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Nikon se met à son tour à l’hybride… et ce n’est pas gagné

Pour ses nouveaux compacts à objectifs interchangeables, Nikon opte pour un capteur plus petit que ceux de la concurrence.

Un an après l’annonce par son PDG du futur lancement de sa gamme d’appareils compacts à optiques interchangeables, Nikon lance aujourd’hui ses fameux appareils. Si Sony a ses NEX, Samsung ses NX, Nikon a désormais ses Nikon 1 (prononcez « Nikon one »), une nouvelle gamme qui démarre avec deux appareils : le J1 et le V1.

Petit capteur : entre le compact et le micro 4/3

Pour sa nouvelle génération d’appareils, Nikon a fait le choix d’un capteur CMOS différent de la concurrence : faisant 13,2 x 8,8 mm (116 mm2) il est 2,5 fois plus grand qu’un « grand » capteur de compact (comme celui de l’Olympus XZ1 qui fait 43 mm2), mais presque deux fois plus petit qu’un capteur micro 4/3 (225 mm2) et trois fois plus petit qu’un capteur APS-C (370 mm2). Un choix délicat puisque plus le capteur est petit, moins il dispose de lumière pour capturer les détails. Afin de conserver un bon niveau de précision, Nikon a dû contenir la définition à 10 Mpix, suffisante pour le grand public, mais peut-être un peu juste pour les amateurs éclairés : Olympus est à 12 Mpix avec son Pen E-P3, Panasonic à 16 Mpix avec son G3 et Sony à … 24 Mpix avec son NEX7 !

Monture CX

Ce capteur introduit une nouvelle monture chez Nikon : la monture CX. Un événement pour le constructeur japonais dont la dernière monture remonte à 50 ans ! Les optiques reflex sont compatibles avec la monture CX moyennant un adaptateur optionnel mais attention à la focale : le coefficient multiplicateur de ce petit capteur est de x2,7. Un 50 mm classique devient donc un 135 mm : on passe d’une optique standard à une optique portrait, cela change complètement son champ d’utilisation !

Deux appareils techniquement proches

Le J1 pour les experts, le V1 pour le grand public : si les deux Nikon 1 ont des cibles un peu différentes, la base technique est proche : même capteur CMOS 10 Mpix CX, mode vidéo Full HD 30p/60i (1 920 x 1 080 points encodés en h.264 + AAC encapsulé en .mov), mode RAW codé sur 12 bits, double système de mise au point (détection de phase + détection de contraste), écran de 7,6 cm de diagonale, etc. Sur le papier les deux appareils devraient offrir la même qualité d’image en photo et en vidéo.

Le J1, dédié à un public plus large, est dépourvu de viseur mais dispose d’un écran affichant 460 000 points, d’un flash pop-up intégré et sera disponible en cinq coloris.

Le V1, qui cible plus les experts, est équipé d’un viseur à base d’écran TFT de 1,44 million de points mais fait l’impasse sur le flash intégré (une griffe est toutefois présente pour en accueillir un), dispose d’un écran mieux défini (921 000 points) et d’une mémoire tampon plus importante pour les rafales. Mieux construit (magnésium et aluminium), il ne sera disponible qu’en deux coloris, noir ou blanc.

La rapidité mise en avant

Avec un capteur d’image si petit, la qualité d’image n’est pas le premier des arguments mis en avant par le constructeur (un fait assez étonnant chez Nikon) mais la rapidité. Le nouveau processeur double cœur Expeed 3 couplé à une taille de capteur modeste est en effet censé conférer aux J1 et V1 une rapidité sans équivalent dans le domaine des compacts à optiques interchangeables. Pouvant traiter 600 millions de pixels par seconde, l’Expeed 3 permet d’enregistrer les images pleine résolution à 10 images par seconde avec autofocus actif et jusqu’à 60 images par seconde avec l’autofocus désactivé.

Pas de miracle cependant, la mémoire reste un frein : le J1 ne peut garder que 12 images d’une rafale sur la carte, 30 images pour le V1. Quant à l’autofocus, il est annoncé le plus rapide du monde de sa catégorie.

Processeur puissant : nombreux raffinements

Outre cette grande rapidité de mise au point et en rafale, les nouveaux hybrides de Nikon disposent de fonctions plus ou moins inédites, telles que l’enregistrement de photos pendant la vidéo (en 8,3 Mpix puisque la vidéo est enregistrée en 16/9e sur un capteur 4/3), une fonction de pré-enregistrement permanent permettant soit de ne pas rater un cliché en déclenchant trop tard, soit de créer de courts clips vidéo (Instants animés). S’ajoute un mode Sélecteur de photo optimisé qui profite de la puissante rafale pour enregistrer 20 photos en une pression de déclencheur et proposer à l’utilisateur la meilleure (5 images sont conservées au maximum).

Parc optique à créer

Quatre optiques seront disponibles au lancement : une focale fixe grand angle 10 mm F2.8 (éq. 27 mm), un zoom standard 10-30 mm F3.5-5.6 (27-81 mm), un zoom téléobjectif 30-110 mm F3.8-5.6 (81-300 mm) et un zoom transtandard optimisé pour la vidéo 10-100 mm F4.5-5.6 (27-270 mm). Nikon a d’ailleurs ajouté que sept optiques actuellement en développement seront commercialisées au cours des 36 prochains mois.

A noter que la monture CX est propriétaire et donc fermée aux constructeurs tiers. Pendant ce temps, chez les concurrents, le format micro 4/3 dispose de plus d’une vingtaine d’optiques et les Sigma, Tamron, Voigtländer et consorts ont sorti ou prévoient la sortie d’optiques compatibles. Nikon aura donc fort à faire…

Ce qui séduit

Si Nikon réussit son pari de qualité avec un si petit capteur, la marque disposera d’un des plus petits appareils de la compétition (il reste à évaluer l’encombrement et le poids des optiques) doté de fonctions très avancées. La finition des appareils semble bonne et le programme de commercialisation du parc optique laisse présager un panel intéressant.

Les manques, les regrets et les doutes

On commence par les prix : 559 euros pour le J1 avec l’optique de base, 799 euros avec le V1 doté de la même optique. En face du premier, on trouve le NEX-C3 et les Pen E-P3, en face du second le NEX-5N. Des appareils dotés de larges capteurs, sans doute bien plus performants dans les basses lumières et dotés de systèmes plus éprouvés et plus riches en optiques… et au même prix !

Le choix de ce capteur est, selon nous, un vrai coup de poker : Nikon a intérêt à avoir réalisé des prouesses en qualité d’image pour pouvoir accrocher la concurrence ! Et quant à la taille, le V1 est plus encombrant qu’un GF3 de Panasonic : l’argument de la compacité en prend un coup.

Ensuite de nombreuses choses clochent : un positionnement difficile à défendre en magasin, où de nombreux consommateurs ne jurent que par les mégapixels, pas de flash intégré pour le V1, pas de GPS intégré, pas d’écran orientable, peu de boutons (et pas de personnalisation). Le grand public, issu des compacts, adoptera-t-il cette approche ?

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Adrian BRANCO