du DVD. C’est sûrement vrai en ce qui concerne Paramount, dont la maison mère Viacom contrôle la chaîne vidéo-clubs Blockbuster. Pour les autres, rien n’est moins sûr, car c’est un réseau de distribution que les majors ne contrôlent pas.

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Jean-Christophe Féraud