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Test photo : Google Pixel 3a, le meilleur photophone à 400 euros

Loin de réellement cibler les photographes, les ambitions du terminal milieu de gamme de Google est de mettre un excellent appareil photo dans le plus de mains possible.

La gamme des Pixel de Google s’est taillée, depuis le premier modèle, une excellente réputation dans le domaine de la photo. Le Pixel 3 original a ainsi été reconnu comme l’un des meilleurs photophones du marché, ce qui est une double surprise : son module caméra n’a rien de techniquement bien original et il n’est pas épaulé par une seconde focale. Toute la force de ce mobile se loge dans ses algorithmes, mais à plus de 800 euros, le Pixel 3 version 64 Go n’est pas un terminal très abordable.

Heureusement, Google a lancé le Pixel 3a, moitié moins cher. Et propose ce qu’aucun constructeur de smartphone n’a intérêt à faire : offrir la qualité d’image de ses terminaux haut de gamme dans un appareil deux fois moins cher. De quoi écraser la compétition à ce niveau de prix. 

GOOGLE PIXEL 3A 64GO NOIR

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399€ chez Fnac

Module caméra arrière et ISP

Le module caméra arrière du Pixel 3a est le même que celui qui est embarqué dans les Pixel 3 : un capteur de 12 Mpix (photosites de 1,4 micron) équivalent à un 28 mm ouvrant à f/1.8. Des dimensions de capteur, une ouverture et une couverture angulaire assez similaires à ce que propose Apple ou Samsung dans les modules caméra principaux de leurs terminaux haut de gamme, bien plus chers que ce Pixel 3a. Nous regrettons juste que Google ne soit pas allé un peu plus loin dans le grand angle – quitte à n’avoir qu’un seul module caméra, autant intégrer un 24-26 mm pour laisser plus de champ.

En termes de qualité d’image pure, le Pixel 3a est un Pixel 3.  Mais pas en termes de vitesse de traitement des pixels. Le coprocesseur de traitement d’image (ISP, image signal processor) intégré au Snapdragon 670 (le Spectra 250) semble en effet avoir un peu moins de jus que le Spectra 280 du Snapdragon 845 dont il est pourtant assez proche. Ce que cela implique pour l’utilisateur c’est qu’il faut laisser passer une à deux secondes après avoir déclenché pour que l’appareil « termine » son traitement avant de pouvoir  consulter l’image à 100% de détails. Mis à part les bourrins (comme les testeurs photo…) qui cherchent à vérifier tout de suite la qualité d’image d’un cliché tout juste pris, cela ne gênera pas grand monde.  

Si pour le Pixel 3 original, l’absence d’une seconde (voire d’une troisième) focale est une franche déception, son absence dans le Pixel 3a est moins gênante. A 400 euro terminal, il ne s’aligne pas face à un P30 Pro ou un iPhone XS Max mais plutôt face à une horde de terminaux dont la partie photo est très inférieure, que ce soit en termes d’AF ou de rendu des couleurs.

[Visionnez et téléchargez nos photos de test sur notre album Flickr ]

Maître des couleurs et de l’AF

Si on devait résumer l’intérêt que présente un Pixel 3a, ce serait « Il fait vite la mise au point et produit de très beaux clichés en toutes situations ». Moins polyvalent que les terminaux haut de gamme qui embarquent plusieurs modules caméra et/ou équipés de capteurs spéciaux, il se contente de cette simple mission de faire rapidement de belles photos en grand angle 28 mm. Et il le fait parfaitement et pour la majeure partie de la population, c’est déjà beaucoup. Par rapport à un iPhone, son mode HDR par défaut est un peu plus poussé mais son grain est plus fin, plus subtil. Le P30 Pro garde l’avantage avec ses images de « seulement » 10 Mpix (car les clichés originaux sont capturés à 40 Mpix).

L’autofocus est, quant à lui, excellent en mode « je sors mon smartphone et je shoote ». Mais si le déclenchement est effectivement rapide, il l’est un peu moins qu’avec le capteur Dual Pixel de Samsung. Du côté de la rapidité – réelle et perçue – les Galaxy S8, S9 et Galaxy S10 sont plus nerveux et permettent une prévisualisation plus rapide et plus fine de l’image capturée, notamment en rafale. 

Vision de nuit : champion des basses lumières (derrière le P30 Pro)

Outre la justesse des tons en plein jour, le Pixel 3a se comporte étonnamment bien en basses lumières. Etonnamment car avec la même partie matérielle (ou presque) qu’un iPhone, il lui met un K.O. technique grâce à son traitement numérique et ses algorithmes de pointe.

En mode photo normal, le Pixel 3a est déjà très bon, mais c’est en mode nuit qu’il impressionne encore plus en récupérant une tonne de détails et en conservant la nature des couleurs sans trop faire exploser le bruit numérique.

Le Pixel 3a est, comme ses grands frères les Pixel 3 et Pixel XL, le numéro deux de la qualité d’image en basses lumières. Numéro 2 car, devant, loin devant, on retrouve le P30 Pro et son capteur géant 1/1.5 pouces de 40 Mpix à matrice de Bayer modifiée (le jaune a pris la place du vert); Il est pour l’heure imbattable puisqu’il voit même dans le noir (quasi) total. Il faut bien qu’il reste encore quelque chose au hardware !

