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Mafia III : le nouvel épisode de la célèbre saga est disponible

Ce troisième volet n’hésite pas à bousculer les conventions en exploitant des références fortes, des thèmes adultes et des personnages aussi charismatiques que radicaux. Bienvenue dans un univers impitoyable.   

Février 1968. De retour dans sa ville natale de New Bordeaux, le vétéran de la guerre du Vietnam, Lincoln Clay, n’a qu’une idée en tête : laisser derrière lui son passé criminel et trouver un substitut de famille auprès de ses rares amis encore vivants. Parmi eux, Sammy, une figure paternelle qui incite l’orphelin à rejoindre la Mafia Noire dont il est à la tête, dans le simple but de subsister, même si cela signifie évoluer à la lisière de l’illégalité. Les affaires semblent d’ailleurs bien marcher pour l’organisation, surtout après le casse juteux de la banque fédérale.

Problème : l’opération a été menée en collaboration avec la mafia italienne dirigée par Sal Marcano. Et ce dernier n’aime pas du tout partager les gains. Résultat : un guet-apens, tendu à la Mafia Noire, va brutalement changer le destin de Lincoln…

La qualité de la narration est ce qui frappe d’abord dans Mafia III. Ainsi, durant les six premières heures, l’aventure a su ménager des rebondissements en alternant flashback et flashforward. De même, les nombreuses cinématiques bénéficient d’une excellente mise en scène, confortée par les voix anglaises des personnages qui sonnent toujours juste (un doublage français est aussi disponible). Cela est d’autant plus marquant que les protagonistes recourent souvent à un langage très cru où les insultes – y compris raciales – se mêlent allègrement aux dialogues parfaitement ciselés.

Il ne fait d’ailleurs aucun doute que les développeurs ont reproduit avec succès l’ambiance de ces années 60 américaines troublées. La ségrégation envers les noirs y battait son plein malgré l’apparition de mouvements citoyens et/ou militants. À cette époque, la guerre du Vietnam divisait la société américaine et, en même temps, la révolution sexuelle avançait doucement, mais sûrement. Tous ces thèmes forts se retrouvent dans Mafia III, tantôt au cœur même des missions (affiches racistes d’un groupuscule suprématiste à brûler, bobines de films porno illégaux à détruire…), tantôt en filigrane à travers une réplique immonde, certains policiers n’hésitant pas à traiter Lincoln de « nègre » simplement en le croisant…

Une galerie de personnages

Pour soutenir des thèmes aussi adultes, il fallait des protagonistes à la hauteur. Et cela tombe bien car le studio Hangar 13, dont c’est le premier jeu, a fait des merveilles en imaginant une galerie de personnages très charismatiques. À commencer par l’antihéros de cette aventure, Lincoln Clay, qui troque bien vite sa tenue de pion malchanceux, au début du jeu, contre un costume de vrai badass défouraillant à tout-va.

D’ailleurs, son look n’est pas sans rappeler celui du vétéran John  Rambo, l’original de 1982. Tout comme lui, Lincoln est un adepte de la survie vêtu d’un treillis verdâtre, avec tee-shirt, jeans et plaques militaires autour du cou, et ne quitte jamais son couteau, même s’il sait manier les armes en tout genre. Une large cicatrice à la tête achève de donner au personnage une apparence de « vigilante » prêt à tout pour se faire justice, en dézinguant sans état d’âme ceux qui se mettent en travers de sa route.

Pour faire écho à ce baroudeur, les développeurs ont créé une vingtaine de personnages particulièrement réussis, du prêtre simple observateur à l’agent gouvernemental pas clair, en passant par les nombreux lieutenants de Sal Marcano – autant de cibles à éliminer – ou les alliés de Lincoln au tempérament explosif. Pas de doute, ce casting au look très étudié semble tout droit sorti d’un polar du meilleur cru. Mais le tableau ne serait toutefois pas complet si l’action n’était pas au diapason. Et dans ce domaine également, c’est un sans-faute ou presque…  

Vitesse et violence

Dévaler les rues de New Bordeaux à toute vitesse, emboutir une série de véhicules et les faire exploser, abandonner son bolide, puis voler une Muscle Car afin d’échapper à la police, en espérant vite sortir des zones rouge et bleue qui clignotent sur la carte et qui marquent respectivement les zones de poursuite et de recherche des forces de l’ordre… Tout cela est possible dans Mafia III, avec beaucoup de fluidité et surtout sans chute de framerate !

