Android : les contrats secrets entre Google et fabricants de mobiles dévoilés

Deux accords confidentiels qui lient Mountain View aux fabricants de smartphones Android ont été publiés sur la Toile. Ils révèlent notamment les conditions pour accéder au Play Store. Des pratiques anti-concurrentielles ?
On pense souvent à tort que l'Android installé sur nos smartphones est un logiciel 100 % Open Source. Pas tout à fait : les programmes du Play Store, de Gmail ou encore de l’appli Youtube sont des secrets jalousement gardés par Google.

Et pour préinstaller ces applis sur le mobile qu’ils vous vendent, afin de profiter de la boutique en ligne énorme de Google, HTC, Samsung, Sony et les autres doivent impérativement signer un joli contrat avec la firme de Mountain View.
Deux de ces contrats, baptisés MADA (pour Mobile Application Distribution Agreement, « accord de distribution des applications mobiles ») ont été postés sur le web par Benjamin Edelman, un consultant qui, il l’avoue volontiers, travaille pour des concurrents du géant de la recherche. Des pièces « hautement confidentielles » qu’il a pourtant le droit de publier, car elles ont été produites dans le cadre du méga procès qui oppose Oracle à Google.
Une série de règles strictes
Et ces accords –signés avec HTC et Samsung en janvier 2011- s’avèrent être une lecture diablement intéressante. On y apprend que pour avoir le droit d’installer la suite d’applis Google, le fabricant doit se plier à une longue liste d’exigences. Il doit par exemple intégrer l’ensemble des applis Google concernées sur son smartphone. Impossible donc de profiter de Google Play sans également préinstaller le réseau social Google+, Youtube et Gmail...
Le contrat stipule également que la barre de recherche Google ainsi que l’icône de Google Play (à l’époque, il s’appelait encore Android Market) doivent « au moins être placés sur l’écran adjacent à l’écran d’accueil par défaut ». Et que « toutes les autres applications Google ne doivent pas être placées au delà d’un niveau en dessous de la barre de recherche ». Voilà pourquoi, lorsque vous allumez pour la première fois un mobile sous Android, les applis Google et la barre de recherche sont largement mises en avant.
Et la liste de contraintes ne s’arrête pas là : les fabricants doivent également utiliser Google comme moteur de recherche par défaut, ainsi que ses services de localisation. Il existe même de drôles de clauses, comme celle qui indique que le fabricant s’engage à ne pas intégrer de virus et autres malwares dans les applications Google. Ouf !
Une menace pour la concurrence ?
Benjamin Edelman ne s’est pas privé de commenter les documents et de critiquer avec vigueur ces contrats qui selon lui « suppriment la compétition ». Il écrit notamment que « grâce à ces MADA, les fournisseurs alternatifs de services de recherche, de cartographie, de localisation […] ne peuvent pas battre Google au mérite ; même si un de ses concurrents propose une appli qui est meilleure que celle de Google, le fabricant est tout de même obligé de fournir celle de Google » assène-t-il.
Edelman n’est pas le seul à éplucher ces contrats. La Commission européenne s'intéresse déjà depuis des mois à d’éventuelles « barrières à l’entrée » sur l’écosystème Android, désormais ultra-dominant sur le marché des smartphones. Interviewé il y a quelques jours par Le Monde, Joachim Almunia, commissaire européen à la concurrence, indiquait que la « décision formelle d’ouvrir une enquête n’avait pas encore été prise. La question est de savoir si [pour participer à l'écosystème Android] il faut accepter des conditions pouvant être considérées comme abusives ».
Android peut être aussi 100 % open source
Reste que Google n’oblige personne à signer ces contrats pour utiliser son Android, bel et bien open source. Certains industriels ont même parfaitement réussi à profiter de l’Android Open Source Project (AOSP) –que tout un chacun peut télécharger, compiler, modifier etc.- pour bâtir un écosystème concurrent. C’est notamment le cas d’Amazon, qui avec Fire OS a profité de la couche libre AOSP pour concevoir le système d’exploitation des tablettes Kindle… Sans Google Play, mais avec une boutique en ligne maison. Quant à la distribution CyanogenMod, installable sur de nombreux smartphones, elle fonctionne aussi grâce à l’AOSP.
Et il se murmure aussi que Nokia, qui dévoilerait un smartphone sous Android au Mobile World Congress, l’utiliserait également. Pas question pour celui qui sera bientôt la filiale de Microsoft de signer un MADA !
