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Rachat de Peoplesoft par Oracle : les utilisateurs sur le qui-vive

Dix-huit mois après le début des hostilités, l’OPA prend fin. Les actionnaires dansent. Mais qu’en pensent les utilisateurs ?

Après l’inconnu, le flou. Mais d’abord la surprise. Tout le monde s’attendait à des batailles rangées devant les tribunaux et à une lutte serrée pour l’obtention de la majorité au conseil
d’administration de Peoplesoft au premier trimestre 2005. Un chiffre ?” 26,5 dollars par action ?” et quelques garanties ?” encore non publiques ?” ont précipité
l’épilogue de ce feuilleton commencé quelques jours après l’annonce du rachat de JD Edwards par Peoplesoft en juin 2003.Pour les actionnaires de Peoplesoft, c’est une bonne affaire. L’offre est nettement supérieure à la proposition initiale de 16 dollars par action, qui ne portait toutefois que sur Peoplesoft et non sur JD Edwards.
Pour les utilisateurs des logiciels de Peoplesoft, l’inquiétude est de mise.

Méfiance

L’arrogance de Larry Ellison et ses revirements sont restés dans la mémoire de tous et en particulier dans celle des utilisateurs. Du coup, les directeurs informatiques, s’ils ont envie de croire le dirigeant
d’Oracle lorsqu’il parle des projets concernant les produits actuels et ceux à venir, se méfient quand même un peu. ‘ J’ai tendance à croire ce que dit Oracle sur le futur des produits, mais il n’y a rien
de gravé dans le marbre ‘
, tempère Franck Lasserre, DSI de Weishardt, spécialiste de la gélatine implanté à Graulhet (Tarn).Et dans ce cas, rien de tel que de prendre ses précautions. ‘ Je compte plus sur moi que sur le fournisseur ‘, dit Jean-Christophe Durand, DSI de Riso Europe, société spécialisée dans l’impression
haut volume et les multicopieurs. L’un comme l’autre avaient planifié une migration vers la version la plus récente de
Enterprise One.Chez Weishardt, la migration qui débutera prochainement doit assurer trois ans de stabilité. ‘ Cette migration était prévue. Elle était nécessaire pour le respect de certaines règles légales et pour bénéficier de nouvelles
fonctionnalités dont nous avions besoin ‘
, précise Franck Lasserre. Chez Riso Europe, où elle démarre le mois prochain, Jean-Christophe Durand maintient sa stratégie : ‘ Une migration ne coûte pas cher. Car
j’ai les compétences en interne. Alors que changer de logiciel est plus onéreux. ‘
Chez Martini-Rossi, l’opération a été conduite au début de l’année 2004. Tranquille, Paolo Daperno, son DSI, se veut aussi pragmatique : ‘ Notre progiciel est stratégique. Peu importe qui le développe
et qui le maintient, ce qui nous intéresse est qu’il continue à évoluer. ‘
Des garanties attendues également par BNP-Paribas, rapidement. ‘ La seule chose qui m’importe est que les dirigeants
d’Oracle confirment qu’ils vont investir pour assurer la pérennité et l’évolution de ces solutions ‘
, insiste Alexandre Karras, DSI métier des gestions d’actifs du groupe bancaire.

Une migration forcée dans trois ans ?

Face à cette défiance des utilisateurs de Peoplesoft, Oracle propose une part plus importante de la R&D au service des utilisateurs et du support des produits actuels, ainsi qu’un produit de convergence à un horizon de 30 à
36 mois. Ce délai paraît cependant bien court, même si les deux progiciels s’appuient en partie déjà sur les services Web. Quant à ceux qui veulent conserver leurs produits, l’éditeur devra les séduire avec des outils de migration
faciles.Ils expriment des craintes, mais pas la volonté de partir vers la concurrence, qui d’ailleurs s’appauvrit. Il aura suffi, en effet, de quelques semaines pour que le marché français des éditeurs de logiciels de gestion
d’entreprise se retrouve avec un quarté de tête largement détaché des autres compétiteurs.Cinquième en France, selon le cabinet d’analyses Pierre Audoin Consultants, le chiffre d’affaires d’Intentia (32 millions d’euros) pèse trois fois moins lourd que celui de Cegid ! Celui-ci est au
quatrième rang, derrière SAP (170 millions), Sage (134 millions) et Oracle (123 millions).‘ On ne pourra plus dire que la concentration de ce marché est inévitable, considère Eric Ménard, consultant du cabinet d’analyse. Elle est devant nos yeux. ‘ Les forces en
présence ne bougeront donc plus ? Ou bien, est-ce un acteur tel SAP qui profitera de cette inquiétude des utilisateurs ?‘ Cela dépendra de la façon dont Oracle va communiquer auprès de ses clients, poursuit Eric Ménard. Mais il n’est pas certain que les clients PeopleSoft aient envie d’avoir chez eux de l’Oracle du sol
au plafond. ‘
Reste que, pour l’heure, Oracle pêche sur la verticalisation de ses produits. Là où SAP se démarque encore.

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Jean Marie Portal et Pierre Landry