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Pourquoi Nvidia rachète ARM pour 40 milliards de dollars

Après quelques semaines de rumeurs, l’information est officielle, Nvidia a d’annoncé le rachat d’ARM. Une acquisition portée par des enjeux gigantesques et un mot-clé : l’intelligence artificielle.

Nvidia, géant des cartes graphiques et des puces qui animent les progrès de l’intelligence artificielle depuis environ dix ans maintenant, vient d’officialiser le rachat pour environ 40 milliards de dollars (dont 21,5 milliards en actions) d’ARM, auprès de SoftBank.

Au cours d’une conférence téléphonique Jensen Huang, le fondateur et patron de Nvidia, et Simon Segars, d’ARM, ont expliqué les grands axes qui ont motivé ce rapprochement. Avec son sens de l’humour habituel, Jensen Huang a d’emblée assuré que ce rachat s’inscrit dans une course au long cours pour laquelle sa société voit grand : « Nous sommes ceux qui ont misé le plus haut, parce que nous sommes les plus motivés », a-t-il déclaré. Pourquoi ?

Renforcer sa stratégie d’omniprésence

Parce qu’avec plus de 130 milliards de processeurs ARM produits jusqu’en 2019, la société britannique est omniprésente. Ses puces trouvent place aussi bien dans l’univers de l’Internet des objets (IoT) que dans les supercalculateurs. Nvidia lui-même produit des puces ARM pour ses propres produits ou pour la Switch de Nintendo.

Cette omniprésence correspond parfaitement à celle que Nvidia, qui depuis plusieurs années entend être présent avec ses puces du cloud au edge computing (quand la puissance de calcul est déportée directement dans les appareils connectés, que ce soit une caméra de surveillance ou un petit robot).

Le rachat d’ARM est aussi pour Nvidia l’occasion de doper son écosystème de manière significative.

Une fusion de savoir-faire

A écouter Jensen Huang, ce rachat est aussi l’occasion de fusionner deux sommes technologiques, deux ensembles de propriétés intellectuelles essentielles. Le savoir-faire d’ARM dans la scalabilité, par exemple, celui de Nvidia dans des puces ultraperformantes pour les calculs parallèles, aussi. Les deux acteurs partageant une même quête de l’économie d’énergie.

Le patron de Nvidia laisse imager un monde où le savoir-faire graphique de sa société pourrait exister dans les SoC ARM, par exemple. Mais au-delà de ce rapprochement évident, un autre enjeu motive ce rachat : l’Intelligence artificielle. Domaine dans lequel Nvidia a appris à peser ces dernières années.

Jensen Huang a indiqué que la nouvelle structure sera synonyme d’un investissement lourd en R&D dans le domaine de l’intelligence artificielle. Une des manifestations de cet effort sera la création d’un « centre de recherche de classe mondiale », associé à la construction d’un supercalculateur ARM/Nvidia, à Cambridge, où est actuellement situé ARM. C’est un autre enjeu auquel Nvidia doit faire face, rassurer les autorités britanniques que le bijou technologique et économique qu’est ARM ne lui est pas dérobé.

Evidemment, Nvidia a tout intérêt à avoir les autorités de régulation de son côté, car ce rachat devra être approuvé au cours d’une procédure qui devrait prendre au moins un an. Mais sur le papier la promesse est belle. « Ce rachat n’est pas une consolidation », selon Jensen Huang, car « les activités des deux sociétés se chevauchent peu ». Il n’y aurait donc pas de risque d’aboutir à une situation monopolistique. « Ce rachat est synonyme de croissance, de coopération, de rapprochement de compétences et de savoir-faire différents », a-t-il ajouté. « Notre objectif est de créer quelque chose d’unique ».

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Pierre FONTAINE