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Réduire sa facture avec les VPN mobiles

Les trois opérateurs cellulaires français affichent aujourd’hui une offre de services de VPN mobiles dans leur catalogue. De plus en plus d’entreprises, dont beaucoup de PME, s’en équipent. Ces services leur permettent de baisser les coûts des appels internes à la flotte de téléphones mobiles, tout en bénéficiant de la numérotation abrégée.

On a beau l’évoquer depuis des années, la convergence fixe-mobile tarde à émerger. Il est toujours impossible de ne disposer que d’un terminal, ou tout du moins d’un seul numéro, que l’on soit au bureau ou en déplacement. Avec les réseaux privés virtuels mobiles, le rêve commence à devenir réalité, en tout cas pour les appels téléphoniques internes à la société. Ils permettent d’inclure les mobiles dans le plan de numérotation de l’entreprise. La société peut ainsi appeler ses téléphones GSM via un numéro abrégé, qui correspond, le plus souvent, aux quatre derniers chiffres du numéro fixe de l’interlocuteur. Les utilisateurs de GSM peuvent, eux aussi, communiquer avec les autres postes de l’entreprise, qu’ils soient fixes ou mobiles, via des numéros courts.Pour utiliser un VPN (Virtual private network), aucune installation n’est nécessaire. Il suffit de souscrire à une option supplémentaire (qui coûte entre 0 et 30 F ht, par mois et par terminal). En revanche, pour bénéficier de coûts réduits sur les appels fixes à destination des mobiles de sa flotte, l’entreprise devra prévoir le budget nécessaire à la reprogrammation de son PABX. En fait, la technologie des VPN est localisée dans les infrastructures des opérateurs. L’intelligence de leurs réseaux identifie le terminal (et donc le VPN auquel il appartient) et reconstitue le numéro complet du correspondant appelé.

Les opérateurs jouent la carte de la séduction

Ces solutions, encore peu répandues, commencent à séduire certaines entreprises, d’autant que les opérateurs, qui ont dû consentir de lourds investissements, en font une promotion attrayante, tant elles constituent un outil précieux. Le VPN mobile permet de fidéliser les clients, de capter du trafic nouveau et de gérer tous les terminaux d’une entreprise. France Télécom, qui n’a lancé son service Itinéris réseau d’entreprise qu’à la fin de l’année dernière, vise en priorité les grandes sociétés, déjà utilisatrices de VPN fixes. Mais les VPN mobiles ne s’adressent pas seulement à ces dernières. SFR estime que moins de 20 % de ses abonnés entreprises sont aujourd’hui également clients de son service de VPN mobile, Convergence, tandis que Bouygues Telecom déclare qu’un quart de ses clients entreprises ont opté pour son offre Cohesys.

Mener un audit de sa consommation

e VPN s’inscrit souvent dans une stratégie plus large de remise à plat des abonnements cellulaires. En effet, ces derniers ont été fréquemment pris à la volée et auprès de plusieurs opérateurs. En outre, les forfaits ne sont généralement pas consommés en totalité.Après avoir étudié leurs différentes factures, les gestionnaires de flottes de téléphones mobiles arrivent souvent à la conclusion qu’ils ont intérêt à faire migrer tous leurs abonnements chez un même fournisseur, ce qui leur permettra de négocier des remises sur volume. La solution du VPN – qui nécessite que tous les téléphones GSM de l’entreprise relèvent du même opérateur – s’impose comme un bon moyen de réduire les coûts. “Nous sommes passés par plusieurs phases avant d’adopter un service de VPN mobile, se souvient Loïc Baron, chargé des services généraux des Transports Lahaye. En 1997, nous avons mené un audit sur notre budget de téléphonie mobile. Nous avons alors décidé de centraliser les achats de nos différents établissements, et signé un contrat cadre avec SFR, qui a repris toute notre flotte. En 1998, nous avons adapté nos forfaits et contrôlé nos consommations. En 1999, afin d’optimiser nos coûts, nous avons fait le choix de Convergence.”La motivation des entreprises qui souscrivent à un service de VPN est avant tout financière. “La numérotation abrégée est un luxe, qui ne nous est pas vraiment utile. Ce qui nous intéressait, c’était les économies que nous pourrions réaliser”, estime David Lau Lam, p.-d.g. de Business & Décision, cabinet de conseil et d’ingénierie. Pour convaincre leurs prospects, les opérateurs usent d’arguments économiques alléchants… Ainsi, avec Cohesys, Bouygues Telecom facture les appels émis d’un poste fixe de l’entreprise vers un mobile enregistré sur le VPN à moins de 0,50 F ht la minute.

