Passer au contenu

Savoir se spécialiser

Pas de sites Web sans webmaster? La réalité est plus subtile et le métier change périodiquement au fil des innovations technologiques. Au point de se trouver aujourd’hui morcelé en une kyrielle de spécialisations.

Au tout début de l’Internet grand public ?” époque bénie des premiers navigateurs (Mosaic), des pages Web grises et des liens hypertextes tout de bleu vêtus ?”, l’activité du webmaster se limitait à créer un site en s’appuyant sur le design et la technologie disponibles. Pour rendre l’ensemble attractif, la créativité devait être au rendez-vous.Aujourd’hui encore, ce profil se retrouve couramment dans les petites et moyennes entreprises. Le webmaster ?” devenu webmestre ou sitemestre ?” s’occupe le plus souvent d’un site dit ” plaquette “, constitué d’images, de textes et de quelques petites animations. Il est polyvalent et doit à la fois assurer l’intégration de contenu (la mise à jour du site), préserver l’homogénéité de la charte graphique et développer de petites applications.Pour autant, plus l’environnement de travail est grand, plus le webmaster doit se spécialiser. “Aujourd’hui tout a changé. C’est à se demander si le métier de webmaster existe vraiment “, ponctue Eric Schmidt, chef de projet chez MédiaGraffic, une agence Internet qui compte parmi ses clients des sociétés comme NRJ, TF1 ou Microsoft. Car, au-delà d’une simple appellation générique employée dans les phases de recrutement, le métier de webmaster tel qu’il est pratiqué, en grande entreprise ou en agence de communication, a tout de la structure éclatée. Selon leurs compétences, les uns deviennent intégrateurs ou développeurs, tandis que les autres versent plus dans le webdesign ou l’infographie. Avec, parfois, la possibilité, l’expérience aidant, de passer directeur artistique, directeur technique ou chef de projet.

Le webmaster retrouve sa fonction créative

Chaque nouvelle génération de sites apporte son nouveau profil de webmaster. De statiques, nombre de sites sont devenus dynamiques, notamment avec l’apparition du commerce électronique. A ce stade, par exemple, impossible de faire l’impasse sur un spécialiste des bases de données. De plus, les pratiques varient selon la taille du projet. Pour les plus importants, si l’intégration de contenu se fait toujours en interne, la gestion des contenus dynamiques est déléguée à des prestataires externes.Autre changement, l’émergence d’un métier pluridisciplinaire s’accompagne de nouvelles responsabilités sur le plan de la communication, voire du marketing en ligne. Ainsi, Jennifer Brezel, l’une des webmasters de 01net. et spécialiste de l’animation d’images au format GIF, avoue “réaliser de temps à autres des bandeaux promotionnels”.” Une tendance forte désormais couramment répandue chez les grands comptes, confirme Pierre Cheminaut, responsable de la Web agency CyberOuest pour la région Bretagne. Bien au-delà de l’administration de site, souvent déléguée à des prestataires techniques, le rôle du webmaster consiste de plus en plus à concevoir et à développer de manière cohérente la stratégie Internet de l’entreprise. Ainsi, chez Suzuki France où cette réflexion a débouché sur la création de minisites pour les concessionnaires de la marque. “

En clair, le webmaster retrouve, sous une forme différente, sa fonction créative. Il doit pouvoir s’approprier les nouvelles techniques du Web sans pour autant être à même de les mettre en ?”uvre sur le terrain. Conséquence directe, le profil de recrutement évolue. Il n’est plus rare de voir des diplômés d’école de commerce ou de marketing postuler à des postes de webmaster. ” Symbole de ce changement culturel, poursuit Pierre Cheminaut, la fonction de webmaster est souvent directement rattachée aux services marketing, communication, voire à la direction générale de l’entreprise. “

Fruit d’émerveillement

Pour autant, d’un point de vue plus traditionnel, les prérequis pour devenir webmaster restent, au fil du temps, quasiment inchangés. Et, aujourd’hui encore, dans la plupart des cas, la connaissance de logiciels tels que Photoshop ou Illustrator et la maîtrise d’éditeurs de site comme Dreamweaver ou Front Page paraissent incontournable.En l’absence de formations adéquates, les webmasters de la première génération, quasiment tous autodidactes, découvraient le langage HTML dans sa version 3.2 puis 4. Selon Beedeeanuen Conhye de ParisHypermédia, un institut de formation spécialisé, “aujourd’hui, beaucoup de webmasters en herbe font leurs premières armes dans le off line et le multimédia, un itinéraire qui passe souvent par la PAO et la conception de CD-ROM “. Mais que les néophytes ne se sentent pas exclus pour autant. Comme partout dans l’Internet, rien n’est encore figé. Des formations courtes ou en continu ?” à l’image de celles dispensées par le Cnam ou l’ INA ?” sont à la disposition des nouveaux venus motivés qui désirent travailler on line. Sur le plan financier, la rémunération d’un webmaster s’échelonne entre 8 000 à 16 000 francs bruts selon l’expérience et la spécialisation.Enfin, en pratique, le métier de webmaster est fruit d’émerveillement. Qui na jamais rêvé en effet de découvrir toutes les subtilités du langage XML et de ses balises fixes ?

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Philippe Crouzillacq