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Un châssis chinois dans une Volkswagen : victoire ou défaite ?

En Chine, Volkswagen va pouvoir commercialiser ses voitures avec un moyen « rapide et économe en capital » : utiliser la plateforme du constructeur XPeng plutôt que la sienne. Le contrat a été signé la semaine dernière, et la marque basée à Guangzhou s’en frotte déjà les mains.

Il serait né d’un commun accord, et il ne sera pas le dernier. En Chine, Volkswagen a signé un contrat avec XPeng pour utiliser sa plateforme G9, un moyen de ne pas perdre de temps et proposer au plus vite des modèles propices au marché et en règle dans un pays où, comme en France, en Europe ou aux États-Unis, les régulateurs tendent à de plus en plus de protectionnisme. Volkswagen rejoint Audi et SAIC Motors (qui possède MG Motor et finance la coentreprise chinoise SAIC Volkswagen) qui travaillent également avec XPeng et en font désormais leur fournisseur.

Derrière ce contrat, ce sont deux constats de taille à noter : le premier étant le retard bel et bien confirmé de Volkswagen dans le développement de sa plateforme SSP, qui devrait arriver d’ici 6 ans, soit en 2029. De l’autre, le changement hiérarchique entre les constructeurs européens et chinois.

Si pendant 40 ans, comme le souligne l’agence Reuters, les constructeurs chinois ont reversé un pourcentage de leurs revenus aux marques européennes pour l’utilisation de leurs brevets technologiques, il est désormais du ressort des Européens de nouer des partenariats et compter sur les avancées technologiques chinoises pour pouvoir continuer à tenir la cadence et proposer des modèles mis à jour, sans retard.

« Nous utiliserons la plate-forme G9 et la combinerons avec la technologie Volkswagen », a fait savoir l’ingénieur et PDG du groupe Volkswagen Oliver Blume, en suivant la publication des résultats du premier semestre – dans laquelle le groupe a réduit ses objectifs de ventes en 2023 et confirmé qu’il était surtout question d’une concurrence renforcée. C’est avant tout en Chine que Volkswagen compte faire le plus gros de ses ventes (entre 9 et 9,5 millions d’unités espérées cette année).

Malgré cet aveu de faiblesse, la Deutsche Bank s’est montrée pragmatique et a commenté la nouvelle comme un moyen « rapide et économe en capital » de combler le vide et rattraper le retard de Volkswagen sur le marché des voitures électriques pour la classe moyenne chinoise. Pour éviter de faire du contrat l’aubaine de XPeng uniquement, Volkswagen a aussi investi 700 millions de dollars dans le capital du constructeur et en a récupéré des parts (4,99 %) apprend-on d’un communiqué de la marque.

Tesla, la concurrence et la guerre des prix

Tesla, le constructeur américain qui possède sa propre gigafactory chinoise, devance Volkswagen sur place, alors que le constructeur allemand ambitionne d’être le premier constructeur étranger dans le pays. « Nous devons être plus résilients » avait fait savoir le directeur financier de Volkswagen Arno Antlitz. Autrement, la société souffre aussi d’une guerre des prix qui n’en finit pas, et dans laquelle Tesla a poursuivi son intention de tailler dans ses marges pour espérer pouvoir sortir de plus gros volumes. « La maison brûle », disait alors Thomas Schäfer, patron de la marque Volkswagen.

xpeng action 2023
© Google

Autrement, XPeng peut se réjouir de son année 2023 qui lui permet de trouver une autre source de revenus parallèle à celle de ses ventes. Sur l’année, l’action du constructeur a gagné 97 %, pour une valorisation à plus de 17 milliards de dollars. Ses contrats pour la vente de ses plateformes G9 lui permettront certainement une économie d’échelle importante, qui aidera le constructeur à s’établir en Europe, où il commercialise déjà la berline P7 et le SUV G9 au Danemark, en Norvège, en Suède et aux Pays-Bas.

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Source : Reuters


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