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Plainte antitrust : Google contre-attaque et pointe du doigt Microsoft et Apple

Dans un billet de blog, la firme conteste la plainte pour abus de position dominante déposée par le gouvernement américain. Elle dit en substance qu’elle n’impose en aucun cas ses services… c’est juste que les internautes les préfèrent.

Google abuse-t-il de sa position dominante dans le marché de la recherche sur le Web et la publicité en ligne ? Une plainte déposée par le gouvernement américain accuse le géant, qui n’a pas tardé à réagir pour la contester. Dans un long billet de blog, Kent Walker, Senior Vice President en charge des « Global Affairs » qualifie cette plainte de « profondément critiquable. Les gens utilisent Google parce qu’ils le choisissent, pas parce qu’ils y sont forcés ou qu’ils ne trouvent pas d’alternative ».

Microsoft et Apple contrôlent les « têtes de gondole »

Walker prend ensuite une longue suite d’exemples afin de tenter de montrer pourquoi Google, malgré sa puissance, n’est pas une firme si différente des autres.

« Oui, à l’instar d’innombrables autres entreprises, nous payons pour faire la promotion de nos services, comme une marque de céréales qui paierait un supermarché pour être en tête de gondole. Quand vous achetez un smartphone ou un ordinateur, il y a aussi une tête de gondole : l’écran d’accueil. Sur mobile, cet écran est contrôlé par Apple, ou par des entreprises comme AT&T, Verizon, Samsung ou LG. Et sur les ordinateurs, cette tête de gondole est largement contrôlée par Microsoft. »

Selon Walker, Google ne peut donc avoir de position dominante, car il négocie et paie, comme d’autres entreprises, pour avoir accès à l’écran d’accueil des smartphones.
Il oublie toutefois de dire que sa firme n’hésite pas à mettre des sommes faramineuses sur la table : d’après un rapport britannique cité récemment par The Verge, Google aurait dépensé plus d’un milliard d’euros pour figurer en « tête de gondole » sur les écrans de nos voisins d’Outre-Manche, dont une bonne partie versée à Apple. En 2018, un analyste de Goldman Sachs estimait que Google avait dépensé pas moins de… neuf milliards de dollars pour conserver sa première place dans la boîte de recherche de Safari !  Difficile, dans ces conditions, pour des acteurs comme Qwant ou DuckDuckGo de lui faire concurrence…

Qu’importe : afin de prouver sa bonne foi, Google nous propose un « tuto » qui montre à quel point il est facile de changer de moteur de recherche sur Mac ou iPad. Et n’hésite pas à pointer du doigt d’autres Gafa, qui privilégient leurs propres services. A l’image de Microsoft, incontournable sur le marché de l’ordinateur personnel… qui impose Bing comme moteur de recherche par défaut à la fois dans la barre des tâches de Windows 10 et sur le navigateur Edge, lui-même installé d’emblée.

Et Android, dans tout ça ?

Reste l’épineuse question d’Android, un OS gratuit et « libre » certes, mais dont les services Google sont une composante indispensable – Huawei en sait quelque chose. Google le reconnaît, il a une place de choix sur tous les smartphones qui profitent de l’OS maison :

« Sur les appareils Android, nous avons des accords promotionnels avec les opérateurs et les fabricants d’appareils pour afficher les services Google. Ces accords nous permettent de distribuer Android gratuitement, donc ils réduisent directement le prix que les gens paient pour leurs téléphones. Mais malgré ces accords, les opérateurs et fabricants préchargent souvent de nombreuses applications et app stores concurrents. »

Le géant rappelle qu’il est effectivement facile de changer de moteur de recherche par défaut. Reste que ces accords demeurent opaques. L’un d’entre eux, qui avait fuité en 2014, montrait à quel point Google imposait des conditions draconiennes à HTC pour figurer en « tête de gondole ».  

Mais d’après Walker, l’essentiel n’est même pas là : « La chose qui compte le plus, c’est que les gens n’utilisent pas Google parce qu’ils y sont obligés, mais parce qu’ils choisissent de le faire. » écrit-t-il de nouveau en fin de billet. 
Avant de rappeler que la plupart des applications les plus populaires du marché (Instagram, TikTok, Snapchat…) ne sont pas préinstallées : les utilisateurs choisissent de les télécharger.

Enfin, il précise que Google ne se bat pas seulement contre des moteurs de recherche « généraux » comme Bing, mais aussi contre des acteurs qui, chacun dans leur spécialité, connaissent un plus grand succès que le sien, comme Twitter pour l’actualité ou Amazon pour le shopping, par exemple.

Pour toutes ces raisons, Google estime que la cour lui donnera raison. Une seule chose est sûre, la bataille sera longue et âpre.

Source : Billet de blog de Google

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Eric Le Bourlout