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Pierre Fauquenot (Amadeus-Dirigeants)

‘ Un DSI de transition réalise une mission difficile, et rien d’autre que cela. ‘

Pierre Fauquenot, DSI de transition, loue ses services aux entreprises devant faire face à des chantiers informatiques d’envergure. Une fois l’objectif atteint, il part à la recherche de nouveaux contrats.Décision informatique : Vous êtes ‘ DSI de transition ‘ depuis quatre ans. Concrètement, en quoi consiste votre travail ?


Pierre Fauquenot : Comme tout manager de transition, un DSI de transition est un cadre expérimenté auquel une entreprise fait appel pour remplir une mission clairement définie dans ses objectifs et dans sa durée. Il
constitue une force d’appoint pour passer un cap difficile ou pour accompagner un changement technique ou organisationnel. A la différence d’un consultant, c’est un praticien et un opérationnel.Quel est votre parcours personnel ?


J’ai une double formation d’ingénieur et d’école de commerce (CPA du groupe HEC). J’ai débuté ma carrière dans les services et la distribution informatique à des fonctions de directeur commercial, de directeur marketing et de responsable
d’agence en SSII. Après sept ans passés du côté des fournisseurs informatiques, j’ai travaillé entre 1994 et 2000 dans un grand groupe industriel employant 30 000 personnes, où j’ai été successivement responsable d’une filiale aux USA,
puis adjoint au DSI. J’ai ensuite rejoint le monde des start-up pour monter deux places de marché.


Et, c’est en 2002 que j’ai participé à la création d’Amadeus-Dirigeants, une association de managers de transition, dont je suis également le DSI.Quel est le profil des entreprises qui vous sollicitent, et pour quel type de mission font-elles appel à vous ?


Ce sont essentiellement de grosses PME avec un chiffre d’affaires compris entre 50 millions et 500 millions d’euros. Confrontés à un chantier stratégique, les grands comptes préfèrent recruter un nouveau DSI. Les petites PME,
elles, n’ont pas toujours les moyens de faire appel à un DSI de transition.


Mes missions peuvent durer de trois mois à deux ans et sont variées dans leur finalité. Il peut s’agir de construire un SI à partir de briques informatiques disparates ou de mettre en place un progiciel. C’est ce que j’ai fait
récemment dans une filiale de Suez qui disposait de 31 sites distants et de 300 postes de travail. J’ai dû concevoir un SI unique, choisir un PGI et assurer la conduite du changement, le tout en sept mois.Peut-on vous qualifier de ‘ mercenaire de l’informatique ‘ ?


Dans le langage commun, ce terme est péjoratif et utilisé pour désigner un individu sans foi ni loi, n’agissant que par goût de l’argent. Mais, si on évacue cette image négative, il y a en effet des similitudes. Un DSI de transition est
un professionnel aguerri à qui on fait appel temporairement pour réaliser une mission difficile, et rien d’autre que cela. Il résout le problème, et puis s’en va.


C’est un métier passionnant, mais c’est également un choix de vie particulier avec une mobilité totale. Je le déconseille à ceux qui recherchent la sécurité ou qui courent après un titre.Privilégiez-vous systématiquement les nouveautés technologiques ?


Par goût, je suis de très près l’innovation technologique. Mais, dans une entreprise, mon rôle est de choisir la solution qui colle au mieux à la stratégie et aux besoins de cette dernière. Il est important de mettre en place des outils
que les salariés pourront s’approprier. Prenons le cas des suites bureautiques.


Aujourd’hui, je suis persuadé que l’offre OpenOffice est tout à fait crédible. Mais, je ne l’installerai jamais dans une entreprise qui n’a pas les moyens humains et techniques d’assumer ce choix après mon départ. Dans une mission de
DSI de transition, la partie technique est toujours la plus facile. Les véritables obstacles sont managériaux et humains. C’est pourquoi, il faut agir avec pragmatisme et sans idéologie.

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Didier Géneau