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Télécoms : 450 milliards d’euros en fumée

La crise boursière qui s’ajoute à la crise des télécoms aboutit à une situation sans précédent. Les opérateurs et les équipementiers doivent désormais faire face à un problème de solvabilité.

S’il paraît hasardeux d’affirmer que la capitalisation boursière d’une société reflète sa valeur économique, elle est en revanche un indicateur fiable de sa capacité de financement. Depuis le 1er janvier 2002, la crise que traversent les entreprises de télécommunications a provoqué un affaissement sans précédent de cette capacité.En un semestre, les opérateurs, fabricants et équipementiers télécoms les plus importants au monde ont vu leur capitalisation boursière globale divisée par deux. L’ensemble du secteur pesait 928 milliards d’euros au début de l’année 2002 et ne valait plus que 477 milliards d’euros le 24 juillet, soit une baisse de 451 milliards.Dans ce contexte, on se demande comment les opérateurs européens vont pouvoir surmonter l’énorme facture de l’UMTS. Le prix des licences représente déjà 130 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter les dizaines de milliards d’investissement en équipement. Rien d’étonnant à ce que les investisseurs doutent de la capacité des opérateurs à réduire durablement leur dette.D’autant que de nombreuses inconnues pèsent sur tout le secteur. Le haut débit sans fil reste une énigme économique. Le GPRS n’en est qu’à ses balbutiements et déjà l’on pressent que son usage sera très lent à se répandre aussi largement que le GSM.

Entreprises et particuliers saturés

Même si le secteur s’est délesté de 200 000 emplois depuis le début de la crise (dès la mi-2000), rien ne dit que les baisses de coûts engendrées permettront de répondre à l’inadéquation croissante entre l’offre et la demande. Les budgets télécoms des entreprises (sans même parler des foyers) ont crû en moyenne de 4,5 % au-dessus du PIB depuis 1999. C’est beaucoup, même trop pour certains.Qui va supporter le retour à l’équilibre des opérateurs ? Et si ces derniers ne sont plus en mesure d’investir dans de nouveaux réseaux, comment les équipementiers vont-ils remonter la pente ? Enfin, les utilisateurs finaux seront-ils disposer à investir davantage dans des terminaux ou des accès réseaux alors qu’ils sont déjà saturés ? Un véritable cercle vicieux.Bref, on ne voit pas comment le secteur pourrait repartir sans que les compteurs ne soient préalablement remis à zéro. La difficulté est que les opérateurs ont accumulé une dette sans précédent.

Qui paiera ?

Aux 65 milliards d’euros de dette de France Télécom, il faut ajouter les 67 milliars de Deutsche Telekom, sans compter celles, certes plus modestes, des opérateurs historiques anglais, néérlandais, espagnol et italien. A ce niveau d’endettement, ce ne sont même plus les banques qui doivent se porter garantes mais les Etats.Il faudra peut-être que ces derniers en viennent à soutenir directement l’économie des télécommunications pour éviter que le système bancaire ne faillisse. Une façon de demander aux consommateurs de subventionner l’Internet haut débit sur les téléphones portables…

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David Prud'homme