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PC : la fin des années folles

La saturation du marché et la conjoncture économique expliquent en partie la stagnation des ventes de PC. Pour augmenter leur marge, les fabricants sont contraints d’intensifier la sous-traitance.

L’année 2001 est encore mauvaise pour les ventes de PC en France. Selon IDC, ces ventes ont chuté de 2,2 % par rapport à l’année précédente, avec 4,5 millions d’unités vendues (contre une augmentation de 0,1 % en 2000 et de 21,6 % en 1999). Du jamais vu en 16 ans. En revanche, pour la même période, les chiffres du Gartner Group montrent une augmentation de 2,2 %, avec 4,3 millions d’unités vendues (contre une baisse de 0,4 % en 2000 et une croissance de 26,7 % en 1999). Sur le segment professionnel, les chiffres des deux cabinets divergent encore. Les livraisons de PC chutent de 1 % pour IDC, tandis que le Gartner Group relève une hausse de 2 %, à 2,7 millions d’unités.Bien qu’elles diffèrent, ces études permettent de faire le même constat : le fort ralentissement enregistré en 2000 a marqué l’entrée du marché dans une phase de stagnation, confirmée en 2001. “Désormais, les entreprises sont équipées. Elles sont entrées dans une logique d’achat liée au renouvellement de leur parc “, commente Thierry Petit, directeur du marketing chez Compaq France. Explication complémentaire fournie par Peter Sutherland, directeur marketing division PC chez IBM pour l’Europe : “Aujourd’hui, les machines offrent une telle puissance que les entreprises peuvent les exploiter pendant plus longtemps.” Pourtant, la saturation du marché ne suffit pas à expliquer la stagnation des ventes. “Après des années 1998 et 1999 exceptionnelles dues au passage au nouveau millénaire, les entreprises ont freiné leurs investissements en 2000. En tenant compte des cycles de renouvellement moyens de deux à trois ans, nous nous attendions à voir les ventes reprendre cette année “, explique Isabelle Durand, analyste chez Dataquest.

Un semestre catastrophique

De fait, si, selon IDC, les ventes de PC professionnels du premier trimestre 2001 ont progressé de 15 %, le deuxième semestre s’est révélé catastrophique, avec une chute de 15 % des livraisons. Un retournement de situation imputable en grande partie aux événements du 11 septembre, qui ont accentué la dégradation de la conjoncture économique. “Les grands comptes ont réagi très rapidement face à la situation. Certains de nos clients qui s’apprêtaient à renouveler leur parc au bout de trois ans ont repoussé l’opération d’un an “, relate Laurent Desplaces, vice-président de Leasecom, un spécialiste de la location de parcs informatiques. Moins réactives, les PME n’ont pas suspendu leurs investissements aussi vite, limitant l’effondrement du marché. “Notre chiffre d’affaires global, réalisé à 80 % avec des PME, a progressé de 64 % cette année “, confirme Laurent Desplaces. De leur côté, les ventes de portables ont permis elles aussi de freiner la chute du marché. Selon Dataquest, elles ont progressé de 7 % en 2001. Dans ce domaine, les entreprises sont encore en phase d’équipement. Toutefois, “le prix des portables n’incite pas les entreprises à générer des volumes d’achats aussi importants que ceux des PC. Les ventes de portables ne peuvent, à elles seules, soutenir le marché “, regrette Christian Dubesset, directeur de la micro-informatique d’entreprise de HP en France. Les ventes de portables n’assurent pas non plus une progression en valeur. En 2001, les revenus tirés de la vente d’ordinateurs en France ont chuté de 4,9 %.

Externaliser la production

Peu de fabricants gagnent de l’argent sur la vente d’un PC. “Depuis le troisième trimestre 2001, la division PC de Compaq accuse des pertes au niveau mondial “, explique Thierry Petit. “Au cours du quatrième trimestre 2001, nous n’avons réalisé aucun profit sur la vente de PC “, ajoute Peter Sutherland. Contraints d’améliorer leur marge, les fabricants ont pris le parti de renforcer la sous-traitance pour la fabrication de leurs ordinateurs. “Depuis le deuxième semestre 2001, nous avons confié la fabrication de la majeure partie de nos PC et de nos portables à des entreprises localisées en Asie et en Europe de l’Est “, explique Thierry Petit.Même chose pour HP, en pleine finalisation d’un accord, et IBM. Ce dernier sous-traite aujourd’hui la fabrication de sa gamme de PC NetVista et d’environ 30 % de ses portables ThinkPad. Une méthode qui permet aux fabricants de commander leur PC en fonction de la demande pour, au final, réduire des stocks chers à entretenir. Dell, qui a adopté depuis longtemps cette politique de fabrication à la demande, affirme avoir réalisé 7,5 % de marge brute sur ses ventes mondiales de PC lors de son quatrième trimestre fiscal 2000. Face à la baisse de la demande, cette adaptation de l’outil de production est nécessaire pour les constructeurs qui souhaitent rester dans la course. “Cette année, le marché a été très concurrentiel. Tous les fabricants ont été amenés à accepter des affaires qui allaient leur faire perdre de l’argent. Compaq l’a fait, par exemple, pour empêcher un concurrent de prendre pied chez un client “, explique Thierry Petit. Une stratégie qui a permis à Compaq de gagner 2,7 % de parts de marché en 2001. Alors que les analystes anticipent encore une baisse en volume et en valeur du marché en 2002, la situation concurrentielle ne devrait pas s’arranger. Un contexte qui fait du recours à la sous-traitance une stratégie à long terme, mais qui devrait aussi permettre aux entreprises de réaliser des achats à bon compte.

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Fabrice Alessi, Stéphanie Renault et Laurent Sounack