Le fun est d’ailleurs toujours au rendez-vous, en dépit d’une conduite en marche arrière un poil gênante au début, puisque la caméra se repositionne systématiquement. Autre petit bémol au passage : l’IA, pas toujours optimale qui gère passants et automobilistes, parfois immobiles devant un corps ou un simple obstacle en travers de la route. Heureusement, cela n’entrave pas une action qui se transforme d’ailleurs souvent en un déchaînement de violence brut de décoffrage.

En effet, s’il est adroit au volant, Lincoln est aussi efficace avec ses poings et peut enchaîner facilement une série de coups. Le joueur n’a alors qu’à bourriner une touche pour tabasser autrui. Mais la cerise sur le gâteau est de pouvoir achever l’adversaire par une exécution au corps à corps, faisant alors gicler le sang alentour. Il suffit de presser une seconde touche au bon moment pour envoyer l’ennemi ad patres, parfois de manière horrible (tête flanquée dans un incinérateur, écrasée contre un mur…). Les assassinats au couteau restent toutefois les plus douloureux esthétiquement, car au geste sanguinolent se joint un bruitage tranchant digne de la machette de Jason dans Vendredi 13. 

Ces éliminations contextuelles – différentes selon l’endroit où Lincoln se trouve – peuvent être aussi déclenchées directement, en approchant de manière furtive du belligérant, sans passer par une série de coups. Le résultat est particulièrement jouissif car, en exterminant plusieurs adversaires de cette façon, le joueur a l’impression d’incarner Lincoln dans un costume de ninja.

D’ailleurs, c’est aussi ça la force de Mafia III : l’objectif des missions peut souvent être atteint de diverses manières. Ainsi, d’un côté, il est possible de jouer la carte de la violence tous azimuts, en recourant à de nombreuses armes à la volée, via la roue de sélection qui se superpose à l’écran : mitraillettes, fusils, pistolets, grenades ou encore cocktails Molotov (très fun pour flamber un groupe d’ennemis) voire bazooka. Et de l’autre, le joueur peut très bien opter pour une solution plus discrète : ramassage des corps, déplacement furtif en restant accroupi, couverture derrière les obstacles afin de récupérer automatiquement et encore plus facilement de la vie… 

Morceaux de bravoure

De toute façon, quelle que soit la méthode choisie, le spectacle reste quasi permanent et occasionne même quelques passages épiques, véritables morceaux de bravoure vidéoludique. Ainsi, outre le sympathique braquage au début du jeu et l’excellente annihilation méthodique du gang des haïtiens au sein de leur propre fief situé au cœur du bayou, c’est surtout la séquence hallucinante de carnage de la Mafia Noire qui marque vraiment les esprits.

Au ralenti et au son de la chanson Paint It Black des Rolling Stones, le massacre se déroule rituellement devant le joueur tétanisé par le spectacle morbide et ultra-violent. Si elle n’est pas jouable, cette scène devrait rester néanmoins longtemps dans les annales du jeu vidéo tant elle se révèle puissante.

Et ce n’est heureusement pas la seule puisque au moins deux autres séquences, sur l’ensemble de la séance de prise en main de l’aventure, exposent le même traitement. La première met en scène Lincoln aux trousses d’un des lieutenants de Sal Marcano, qui n’est autre qu’un des membres de sa famille. Originalité : cette course poursuite se déroule à l’intérieur d’un traditionnel et imposant bateau à roues… en train de chavirer à la suite d’un accident ! Tel un Titanic de taille toutefois nettement plus modeste, celui-ci constitue évidemment un cadre hors du commun pour une séquence d’action. Car il faut imaginer le joueur diriger Lincoln sur un plan renversé et au beau milieu de nombreux passagers paniqués qui tentent de fuir, mais tombent finalement par-dessus les rambardes, se font écraser par des meubles et de multiples objets, et même périssent croqués par les alligators. L’apocalypse est ni plus ni moins de la partie à cet instant précis et il y a presque du Uncharted 4 dans cette mise en scène ! 