La force des algorithmes

Matériellement, non seulement un si petit capteur est inférieur à un grand capteur de compact expert 1 pouce mais il est aussi, théoriquement, inférieur à des capteurs de smartphones de plus grande dimension. Mais la beauté du travail des ingénieurs de Google, c’est que la qualité du traitement logiciel et des algorithmes font de ce module caméra l’un des meilleurs du marché. En combinant plusieurs images de manière parfaitement invisible pour l’utilisateur, en faisant tourner une horde d’algorithmes dans son application au look si simple, le Pixel 3a produit parmi les plus belles images de la compétition. Mettant même parfois à mal de vrais appareils photo, notamment dans les situations de contre-jour ou de basses lumières – on parle ici de rendu général des couleurs pour un visionnage sur écran. A la loupe ou pour de grands tirages, les appareils photo ont toujours bien plus de matière !

En matière de rendu des couleurs, un domaine assez subjectif car leur perception et leur appréciation est autant géographique que culturelle, le Pixel 3a est le meilleur photophone à nos yeux. Si certains peuples privilégient des couleurs saturées qui « explosent », le rendu doux et la chaleur des tons de la famille Pixel 3 est bien plus à notre goût d’occidentaux mangeurs de pain.

La vraie cible : le grand public, pas les photographes

La vraie cible du Pixel 3a est moins le pro de l’image que Mr ou Mme tout le monde. Il est, selon nous, le terminal milieu de gamme le plus performant en photo jamais lancé à 400 euros. Avec une gamme limitée, Google a pu se permettre de faire ce que les spécialistes du smartphone ne font jamais : offrir l’élément pour lequel les gens sont prêts à payer plus cher – la photo – dans un modèle milieu de gamme. En cela, nous apprécions vraiment la démarche de Google. Mais si la firme peut se le permettre, c’est parce que le matériel n’est pas son cœur de métier et qu’il n’a pas besoin d’utiliser tous les ressorts marketings traditionnel pour inviter les consommateurs à la montée en gamme.

Aussi séduisant soit-il en termes de qualité d’image pure, le Pixel 3a (399 €) et son grand frère le Pixel 3a XL (479 €) ne sont pourtant pas des choix aussi évidents que cela. D’une part parce que le niveau de qualité d’image suffisante est arrivé sur la majorité des terminaux vendus à prix identique – les autofocus sont décents, les photos généralement toutes belles en plein jour –. Ce qui fait que l’écart de qualité d’image n’est pas non plus du simple au double. Mais aussi et surtout parce que le Pixel 3a souffre d’un handicap de mémoire…

Les limites des 64 Go

Le Pixel 3a n’embarque que 64 Go de mémoire de stockage. 64 Go de disponibles ? Pas vraiment : dès la fin de la configuration et avant même d’installer quoi que ce soit, ce sont 14,75 Go qui sont occupés par le système et les apps de base. Ce qui laisse 49,25 Go de stockage pour mettre de la musique hors ligne, installer quelques apps importantes. Et stocker photos et vidéos of course, puisque justement, le Pixel 3a est doué dans ce domaine.

1 JPEG = 3.5-5.5 Mo
1 RAW = 11,5 Mo
1 min 4K = 370 Mo h.264 / 310 Mo h.265
1 min FHD = 170 Mo h.264 / 144 Mo h.265

Outre le fait que ces 49 Go soient maigres sur la durée de vie de l’appareil – les jeux occupent parfois plus d’un gigaoctet, 1 min de vidéo 4K h264 pèse 370 Mo, etc. -, il est impossible d’étendre cette mémoire car les Pixel n’intègrent jamais d’emplacement pour carte SD. Ce n’est pas une surprise puisque pour Google qui dit stockage, dit cloud. Le hic, c’est que tout le monde n’a pas nécessairement envie d’être dépendant du cloud. D’autant plus que le moment où l’on fait le plus de photos/vidéos et où on est le plus à même d’être à court d’espace, c’est en vacances… un moment où l’on n’a pas forcément un accès à internet (merci le cloud) ou à son ordinateur (impossible de vider la mémoire). Google aurait pu grandement résoudre ce problème en proposant une version 128 Go, mais cela aurait fait perdre de l’attractivité à ses Pixel 3.

Pixel 3a ou un fleuron de l’an dernier ?

Les vrais rivaux du Pixel 3a ne sont pas à chercher dans les appareils milieu de gamme de 2019, mais plutôt dans les fleurons de 2018 : pour 460 euros, on trouve encore des Samsung Galaxy S9. Des terminaux aussi bons en photo – avec des faiblesses et forces différentes – mais plus performants dans absolument tous les domaines (processeur plus rapide, emplacement Micro SD, meilleur écran, etc.).

On pense aussi aux P20 Pro (même si Huawei est dans la tourmente) que l’on déniche neufs à 480 euros. Avec son capteur grand format doué en basses lumières et son téléobjectif équivalent 81 mm, le smartphone du constructeur chinois offre plus de possibilités photographiques que le Pixel 3a. Et s’avère, comme le Galaxy S9, plus performant que le terminal de Google dans tous les domaines grâce à son processeur qui est d’une classe au-dessus.

Dans sa gamme, le Pixel 3a est clairement le champion de la qualité d’image avec ce qui est sans aucun doute le meilleur module caméra simple du marché. L’autofocus est réactif et les couleurs sont vraiment très belles dans la majorité des situations, même en basses lumières. Dans une simple comparaison de module caméra principal, le Pixel 3a gagne la partie sur ses concurrents vendus entre 400 et 600 euros.

Le hic, c’est que si on est prêt à s’équiper avec un smartphone haut de gamme des générations précédentes Samsung ou Huawei, on se retrouve avec des téléphones aussi plus polyvalents en photo (plusieurs modules caméra), plus puissants de par leur processeur et disposant parfois (Samsung) d’emplacement pour carte Micro SD. Le Pixel 3a aurait pu être parfait s’il avait permis l’extension du stockage ou s’était au moins décliné dans une version 128 Go.

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