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Martine Boulay (Honeywell Secan France)

‘ La bonne migration des données est primordiale pour réussir le déploiement d’un PGI. ‘

Recrutée par Honeywell Secan pour déployer en France son PGI européen, Martine Boulay, informaticienne expérimentée, a dû batailler pour imposer les besoins des utilisateurs hexagonaux.Décision informatique : Vous avez débuté votre carrière dans le groupe chimique Rohm and Haas où vous avez gravi un par un les échelons avant d’y superviser les données informatiques. À quelle occasion
vous êtes-vous rapprochée de l’utilisateur ?



Martine Boulay : Après mon diplôme universitaire d’informatique en 1972, j’ai pratiqué pendant vingt ans chez Rohm and Haas une informatique de gestion sur mesure, principalement sur grands systèmes. Puis les PGI de JD
Edwards, Marcam, SAP et Baan sont apparus. C’est par hasard, en 1994, à l’occasion d’une formation d’urbanisme suivie auprès du Cnam, que j’ai découvert le monde de la logistique et de la chaîne d’approvisionnement. J’ai adoré, car cela m’a permis
de mieux appréhender les besoins des utilisateurs. J’ai réalisé d’ailleurs qu’ils étaient rarement satisfaits de leurs progiciels.Votre diplôme d’ingénieur Cnam en poche, vous devenez alors responsable du déploiement d’applications logistiques et de prise de commandes chez Dow AgroSciences, puis Snecma Moteurs, où vous découvrez l’importance de la culture
du changement…



En effet. Cela commence par les ouvriers sur les lignes de fabrication, qui détiennent la culture produit. Il faut ensuite organiser la migration des données techniques [gammes, nomenclatures, postes de charges,
NDLR]
et des données de gestion. C’est une étape fastidieuse, complexe et longue, mais aussi indispensable. La formation est également primordiale, car elle permet à chacun de s’approprier le logiciel. En 2004, Honeywell Secan vous propose d’accompagner l’implantation européenne du PGI ASW d’IBS. Le pilotage du projet, depuis les États-Unis et la Grande-Bretagne dans un premier temps, n’a-t-il pas posé problème ?


Si, bien sûr, le projet piloté depuis un autre pays a compliqué la mise en ?”uvre du progiciel, qui était alors paramétré selon les processus anglais. Les utilisateurs français avaient reçu une formation, mais en anglais.
Résultat : bien que les utilisateurs affirmaient comprendre le fonctionnement du nouveau PGI en environnement OS/400, ils continuaient d’exploiter l’ancien système spécifique installé sur des serveurs VAX.Bref, c’est la tuile. Comment avez-vous repêché le projet ?


J’ai bataillé pour gagner en autonomie par rapport à l’équipe anglaise. Puis j’ai commandé un audit pour identifier toutes les fonctionnalités d’ASW qui n’étaient pas utilisées pleinement, voire pas encore déployées. La priorité absolue
était de proposer une nouvelle formation, mais en français cette fois-ci. Soit 35 séances au total. Il a fallu ensuite beaucoup communiquer en interne pour restaurer l’image du PGI et réexpliquer ses avantages. Ce qui fût concluant au
final.Quelles leçons tirez-vous de cette expérience ?


Qu’il n’est pas facile de corriger un cahier des charges complexe après démarrage, et de motiver les équipes, tout en conservant un regard d’analyste. Enfin, que tous ces efforts sont vains, si les données à transférer ne sont pas justes
et fiables à 95 %, voire à 98 %. Tout le reste est récupérable, mais la bonne migration des données est primordiale pour réussir le déploiement d’un PGI.Le texte de cet entretien a été relu et amendé par Martine Boulay.

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Propos recueillis par Francisco Villacampa