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Richard Stallman, le pape du logiciel libre, est de retour à la FSF… et provoque une vive polémique

L’apôtre du libre réintègre à nouveau le conseil d’administration de la Free Software Foundation, après en avoir démissionné en 2019 à la suite de propos douteux. Mais une pétition circule déjà pour demander son éviction de toutes ses fonctions.

Richard Stallman a tenté de revenir par la petite porte, mais ce n’est pas passé inaperçu. Il y a quelques jours, à l’occasion de la conférence LibrePlanet, le créateur du projet GNU a annoncé qu’il intégrait à nouveau le conseil d’administration de la Free Software Foundation (FSF). Il a fondé cette association de défense des logiciels libres en 1985 et l’a dirigé jusqu’en septembre 2019 en tant que président et membre du conseil d’administration.

« Je fais à nouveau partie du conseil d’administration de la Free Software Foundation… Certains d’entre vous en seront heureux et certains seront peut-être déçus, qui sait. En tout cas, c’est comme ça. Et je n’ai pas l’intention de démissionner une deuxième fois », a déclaré Richard Stallman qui, toutefois, ne reprend pas les fonctions de président.

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Stallman avait été contraint de démissionner après des commentaires polémiques qu’il a tenus à propos de l’affaire Epstein. L’informaticien avait défendu, en 2019, son collègue Marvin Minsky, un chercheur au MIT qui aurait profité des services d’une esclave sexuelle de Jeffrey Epstein, Virginia Roberts Giuffre. Dans un échange d’e-mails, il a tenté de minimiser cette histoire en supposant qu’il y avait probablement eu consentement. Il n’y a pas eu de suite judiciaire à ce présumé abus sexuel. Il faut dire que Marvin Minsky était déjà décédé depuis 2016, soit trois ans avant l’éclatement de l’affaire Jeffrey Epstein.

Une pétition exige son éviction

Dix-huit mois plus tard, Richard Stallman pensait sans doute que la tempête était terminée, et que le temps était venu de revenir aux manettes. Mais des centaines de personnes de la communauté du logiciel libre ont en quelques heures signé une pétition pour demander son éviction et celle de tout le conseil d’administration de la FSF. Parmi les signataires figurent notamment Neil McGovern, directeur exécutif de Gnome Foundation ; Deb Nicholson et Josh Simmons, respectivement DG et président de l’Open Source Initiative ; presque tous les membres du conseil d’administration de X.org, etc.

« Richard M. Stallman, souvent connu sous le nom de RMS, est depuis longtemps une force dangereuse dans la communauté du logiciel libre. Il s’est montré misogyne, capacitiste et transphobe, sans parler d’autres attitudes inconvenantes. Ces types de convictions n’ont pas leur place dans les communautés du logiciel libre, des droits numériques et de la technologie. Avec sa récente réintégration au conseil d’administration de la Free Software Foundation, nous demandons que l’ensemble du conseil d’administration de la FSF démissionne et que RMS soit démis de tous ses postes de direction », peut-on lire dans la lettre ouverte, qui réclame également une mise au ban de la FSF, en appelant à cesser toute participation à des projets ou des évènements de la FSF.

Pourquoi tant de véhémence ? La réponse se trouve dans une partie annexe de la lettre ouverte, où les auteurs ont listé quelques sorties polémiques de Richard Stallman, au delà de ses propos en marge de l’affaire Epstein. Par le passé, l’informaticien a notamment estimé que le sexe avec des mineurs consentants ne devait pas être considéré comme du viol, et qu’il n’était pas prouvé qu’une telle relation était forcément mauvaise pour l’enfant. Par ailleurs, la production d’images pédopornographiques était, certes, répréhensible à ses yeux, mais il ne voyait pas pourquoi la possession devait l’être aussi.

Il pensait également qu’une femme enceinte d’un bébé trisomique devait systématiquement avorter. Selon lui, il n’y avait « rien de bénéfique » à augmenter le nombre de personnes trisomiques dans le monde. Concernant la pédophilie, Richard Stallman a toutefois changé d’avis. En septembre 2019, il a dit avoir compris pourquoi le sexe avec les enfants pouvait provoquer des dégâts psychologiques.

Source: Lettre ouverte, Ars Technica

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Gilbert KALLENBORN