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Hansi68
@Matthieu G
"Rappelons à nos lecteurs que MS s'est vu condamné de nombreuses fois par l'UE à verser des amendes substantielles"
C'est une blague j'espère ? On a des sociétés US qui pratiquent l'évasion fiscale depuis des années : elles n'en ont rien à faire de payer quelques millions ou milliards d'euros d'amende si le fait de braver une loi leur rapporte plus. Et c'est toujours le cas avec la vente liée.
L'Europe s'imagine beaucoup trop un pouvoir qu'elle n'a pas, et pour cause : elle a elle-même créé sa situation de dépendance, à trop favoriser la facilité immédiate - erreur qu'elle continue encore et toujours à l'heure actuelle.
"que MS s'est vu imposer le ballot screen pour son navigateur"
Ce qui est parfaitement ridicule. Viser le navigateur au bout de 10 ans de monopole absolu, après avoir coulé le concurrent Netscape à l'époque grâce à la vente liée - c'est de la rigolade, sans compter que microsoft tend toujours à tricher. Sous w8 par exemple, vous lui collez Firefox en navigateur par défaut, puis vous cliquez sur un lien internet, et là, il vous réaffiche une liste de navigateurs, avec bien entendu ie par défaut.
Si c'est pas du magnifique foutage de gueule, et un pied de nez magistral à ces petits européens, je ne sais pas comment il faut appeler le procédé.
" alors que ce dernier est absent de tous les devices Android façon Google "
Que peut-on attendre d'un boulet qui n'a pas été foutu d'assumer la maintenance de son propre navigateur sur les postes fixes xp, quand tous les concurrents proposent encore aujourd'hui des alternatives viables et fiables ?
"qu'il est tout à fait possible de trouver des PC sans OS installés"
Pour les gens avertis, certes, mais pas pour un grand public maintenu dans l'ignorance des solutions alternatives, même si ce dernier point tend enfin à évoluer en ce moment...
"qu'enfin il y a toujours plus de téléchargements illégaux de Windows que de téléchargements légaux des distribs Linux"
Affirmation gratuite : on n'est plus 10 ans en arrière quand microsoft régnait en maître absolu. Les alternatives libres ont largement fait leur preuve, et au niveau environnement graphique, il suffit de comparer un environnement w8 infâme face à un MATE simple et efficace pour s'en assurer. Qui plus est, quand on voit les partenaires industriels de la fondation Linux, il n'est pas étonnant de constater que le noyau windows n'arrive déjà plus à convaincre les industriels.
La roue a commencé à tourner il y a quelques années déjà. Et beaucoup de se poser enfin la question de savoir si vendre sa liberté contre une facilité immédiate est finalement une stratégie pérenne et réaliste. -
Matthieu G
Et allez, encore un petit tacle à MS, tu ne peux pas t'en empecher. Rappelons à nos lecteurs que MS s'est vu condamné de nombreuses fois par l'UE à verser des amendes substantielles, que MS s'est vu imposer le ballot screen pour son navigateur, alors que ce dernier est absent de tous les devices Android façon Google malgré son écrasante domination dans les OS mobiles, qu'il est tout à fait possible de trouver des PC sans OS installés et qu'enfin il y a toujours plus de téléchargements illégaux de Windows que de téléchargements légaux des distribs Linux.
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Vyse69
Google offre un OS gratuit, il est normal qu'il impose des contraintes, et encore, il offre aussi une version 100 % open source ... je ne vois donc pas où est le problème, si les concurrents veulent s'imposer, qu'ils utilisent l'open source ou qu'ils créent un nouvel OS !
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Hansi68
Mais quel est donc le but de cette campagne anti-google orchestrée depuis des mois ?
On a d'un côté la vente liée matériel/logiciel en magasin, qui assure le monopole de microsoft sur pc depuis plus de 20 ans, donc un passe-droit anti-concurrentiel qui n'a JAMAIS été remis en cause, et que microsoft utilise habilement pour freiner au maximum l'arrivée de GNU/Linux et du libre.
Et de l'autre, voilà google qui fait exactement de même en téléphonie mobile, et d'un seul coup, c'est inacceptable, intolérable, non mais pour qui il se prend celui là ?!
Il y a vraiment des (grosses) baffes qui se perdent à Bruxelles...
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