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Mon boss, un i-salaud ?

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler ?” et parfois crier ?” plus librement…

Ne l’insultez pas. Car à sa manière, mon boss est un saint. Si son auréole n’est pas toujours visible, c’est que ses piles sont capricieuses. Et si vous appelez ” magouilles ” sa stratégie, c’est que même Sophie Marceau vous battrait aux échecs. D’accord, on le traite de Bernard Arnault de province, et alors ? Il y a de pires comparaisons, non ? Dans le genre Bernard, ç’aurait pu être un Tapie.Ce que certains, d’ailleurs, commencent à chuchoter, mais ne nous étalons pas sur ces scandaleuses diffamations… Ou plutôt, réfutons-les. Il rachète des start-up sans les payer ? À qui ferez-vous croire cela ? Ce n’est pas parce qu’il a acquis à l’automne dernier un site d’édition en ligne et qu’il n’en a payé que le cinquième, qu’il n’en paiera pas le solde. Faites-lui un peu confiance, merde ! Certes, à ses débiteurs enragés, il répond, sans aucune preuve paraît-il, que leur comptabilité était truquée, et que s’ils réclament les 500 000 francs restants, il leur colle un procès.Certes, ceux-ci, après avoir surmonté leur stupéfaction et menacé de procès, ont immédiatement obtenu qu’il verse un deuxième cinquième. Mais pourquoi a-t-il accepté de payer ce chouïa ? Pas par crainte, non. Par gentillesse. Ne souriez pas. Il aurait pu se vexer, virer gros méchant, et ne plus verser un centime. Eh bien non : il est cool, et plein de bonne volonté. Encore une fois, faites-lui confiance, c’est tout ce qu’il demande.À qui d’autre l’a-t-il demandé ? À une petite boîte de création de sites qui vient d’en fabriquer un pour l’une de nos start-up, spécialiste de la formation professionnelle en ligne. ” Ce travail devait être payé depuis plus de deux mois, hurlent ses responsables, et à cause de vous nous sommes au bord de la faillite”, se lamentent-ils ! ” Faites-moi confiance : je suis en train de recapitaliser notre groupe, ce sera bouclé dans quelques jours, et vous serez aussitôt payés “. Certes, cela fait plusieurs mois que c’est l’affaire de quelques jours, et alors ? On peut faire confiance, non ? Moi, je lui fais confiance.À mes amis de la vielle éco qui ne comprennent pas que le versement de mon salaire ait plus d’un mois et demi de retard et que je ne vole pas dans les plumes de mon boss aux prud’hommes, je réponds ?” comme lui ?” que ça ne se fait pas, et que ni lui ni moi ne sommes fonctionnaires des Postes. De plus, malgré mon manque d’expérience, il m’a nommé dircom du groupe : je sais ce que je lui dois, et je ne vais quand même pas mordre la main du roi qui m’a fait prince ! Pourtant, mes amis, pleins de la naïveté et de l’aigreur de ceux qui n’ont pas aussi bien réussi, n’en démordent pas : ” Avant de t’engager, ce salaud t’avait missionné pour une création de marques, c’est toi qui a trouvé le nouveau nom de son groupe, et quatre mois après, il ne t’a toujours pas payé ! ” J’avoue que cet argument me gêne. Je me suis résolu à lui en parler, mais il m’a posé cette question, qui m’a foutu la honte et fait plonger sous terre : ” Vous me faites confiance, ou pas ? “

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La rédaction