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Mes mains ont la parole

” Montre pas du doigt ! “, disent toutes les mères. ” Montre-moi du doigt ! “, répond le logiciel de Jakub Seger. ” Je comprends les gestes de ta main “, précise-t-il.

Où est votre main pendant que vous me lisez ? Sur la souris, n’est-ce pas ? Un mouvement du poignet, le curseur va à droite à gauche, en haut en bas. L’index toujours prêt à cliquer… pour passer à la chronique suivante. Grisant. Vraiment ? Votre main a plus que ces tours-là dans son sac, vous le savez bien. Jakub Seger, chercheur chez Lucent, aussi. Son système réagit aux mouvements de la main, sans enfiler de gant.Pas de magie pour autant. L’astuce consiste à donner deux yeux à l’ordinateur, deux caméras synchronisées, braquées sur la surface de travail. Le cerveau, derrière, observe la main qui s’agite et interprète ses mouvements, presque en temps réel. Le pouce et l’index qui se rapprochent jusqu’à se toucher : on cherche à saisir. Le logiciel réagit vite, en fonction du contexte. Il sélectionne un document, attrape un objet dans un jeu, ferme la pince d’un robot télécommandé.A la corbeille les volants et autres manettes des simulateurs de vol ! (Sauf pour les fans du retour de force.) Jakub nous emmène en ballade dans le parc Yosemite, en Californie. Le lieu est spectaculaire : pics enneigés, séquoïas géants, canyons… La main avance, on accélère ; elle recule, ça freine ou passe la marche arrière. Un plongeon dans un canyon vous tente ? Montrez du doigt, ça suffira. Faites osciller la main à plat pour planer entre les roches, c’est du vrai surf.Je parlais de cerveau tout à l’heure. Celui-ci voit la main un peu comme vous voyez le Yosemite National Park du simulateur : pics et vallées. Le bout des doigts et le creux entre chaque doigt sont traqués, définis avec cinq paramètres : trois coordonnées spatiales (x,y,z) et deux angles. Le pouce et l’index, traitement de faveur, sont suivis prioritairement.Recherche oblige, ça pèche pour le confort de l’utilisateur. Un T-shirt couleur chair suffit à troubler le système de reconnaissance. D’ailleurs le taux de réussite oscille entre 90 % et 50 % d’un utilisateur à l’autre. Et le chantier reste ouvert. Fermer brusquement le poing pour cliquer, c’est dur à faire et dur à comprendre pour l’ordinateur. Peut-être qu’en dotant l’ensemble d’une paire d’oreilles…Prochaine chronique le mardi 14 novembre

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David Groison