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Petits jeux entre amis

Les salles de jeu en réseau se multiplient dans toutes les grandes villes de France. Qui sont ces joueurs et qui sont les maîtres du jeu ? Visite chez Armaggedon, à Paris.

Le premier World Cyber Games vient de s’achever en Corée. Les quelques joueurs français qui participaient à cette grande compétition internationale du jeu vidéo ont plutôt bien défendu nos couleurs : Mathias Perriot (alias Saint-Germain) a décroché une quatrième place à Quake 3 et Bertrand Grospellier (alias Elky), une médaille d’argent à Broodwar.Ceux-là sont des champions, presque des stars. Mais ils sont des centaines de milliers d’anonymes qui, en France, s’adonnent aux jeux vidéo. Chez eux, bien sûr, sur la console ou l’ordinateur familial, mais aussi dans des salles de jeu d’un genre un peu particulier. On n’y trouve aucune machine à sous, seulement des dizaines de PC interconnectés. On s’y affronte par équipes de deux, trois ou quatre joueurs. Les jeux ? Tous ceux qui proposent un mode multijoueur, c’est-à-dire à peu près toutes les dernières nouveautés. Mais les vedettes restent tout de même Star Craft, Quake 3: Arena et Counterstrike, le préféré des “gamers “.

De tous âges… et de tous horizons

Le phénomène n’est pas nouveau. Les premières salles françaises sont apparues à Paris, vers 1995. Depuis, le jeu en réseau connaît un extraordinaire engouement, à tel point que l’on trouve aujourd’hui des centaines de salles, partout en France. Comme l’explique Frédéric, l’un des responsables de la salle de jeu Armaggedon, à Paris, “de plus en plus, les gens viennent après les cours ou le travail. Ils restent une heure ou deux, parfois plus. Pour eux, la salle de jeu en réseau remplace la partie de baby-foot ou de flipper qu’on allait faire au bistro du coin “.La raison de ce succès ? Internet, encore lui. Les joueurs se rencontrent d’abord sur les sites spécialisés. Ils forment alors des équipes appelées, en jargon gamer, des clans. Et quand vient l’envie ?” ou la nécessité pour l’entraînement ?” de se rencontrer réellement, c’est tout naturellement dans une salle qu’ils se retrouvent.Conséquence inattendue de cet engouement : une baisse sensible des prix. Alors que, voici deux ans, une heure de jeu était facturée environ 20 francs (3,05 euros), elle ne coûte plus aujourd’hui que 15 francs (2,29 euros). Cinq francs (0,76 euro) qui, pour les plus jeunes, font toute la différence. Car la clientèle aussi a changé. Si, au début, les salles n’attiraient que des adultes, elles accueillent désormais nombre de lycéens, et même des collégiens. Ils viennent jouer le mercredi après-midi, le samedi ou en fin d’après-midi, à partir de 16 h 30. “Depuis un an, un an et demi, j’ai des clients qui n’ont pas plus de 11 ou 12 ans, précise Frédéric. Pour les plus jeunes, je demande une autorisation parentale. Non pas pour que l’enfant puisse jouer, mais pour me couvrir en cas de pépin. On a beau faire attention, on ne sait jamais ce qui peut se produire dans un lieu public.” Certes, quelques parents restent pour regarder, mais rares sont ceux qui, rebutés par la violence de certains titres, refusent que leur enfant y joue, assure le responsable d’Armaggedon.En plus de se rajeunir, la clientèle s’est aussi diversifiée. Tous les milieux sont désormais représentés. Bien sûr, les salles des quartiers chics, où les parents n’hésitent pas à offrir à leurs enfants des cartes prépayées valant plusieurs centaines de francs, attirent une population plus aisée. Les autres salles ?” la majorité ?” voient venir des jeunes de tous les horizons.

La loi est muette… pour l’instant

Cette évolution de la clientèle posera tôt ou tard le problème de la législation. La loi interdit en effet aux mineurs de fréquenter les salles de jeu d’arcade, et les jeux payants (flipper, jeux vidéo, etc.) que l’on trouve dans les bars et les cafés sont défendus aux enfants de moins de 16 ans. Mais elle reste encore muette sur les salles de jeu en réseau. Lesquelles se sont regroupées en association, non seulement pour établir une charte de qualité de l’accueil et du service rendu, mais aussi pour préparer l’avenir. Car il y a fort à parier que le législateur ne restera pas longtemps insensible à ce phénomène

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Stephan Schreiber