Analyser tous les tickets de taxation des PABX

se laisser séduire par ces seuls tarifs, encore faut-il s’assurer que la formule choisie est parfaitement adaptée. Pour cela, il convient d’analyser tous les tickets de taxation des PABX, pour savoir si les mobiles appelés appartiennent ou non à des collaborateurs de la société. Dans son argumentaire de vente, un des trois opérateurs français affirme que, en général, plus de 50 % des communications vers les mobiles sont à destination des GSM de l’entreprise. Il est cependant plus prudent de vérifier ce ” postulat “, comme l’a fait Dominique Hamon, en charge des mobiles chez EDF-GDF : “Seuls 10 à 20 % de nos communications d’un poste fixe vers des mobiles étaient à destination de nos GSM. Les propositions de VPN des opérateurs n’avaient donc pas, pour nous, un impact suffisant. Actuellement, nous avons plutôt intérêt à négocier des prix intéressants.” Lorsque les appels de postes fixes sont en majorité destinés à des mobiles externes à la flotte de l’entreprise, les passerelles, branchées au PABX, simulent un GSM afin de les convertir en communications de mobile vers mobile, donc à des tarifs plus avantageux. “Comme les trois quarts des entreprises en France, j’utilise des passerelles, avoue un gestionnaire de flotte. Elles seront d’ailleurs rentables, tant que le prix de la minute de communication fixe vers mobile ne sera pas inférieur à 1 F ht. Et encore ! Car le retour sur investissement de ces outils est extrêmement rapide.”Au contraire, après six mois d’observation, Robert Gilsanz, directeur technique chez Astem Sécurité, PME spécialisée dans le secteur de la sécurité incendie, s’est aperçu qu’il appelait surtout les GSM de ses techniciens de maintenance et d’installation. Il avait donc tout intérêt à souscrire à une offre de VPN. C’est également le cas des Transports Lahaye. L’entreprise est allée plus loin dans cette démarche. Pour bénéficier au maximum de ces tarifs préférentiels, Loïc Baron a bloqué, sur ses PABX, la possibilité d’appeler les mobiles dont le numéro commence par 06. “Au niveau de l’exploitation, pour tous les appels à destination des mobiles, internes ou externes à notre flotte, nous utilisons des terminaux 8 W, eux aussi enregistrés dans notre VPN mobile. En créant des profils de consommation, en fonction des divers services de l’entreprise, nous avons, aujourd’hui, une maîtrise totale de nos coûts “, ajoute Loïc Baron.

Consommation en hausse, facture en baisse

La souscription à un service Cependant, avant de Grâce aux tarifs de son VPN et aux restrictions d’appels de certains terminaux, Loïc Baron estime qu’il a réduit sa facture de 23 % en un an, alors que, dans le même temps, sa consommation progressait de 16 %. Cependant, pour bénéficier des tarifs des VPN vers tous ses mobiles, l’entreprise doit enregistrer la totalité de ces derniers chez le même opérateur. Et cela a un coût. En effet, il faut changer les numéros des GSM abonnés chez les opérateurs concurrents et, donc, prévenir ses interlocuteurs, notamment en faisant imprimer de nouvelles cartes de visites.Pour contacter les chauffeurs de ses 270 camions, l’entreprise compose toujours le préfixe 98, suivi de l’identifiant du véhicule. Pour joindre un des téléphones 8 W qui servent de borne mobile dans les bureaux, il convient de composer le 99, puis deux chiffres correspondant au site que l’on veut atteindre, suivis des deux chiffres représentant le numéro de la borne. Enfin, pour appeler les cadres sur leur mobile, il suffit de composer le 66, suivi des quatre derniers chiffres de leur numéro SDA (sélection directe à l’arrivée) ; et, pour les contacter sur leur fixe, de faire le 77 au lieu du 66. La SNCF a adopté le même principe pour ses contrôleurs, qui peuvent ainsi prévenir les services via un numéro abrégé, en cas de besoin. Il est également possible de joindre un train avec son numéro de mission. “Nous avons dû résilier tous nos contrats. La dénumérotation est gênante. Mais, dans notre cas, peu de numéros mobiles sont communiqués à l’extérieur, sauf ceux de nos commerciaux… qui ne sont que quatre ! Je pense que pour qu’un changement d’opérateur vaille la peine, il faut que les gains dégagés soient d’au moins 20 %”, estime Robert Gilsanz.La perspective de n’avoir plus qu’un seul opérateur ne semble pas réellement gêner les entreprises, hormis certaines grandes sociétés qui, avec des flottes très importantes, et du personnel dédié pour les gérer, peuvent se permettre de négocier avec plusieurs fournisseurs.Mais, même si on n’y croit pas, il est nécessaire d’en passer par cette numérotation abrégée pour bénéficier des tarifs préférentiels des VPN.“Je ne pense pas que nous soyons enchaînés à notre opérateur, si les concurrents sont capables, eux aussi, de nous proposer ce système de numérotation simplifié. Ce n’est pas parce que je suis satisfait aujourd’hui que je ne reste pas en éveil”, insiste Loïc Baron. “C’est sans aucun état d’âme que je changerai demain de fournisseur”, renchérit Robert Gilsanz.En effet, les opérateurs sont, en général, capables de reprendre en intégralité la flotte gérée par le VPN d’un concurrent, sans modifier le plan de numérotation. Le directeur technique d’Astem Sécurité est d’autant plus serein qu’il n’utilise pas le service de numérotation abrégée de Bouygues Telecom en tant que tel. Avant d’adopter un service de VPN, il avait déjà programmé son PABX afin que les salariés puissent joindre un mobile de la flotte via un numéro court. La souscription à Cohesys n’a rien changé aux habitudes des utilisateurs, qui ont continué à composer les mêmes numéros. Pour cela, Robert Gilsanz a simplement reprogrammé son autocommutateur avec les nouveaux numéros GSM. S’il change à nouveau d’opérateur, Astem n’aura simplement qu’à reprogrammer son autocommutateur.

