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Saint-Valentin : les livreurs à vélo appellent au boycott de Deliveroo

Les coursiers font la grève ce vendredi 14 février pour protester contre leurs conditions de travail qu’il estiment de pire en pire. Un boycott à durée indéterminée. 

Pas de dîner livré pour la Saint-Valentin. Le collectif de livreurs autonomes parisiens (Clap 75) appelle au boycott de la plate-forme de livraison Deliveroo à partir de vendredi 14 février. Un jour symbolique pendant lequel la demande explose. Et pour l’instant, il n’y a pas de date de fin.

Une durée indéterminée

Le boycott continuera « jusqu’à ce que nous obtenions des réponses concrètes à nos revendications », selon une conférence de presse du collectif qui a eu lieu mercredi 12 février.

Une baisse des prix de près de 50 %

L’opération vise à réclamer des « réponses concrètes sur la tarification, les distances des courses et la mise en place d’instances de dialogue », a précisé Jérôme Pimot, porte-parole du Clap 75, collectif créé fin 2017 contre la précarisation croissante du travail des livreurs.

Sur la page Facebook du collectif, deux captures d’écrans mises en parallèle démontrent la diminution des tarifs à la course des livreurs entre juillet 2019 et janvier 2020 : pour 5,2 km, ils ne sont plus payés 5,77 euros mais 2,86. « Les gars n’en peuvent plus et la tempête gronde à nouveau », conclut le post publié le 26 janvier dernier. 

« Deliverouste » : condamnation pour travail dissimulé

Les livreurs à vélo reprochent aussi à la plate-forme de livraison de repas de ne pas écouter leurs revendications, bien qu’elle ait été condamnée jeudi dernier par le tribunal des prud’hommes pour « travail dissimulé ». Après avoir travaillé six mois au service de Deliveroo depuis 2015, le plaignant demandait la requalification de son contrat de prestation de service en contrat de travail. Il a obtenu plus de 30 000 euros de dédommagements. « Une victoire » selon le Clap 75.

Une bataille gagnée, pas la guerre. Deliveroo se défend, vantant la mise en place d’un « Forum des livreurs » constitués de représentants élus. Si cet espace de négociation est déjà un progrès en soi – les premiers livreurs à s’être rebiffés avaient été écartés, le Clap conteste un organe trop flou « dont nous n’avons jamais réussi à obtenir les modalités, le nombre d’électeurs ou quoi que ce soit ».

Un cahier des doléances chargés

Ces revendications s’ajoutent aux doléances déjà listées par le collectif parisien : le lien de subordination tacite non reconnu, la possibilité de virer un livreur sans raison, l’augmentation du rythme de livraison pour un salaire décent ou encore l’intimidation de l’entreprise auprès de ses livreurs.

Néanmoins, si Deliveroo est dans le collimateur, les autres plates-formes de livraison ne sont pas exemptes de critiques. Pour plus de poids, l’opération boycott est également relayée par les collectifs frères de Bordeaux ou de Marseille. 

Des actions qui se multiplient

Deliveroo concentre pourtant tous les maux. L’image de la première plate-forme de livraison de repas vient d’être entachée par le scandale des dark kitchens, révélé par le journal L’HumanitéL’article publié jeudi 13 février révélait que les plats commandés à Paris étaient préparés dans la banlieue parisienne, loin des restaurants d’origine. 

« Les commandes passées chez Deliveroo ne viennent pas forcément des fourneaux de restaurants ayant pignon sur rue, mais de box aménagés dans des hangars de fortune », peut-on lire dans les colonnes du quotidien. 

À 18 heures, vendredi 14 février, les livreurs du Clap se sont donné rendez-vous devant le 12 rue de Palouzié, à Saint-Ouen, là où se trouve la fausse cuisine du Petit Cambodge, restaurant du 10e arrondissement de Paris tristement célèbre. Ils n’en sont pas à leur coup d’essai, et le collectif promet que les actions vont se multiplier…

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Marion SIMON-RAINAUD