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Tim Cook : « Apple ne peut pas développer pour le reste du monde »

Le patron d’Apple était avant-hier l’invité de la célèbre conférence D10 du Wall Street Journal. Un entretien au cours duquel il est revenu sur différents sujets majeurs, comme la guerre des brevets qui oppose notamment son entreprise à Samsung.

La guerre des brevets ? « C’est chiant ! » selon Tim Cook. Lors de son grand oral devant Walt Mossberg et Kara Swisher à la conférence D10, le patron d’Apple n’a pas pris de pincettes pour qualifier la bataille qui oppose son entreprise à d’autres ténors du secteur…

Afin de justifier les procès que son entreprise a intenté à Samsung, HTC ou encore Motorola, Cook explique qu’il n’apprécie pas d’être celui qui innove et que les autres plagient dans la foulée : « Il est important qu’Apple ne soit pas le développeur pour le reste du monde. Nous ne pouvons pas mettre toute notre énergie, toute notre attention, peaufiner la peinture, et voir quelqu’un d’autre mettre son nom sur le produit […]. La pire chose qui puisse arriver à un ingénieur, c’est de voir quelqu’un voler [son produit] et mettre son nom dessus ! »

En revanche, selon Tim Cook, Apple n’a copié personne : « Quand vous regardez ce qui nous est reproché, la grande majorité de ces plaintes concernent des brevets essentiels sur des standards. » Ce qui révèle, selon Cook, un système de brevets défaillant : « Les brevets essentiels d’un standard nécessitent une certaine responsabilité de la part de la personne qui les détient : et notamment d’en octroyer une licence de façon juste et raisonnable. »
Pour exemple, Tim Cook reproche qu’une entreprise renvoie Apple devant les tribunaux pour avoir violé un brevet aussi essentiel qu’un « mécanisme pour se connecter à un réseau 3G. » Et de poursuivre : « C’est un argument économique […], Apple n’a poursuivi personne à propos d’un brevet essentiel sur un standard que nous possédons, car nous pensons que c’est fondamentalement mauvais de le faire. »

Une belle façon de passer pour le « gentil » dans cette affaire, alors que c’est bel et bien Apple qui a ouvert les hostilités. On rappelle les propos extrêmement durs de Steve Jobs à l’encontre d’Android, qu’il qualifiait de « produit volé » auquel il allait déclarer « la guerre thermonucléaire ». Mais il est vrai que les concurrents de la marque à la Pomme ont contre-attaqué sur des brevets génériques, dépendant de standards utilisés de tous, comme Motorola. Tim Cook a beau trouver cette bataille « chiante » et estimer qu’il s’agit d’une « perte de temps », elle n’est apparemment pas prête de s’achever…

Un Tim Cook bien cuisiné

Tim Cook a également répondu longuement à d’autres petites questions pièges des deux plus célèbres interviewers du monde high-tech. Il a notamment indiqué qu’Apple allait « doubler la mise » sur la culture du secret qu’elle entretient autour de ses produits. Il est permis de se demander comment ils parviendront à verrouiller davantage leur communication ! 

En revanche, il a précisé qu’il y avait « d’autres activités où nous voulons être l’entreprise la plus transparente au monde : les changements sociaux que nous effectuons, nos efforts sur l’environnement. » Cook est notamment revenu sur les conditions de travail de ses ouvriers chinois. « Nous avons fait des efforts pour supprimer les heures supplémentaires. Cela peut paraître facile mais c’est très complexe, car certaines personnes veulent travailler beaucoup pendant un an ou deux avant de retourner dans leur village avec un maximum d’argent […]. Nous montrons un degré d’attention que je ne vois pas ailleurs. »
Cook a indiqué qu’il était « possible » qu’Apple fabrique de nouveau des produits aux Etats-Unis et qu’il « espérait » que l’assemblage de ses produits se fasse « un jour » aux Etats-Unis.

Motus et bouche cousue

Culture du secret oblige, il n’a évidemment pas évoqué le lancement de nouveaux produits. Mais, titillé à propos de Siri, il a indiqué qu’il pourrait en faire bien plus, et d’ajouter : « Vous serez ravi de voir ce que nous allons lancer dans les prochains mois. » Plus étonnant, il a même indiqué que Siri « avait une personnalité et qu’elle* devenait la meilleure amie de bien des gens. » Une drôle de façon de dire qu’à l’avenir, l’application de reconnaissance vocale d’Apple pourrait fournir des réponses plus intelligentes, mieux comprendre son interlocuteur humain.

Cook a également évoqué son activité dans la télévision. Tout en rappelant les ventes moyennes de sa set-top-box Apple TV, Tim Cook a rappelé qu’Apple a conservé ce produit : « Nous avons gardé Apple TV […], c’est un secteur sur lequel nous portons un grand intérêt. »
Quant à la possibilité d’une télévision Apple, il est resté évasif : « Voici la façon dont nous voyons les choses : pouvons-nous contrôler les technologies clés, pouvons-nous avoir une contribution significative à ce marché, bien au-delà de ce que les autres ont fait, pouvons-nous créer un produit que nous voudrons tous ? Voilà ce que nous nous demandons pour chaque produit. » Apple hésiterait-il encore ?

 * Aux Etats-Unis, Siri a une voix féminine.

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Eric le Bourlout