Il y a encore un an, personne ne s’intéressait à Napster, le site d’échange de fichiers musicaux. Mais depuis qu’il revendique 20 millions d’utilisateurs, il est devenu une véritable poule aux ?”ufs d’or. Les jeunes pousses en mal de financement n’ont qu’à plagier son modèle pour trouver illico un investisseur.
Lightshare prépare, par exemple, un service qui permettrait à chacun de vendre des biens numériques (photos, musique, logiciels, etc. ) depuis son ordinateur sans passer par un organisme central comme iBazar ou Amazon. Parmi les dirigeants, des anciens de Netscape et d’AOL. Côté investisseurs, on retrouve Microsoft, Netscape et le moteur Google. Une autre jeune pousse, Aimster, a choisi de détourner la messagerie instantanée d’AOL pour permettre l’échange de fichiers. Là encore, des grands noms comme Intel sont cités parmi les investisseurs.
Reste que l’idée d’échanger des fichiers directement, de poste à poste, sans passer par un serveur central n’est pas nouvelle. Le concept a beau défrayer la chronique, personne n’arrive encore à en tirer des profits. Même Napster, malgré ses 20 millions d’utilisateurs, éprouve les plus grandes peines à engranger des revenus.
Ironie du sort, ce sont aujourd’hui les fabricants de PC et de périphériques qui profitent du phénomène. Grâce à Napster, les graveurs de CD, les gros disques durs, les accès internet rapides et autres baladeurs MP3 se vendent comme de petits pains. Selon PC Data, 45 % des PC sont aujourd’hui vendus avec un graveur contre 20 % l’an dernier. De fait, après le multimédia, l’échange de poste à poste apparaît comme la dernière ” excuse ” pour renouveler son matériel. Pas étonnant donc que personne ne souhaite voir disparaître la poule aux ?”ufs d’or.
Maintenant que Napster est menacé de fermeture pour incitation au piratage, c’est l’industrie informatique tout entière qui lui manifeste son soutien. Apple, Microsoft, Intel, Oracle mais aussi AOL, ATT, Cisco et Yahoo! pour ne citer que les plus médiatiques, ont publiquement demandé à la Cour “de ne pas interpréter de façon trop rigoureuse la loi sur la propriété intellectuelle “. Officiellement, la démarche n’a rien d’opportuniste. Elle vise juste à “éviter de créer un précédent dommageable pour l’innovation “.
Difficile pourtant de ne pas y voir malice. Depuis cet été, par exemple, Intel se fait le chantre du poste à poste avec un nouveau credo : utiliser la puissance des PC pour effectuer des traitements distribués. Pour économiser en achats de serveurs ou pour justifier des PC plus puissants ? Idem pour les fabricants de modems câbles, ou DSL, qui incitent à monter son propre serveur de messagerie personnel. Sans oublier les fabricants d’antivirus qui ne voient dans ces échanges sauvages qu’un nouveau marché à conquérir. Ah, opportunisme, quand tu nous tiens !
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