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Mobiles et organiseurs, des assistants trop personnels

Des assistants beaucoup trop personnels Les assistants personnels cherchent une place dans l’entreprise. Mais ils souffrent encore de la comparaison avec les PC portables. La standardisation actuelle changera peut-être la donne.

Petite devinette. Quand est apparu le premier assistant personnel communicant ? Non, ce n’est pas l’année dernière avec le Palm VII et le Sagem WA3050. Le premier assistant à stylet doté d’un modem cellulaire s’appelle EO Personal Communicator, et il date de la fin 1991.Eh oui, le concept d’ordinateur de poche, avec ou sans clavier, doté des fonctions agenda, répertoire, tableur et capable d’échanger des informations avec un PC de bureau, ne date pas d’hier ! Voilà même plus de dix ans que ce type d’ordinateur lutte contre le PC portable.Dix ans que l’on annonce que ces appareils, a priori destinés au grand public, n’en finissent pas de séduire les entreprises. Mais dix ans qu’ils restent cantonnés à des niches. Les produits vont et viennent. Des sociétés se créent et disparaissent. Les produits s’améliorent. Mais rien n’y fait. Ceux que l’on appelait ” organiseurs ” dans les années quatre-vingt-dix restent encore et toujours marginaux en entreprise.

Compatibles DOS contre propriétaires

Paradoxalement, à l’époque, les PC de poche connaissaient proportionnellement un plus grand succès qu’aujourd’hui. En 1993, par exemple, ils représentaient près de 2 % des ventes de portables, selon IDC. Le rapport est aujourd’hui passé en dessous de 1 %. Les organiseurs, il est vrai, possédaient un énorme avantage sur les PC portables : leur prix. Et, en plus, ils offraient une autonomie de plusieurs semaines et une plus grande facilité d’usage avec leur stylet.Des entreprises comme Kookaï, Martini & Rossi, Renault ou les laboratoires Bayer se sont ainsi laissés tenter dès le début des années quatre-vingt-dix. Elles ont déployé en masse des centaines de PC de poche comme terminaisons nerveuses de leurs applications d’entreprise.Les stars de l’époque se partageaient alors en deux camps : les compatibles DOS (Atari Portfolio, HP 95 LX, Poqet PC de Fujitsu) et ceux qui prônaient un système d’exploitation optimisé mais propriétaire, comme Psion ou Sharp. Grâce à sa compatibilité DOS, c’est la première catégorie qui a connu le plus grand succès en entreprise. Il faut dire que les appareils impressionnaient : dans cinq cents grammes, le Poqet PC réussissait le tour de force d’intégrer un véritable compatible PC accueillant jusqu’à 2 Mo de mémoire, un écran de vingt-cinq lignes de quatre-vingts caractères, et doté d’une autonomie de quinze jours.Fin 1991, Motorola en a même décliné une version qui le transformait en terminal d’accès pour son réseau sans fil. Disposant de deux options modem ?” filaire et cellulaire ?”, le Poqet est rapidement devenu une sorte de machine idéale pour équiper les commerciaux.Le Portfolio d’Atari a aussi connu son heure de gloire. Notamment auprès des médecins, avec des applications qui allaient de la gestion des fichiers de patients aux contre-indications de médicaments, en passant par la comptabilité et l’aide à la rédaction d’ordonnances.

Un ” gadget ” difficile à intégrer dans le système

Courant 1991, Portfolio et Poqet PC n’ont cessé de défrayer la chronique, multipliant les déploiements d’envergure. Mais, deux ans plus tard, quasiment toutes les entreprises qui les avaient plébiscités sont passées au PC portable, devenu moins cher et bien plus polyvalent avec ses applications standards. L’avènement de Windows n’a fait que les achever.D’un coup, ces appareils en mode texte sous DOS se sont retrouvés totalement dépassés techniquement. Les PC de poche ne restaient indispensables que pour certaines applications verticales, comme la saisie d’information sur le terrain, où l’autonomie est importante. Il n’empêche.Cet embryon de succès avait déjà grisé l’ensemble de l’industrie. Début 1992, la mode est aux modèles sans clavier, à stylet, capables de reconnaître l’écriture. Cette fois, c’est le grand public qui est visé. Et les grandes man?”uvres se multiplient pour concevoir le bloc-notes à stylet qui révolutionnera l’industrie.Seulement voilà, la reconnaissance de l’écriture n’est pas mature, et personne n’a trouvé l’adéquation poids, forme, taille de l’écran et fonctions. En dix-huit mois, l’euphorie cède place à la déroute : un à un, les produits sont retirés du marché. Les rares qui, comme le Newton d’Apple, parviennent à passer l’été 1994 se retrouvent recyclés sur des marché verticaux ou sur quelques niches très éloignées de leurs ambitions initiales. Là encore, ce sont les PC portables, devenus plus performants et plus autonomes, qui tirent leur épingle du jeu.Le marché des assistants personnels aurait pu en rester là si USR Robotics n’avait réussi l’alchimie Palm Pilot en 1996. Arrivé au bon moment, son génie a été de tout miser sur la simplicité. La technologie de reconnaissance d’écriture n’est pas au point ? C’est l’utilisateur qui devra adapter son écriture dans un nouvel alphabet pour être compris de la machine. Et, à l’opposé du Newton, qui misait sur les agents intelligent, le Pilot se contente de faire peu de choses, mais de les faire bien : agenda, répertoire, notes, synchronisation avec le PC. Et ça marche. Depuis, le secteur n’a jamais été aussi dynamique. Microsoft s’est d’ailleurs engouffré dans la brèche avec Pocket PC. En dix-huit mois, il a ainsi réussi à écouler quasiment deux millions d’appareils.Maintenant que le grand public est accroché, les constructeurs tentent de convaincre les entreprises de déployer en masse ces assistants. Palm OS et Pocket PC ont déjà fait main basse sur les marchés verticaux défrichés par les tablettes et les PC de poche propriétaires. Pour les applications horizontales, en revanche, ces assistants laissent encore perplexes nombre de directions informatiques, qui lorgnent volontiers les miniportables.Alors que des constructeurs comme HP, IBM ou Compaq les considèrent comme une nouvelle catégorie de postes de travail, les entreprises, elles, voient en eux, au mieux, un outil de productivité individuelle et, au pire, un gadget difficile à intégrer au système informatique. Patients, les constructeurs utilisent donc la stratégie du cheval de Troie pour s’installer durablement. Ils n’ont pas tort. Les assistants, comme les téléphones et la micro, sont des outils aussi bien personnels que professionnels. Une fois admis en entreprise, il devient très difficile de s’en débarrasser.

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Anicet Mbida