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Samsung a-t-il bridé le capteur photo de son Galaxy S8 ?

Décortiqué en vidéo, le Galaxy S8 a dévoilé un secret : son appareil photo avant dispose d’une stabilisation optique. Laquelle n’est pourtant citée à aucun moment par Samsung. Vrai oubli ou bridage volontaire ? 

Et si la caméra en façade du Galaxy S8 n’utilisait pas tout son potentiel ? Le nouveau terminal haut de gamme de Samsung a réservé une belle surprise à JerryRigEverything, spécialiste du décorticage électronique : le module caméra avant destiné aux autoportraits intègre une stabilisation optique.
Une fonction dont il n’est nulle part fait mention sur aucune documentation de Samsung. Sur le site officiel, la mention OIS (optical image stabilizer, stabilisateur optique d’image) apparaît uniquement à côté de la description du module caméra principal de 12 Mpix.

Peu de doute quant à la nature du composant : une optique non stabilisée se présente sous la forme d’un module parfaitement rigide ce qui n’est pas le cas sur la vidéo. Et, évidemment, l’intégration d’un tel module ne peut être un hasard : les modules stabilisés sont plus complexes et plus encombrant, la lentille supplémentaire de stabilisation renforçant l’embonpoint de l’ensemble. Quand on voit les trésors d’énergie dépensés dans la miniaturisation et l’intégration des smartphones, le moindre dixième de millimètre compte. Vraiment.

Si le module caméra est stabilisé, pourquoi diable Samsung ne l’a pas activé ? Et s’il est actif, pourquoi ne pas en avoir fait mention ? Analysons quelques scénarios de réponse… après avoir parlé des limites de cette technique.

Impacts de la stabilisation optique

JerryRigEverything

La stabilisation optique n’est pas une technologie parfaite. Si elle améliore le rendu vidéo et limite la production d’images floues en diminuant l’impact des mouvements parasites du photographe, elle a aussi des effets négatifs sur la qualité d’image.
Cette lentille flottante supplémentaire diminue un peu la quantité et la qualité d’image de la formule optique (qu’on complexifie « inutilement » du point de vue du cheminement des rayons lumineux), tout comme que ses mouvements permanents.
Appréciée des photographes à bout de bras (reportage, etc.) la stabilisation optique est ainsi désactivée par ceux qui shootent sur trépied afin d’éliminer les parasites provoqués par la lentille et de maximiser la qualité d’image. La bonne illustration de cet état de fait est apportée par Fujifilm, marque maniaque de l’optique, qui a préféré ne pas introduire de stabilisation dans son zoom pro pour hybride, le Fujinon XF16-55mm F2.8 R LM WR, afin de garantir « la qualité d’image maximale » (tout comme Canon avec son 24-70 mm L).

Sans aller aussi loin dans un smartphone, peut-être les ingénieurs de Samsung ont-ils détecté des effets parasites et ont préféré la désactiver. Temporairement ?

Qui peut le plus peut le moins ?

Dans l’industrie électronique, si les plannings et les sorties sont souvent fixes, il n’est pas rare que les ingénieurs, matériels comme logiciels, ne soient pas prêts à 100% au moment de lancer la production d’un équipement. On a ainsi vu des produits évoluer de manière très notable entre leur introduction sur le marché et les mises à jours logicielles successives – on ne parle pas que des smartphones, les appareils photo évoluent eux aussi.  

On peut donc imaginer que, pour une raison x ou y, la prise en charge logicielle de la stabilisation optique du module caméra ne soit pas 100% fonctionnelle, notamment en vidéo. En intégrant un module stabilisé, les ingénieurs se sont donné la possibilité de travailler dessus plus tard, en référence à l’adage « qui peut le plus, peut le moins ».

Approvisionnement en composants ?

En gardant en tête le potentiel d’un composant, peut-être le module caméra avant n’était-il pas cher du tout. Voilà un argument passé trop souvent sous silence : les achats de composants.

De la même manière que les constructeurs automobiles, les fabricants de smartphones font appel à de nombreux sous-traitants auxquels ils achètent des pièces. Parfois ils ont des exclusivités – Apple est coutumier du fait – et parfois, ils arrivent à négocier de très bons prix : gros volumes, vieux composants ou, au contraire, nouveaux composants que les constructeurs veulent mettre en avant en les implémentant dans des produits phares, etc.
A moins d’être analyste des BOM (build of material, la liste des composants), il est quasi impossible de répondre à cette question. Mais il ne faut jamais négliger l’impact que peuvent avoir les tarifs et la disponibilité de tel ou tel composants : c’est souvent eux qui imposent les limites et non les choix initiaux des ingénieurs.

Dans le cas des S8, peut-être Samsung a-t-il eu un bon prix de la part de son fournisseur (Sony ?) sur le module caméra…  

Gain marginal ?

L’optique de ce module avant est un 25 mm en équivalent 25×36 (couverture angulaire de 80°), soit un peu plus grand angle que le module principal équivalent à un 26 mm (77°). Cette précision a son importance : plus la couverture angulaire est large, moins le besoin de stabilisation se fait sentir. Peut-être suffisamment satisfaits de la qualité d’image ou du prix (lire plus haut), les ingénieurs de Samsung se sont-ils rendus compte que l’activation de la stabilisation optique n’apportait que des gains marginaux sur la netteté des images dans l’usage principal (les selfies).

Ou peut-être, encore une fois, les ingénieurs se sont-ils gardés une amélioration sous le coude. Nous avons envoyé nos questions à Samsung… en ne comptant pas trop sur une réponse des équipes de développement, généralement tenues au secret.

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