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Mobile : la téléphonie sur Internet arrivera en 2010

Alors que la VoIP 3G est disponible aux Etats-Unis, elle est toujours interdite sur les réseaux des opérateurs français. Plus pour longtemps. Bouygues Telecom, Orange et SFR devraient s’y mettre cette année. Mais à quelles conditions ?

Après avoir fait la sourde oreille depuis plusieurs années, les opérateurs de téléphonie mobile vont devoir ouvrir leur réseau 3G à la VoIP. C’est ce que vient de faire l’américain AT&T, dont le réseau 3G est désormais ouvert aux applications de VoIP que l’on peut installer sur un téléphone mobile capable d’accéder à Internet.

En transitant par le Web, ces services permettent de passer des appels gratuits (entre les utilisateurs d’une même application) ou à tarif réduit. L’application la plus répandue dans ce domaine est Skype. Mais il en existe d’autres, comme Fring, dont l’application de VoIP 3G pour l’iPhone vient tout juste d’être validée par Apple.

Des pratiques discriminatoires

Jusqu’à présent, ce genre d’outil était au mieux toléré par les opérateurs, qui en restreignaient l’accès à une connexion Wi-Fi. Dans certains pays européens comme l’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Italie, quelques opérateurs proposent de la VoIP mais la facturent en sus du forfait Internet mobile.

En France, Bouygues Telecom, Orange et SFR interdisent contractuellement l’usage de la VoIP sur leurs réseaux 3G. Mais les choses sont en train de changer. « Ils n’ont pas le choix, il vont y venir. La VoIP arrive en Europe, et la Commission européenne va mettre tous les pays sur un pied d’égalité », assure Edouard Barreiro, de l’UFC-Que choisir.

Les choses commencent effectivement à bouger devant l’attente des consommateurs et l’action des instances européennes qui considèrent la VoIP comme « une innovation technologique qui a le potentiel de changer radicalement la structure existante des marchés des télécoms » (voir encadré). Les trois opérateurs français nous ont tous déclaré être en train de travailler sur cette question, mais sans vouloir s’étendre sur un sujet qui ne les réjouit visiblement pas.

Bouygues Telecom premier de la classe ?

Mais, d’après nos informations, Bouygues Telecom pourrait être le premier à proposer de la VoIP sur son réseau, dans le courant du deuxième trimestre, peut-être à la faveur de l’arrivée de l’iPad d’Apple. Orange s’y préparerait plutôt pour la fin 2010, tandis que SFR devrait suivre cette année aussi.

Free Mobile nous a indiqué qu’il comptait, comme il s’y est engagé auprès de l’Arcep (1), proposer des services de VoIP lorsqu’il débutera son activité commerciale en 2012. « La VoIP va révolutionner les modèles actuels. A terme, les forfaits de communication, la subvention des mobiles disparaîtront », estime Edouard Barreiro.

Mais avant d’en arriver là, il y a gros à parier que les opérateurs vont tout faire pour garder la maîtrise de leurs réseaux et limiter l’expansion de la VoIP en pratiquant une tarification discriminatoire ou en développant leurs propres solutions pour contrer des concurrents comme Skype. Ce ne sera pas le cas de Free Mobile, qui a d’ores et déjà confirmé à 01net. qu’il accepterait les applications de VoIP tierces.

Le gendarme des télécoms consulte

Dans ce contexte, l’Arcep va-t-elle devoir jouer son rôle de gendarme et de « catalyseur du développement du marché » pour reprendre les mots de son président, Jean-Ludovic Silicani ? Le porte-parole du régulateur français nous a confirmé qu’un groupe de travail sur la neutralité de l’Internet a été constitué. Il va auditionner les acteurs du secteur que sont les opérateurs, les fournisseurs d’accès et autres « géants du Web ».

La VoIP fera partie des thèmes abordés. S’ensuivra un colloque qui se tiendra le 13 avril pour évoquer ces questions sous un angle « économique, éthique et organisationnel » avant que l’Arcep n’émette une série de « lignes directrices » en juin.

De son côté, la commission européenne de la concurrence a promis de surveiller « l’impact du marché et des développements techniques sur les libertés d’Internet et de rendre compte au Parlement européen et au Conseil avant la fin de l’année de la nécessité d’une nouvelle réglementation ».

1. Autorité de régulation des communications électroniques et des postes.

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Marc Zaffagni