La numérotation abrégée, passage incontournable

Pour utiliser intelligemment la numérotation abrégée des VPN mobiles, il est, cependant, primordial de remettre à plat son plan de numérotation.“Il faut y réfléchir sérieusement et anticiper, si l’on veut être efficace. Ensuite, le VPN simplifie la vie, et il n’est plus nécessaire, par exemple, de tenir à jour des annuaires papier”, estime Loïc Baron.Pour contacter les chauffeurs de ses 270 camions, l’entreprise compose toujours le préfixe 98, suivi de l’identifiant du véhicule. Pour joindre un des téléphones 8 W qui servent de borne mobile dans les bureaux, il convient de composer le 99, puis deux chiffres correspondant au site que l’on veut atteindre, suivis des deux chiffres représentant le numéro de la borne. Enfin, pour appeler les cadres sur leur mobile, il suffit de composer le 66, suivi des quatre derniers chiffres de leur numéro SDA (sélection directe à l’arrivée) ; et, pour les contacter sur leur fixe, de faire le 77 au lieu du 66. La SNCF a adopté le même principe pour ses contrôleurs, qui peuvent ainsi prévenir les services via un numéro abrégé, en cas de besoin. Il est également possible de joindre un train avec son numéro de mission.Cependant, nombre de gestionnaires de flotte ne sont pas convaincus de l’utilité de cette fonction. “La numérotation abrégée ne sert pas à grand-chose, car on peut stocker au moins cent numéros sur les cartes SIM. Je préfère donc donner des cartes SIM programmées avec le nom des collaborateurs et leurs numéros. De toute façon, il est plus facile de se souvenir du nom de ses interlocuteurs que de retenir leur numéro, même s’il est abrégé”, tranche Dominique Hamon.Mais, même si on n’y croit pas, il est nécessaire d’en passer par cette numérotation abrégée pour bénéficier des tarifs préférentiels des VPN.“Si on appelle en composant le numéro long, on ne bénéficie pas de la tarification avantageuse du VPN. Il a fallu un ou deux mois pour que les gens s’habituent à composer les abrégés”, explique Robert Gilsanz. “Il faut en permanence s’assurer que le personnel utilise bien la numérotation abrégée, confirme Loïc Baron. D’ailleurs, quand un de nos collaborateurs nous appelle, nous lui demandons systématiquement s’il a bien composé le numéro à six chiffres. S’il a oublié de le faire, il raccroche et rappelle avec le numéro abrégé.”

Les services à valeur ajoutée sont à venir

Si les opérateurs promettent d’autres services à valeur ajoutée sur leurs VPN mobiles, ils se limitent, aujourd’hui, à la numérotation abrégée.“J’attends avec impatience la possibilité de changer à distance les profils et les numéros autorisés en direct via un Extranet”, explique Loïc Baron. Cela devrait être possible au milieu du mois de mai 2001, assure-t-on chez SFR. Mais les opérateurs réfléchissent également à de nouveaux modes de tarification, puisque c’est ce qui incite les gestionnaires à s’abonner. La filiale mobile de Cegetel envisagerait aussi de proposer des tarifications différenciées en fonction de la localisation des mobiles. Ainsi, un abonné GSM se trouvant dans les locaux et appelant un poste fixe de l’entreprise paierait la communication moins cher que s’il téléphonait de l’autre bout de la France.Cette innovation, qui permettrait d’avoir les avantages tarifaires du GSM sur site, donnerait enfin la possibilité d’intégrer réellement le mobile à la téléphonie de l’entreprise.

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Claire Chevrier