Le jeu du chat et de la souris

L’autre séquence à retenir se découpe en plusieurs parties mais n’en reste pas moins bluffante tout du long. Après un nouveau casse dans une banque en compagnie de trois acolytes, Lincoln se retrouve dans les égouts submergés de la ville à bord d’un bateau poursuivi par des vedettes rapides de la police. Ce qui aboutit à une courte mais palpitante séquence de gameplay pour le joueur.

Petit souci, un des amis de Lincoln est blessé par une balle au cours de cette échappée, si bien que le personnage principal se voit obligé de le transporter sur son dos. C’est au moment de sortir des égouts que débute alors la longue séquence d’anthologie prenant la forme d’un jeu du chat et de la souris. Dépourvu d’armes et handicapé par le poids de son ami, Lincoln doit se contenter d’esquiver à pied les nombreux policiers qui patrouillent dans les rues.

Mais le réel intérêt de la scène est qu’elle se déroule de nuit et surtout durant Mardi gras, ce qui explique la présence dans les rues de chars de carnaval issus d’un autre âge et surtout d’une étrange foule costumée à l’ancienne. L’ambiance générale qui se dégage de cette longue séquence de gameplay, nimbée d’une lumière jaunâtre, est tout bonnement surréaliste et, l’espace d’un instant, permet d’entrevoir la décadence d’une époque révolue. Une scène proprement hallucinante qui se termine au sein d’un cimetière où Lincoln doit se dissimuler entre les tombes. Incroyable !

Univers fantasque 

Divisé en dix zones graphiquement assez différentes, le monde ouvert de Mafia III apparaît comme un compromis fascinant entre un cauchemar éveillé, avec les secteurs du Fantôme du bayou et de Delray Hollow, et un paradis artificiel avec notamment le quartier français où règnent la prostitution et la drogue. 

Cette impression est confortée par une esthétique souvent ambitieuse reproduisant l’architecture de lieux étonnants, mélangeant tour à tour les influences cubaines et cajuns. Par ailleurs, le cycle jour/nuit très probant ainsi que les variations météorologiques du plus bel effet, notamment l’asphalte trempé de pluie, donnent un cachet supplémentaire à cet univers captivant.

Finalement, seuls quelques maigres détails déçoivent un peu, comme quelques visages de personnages un peu grossiers et moyennement animés. Ou encore un très léger manque de finition sur certains véhicules, notamment le rétroviseur intérieur qui s’avère non seulement inutile – puisqu’une vue arrière existe – mais en plus qui reflète grossièrement une réalité un peu cubique.

Cela dit, les développeurs ont opté pour de réels partis pris autant graphiques que sonores, qui se révèlent et s’apprécient dans les détails. Par exemple, la radio disponible dans tous les véhicules est capable de diffuser non seulement des fausses publicités mais aussi une quantité astronomique de tubes des années 60. Le jeu en contient ainsi près d’une centaine : de James Brown (I Feel Good) à Elvis Presley (A Little Less Conversation), en passant par les Rolling Stones (Sympathy for the Devil), Steppenwolf (Born to be wild), Otis Redding (Sitting on the Dock of the Bay) ou encore Johnny Cash (Ring of Fire).

Du côté des activités disponibles, Lincoln peut se lancer dans de nombreuses missions supplémentaires, telles que des assassinats, vols, livraisons, destructions de drogues, de matériel et de planques, mais aussi des interrogatoires pour rechercher des informations. Il suffit de les sélectionner sur la carte, puis de suivre l’itinéraire balisé à l’écran avec des panneaux temporaires s’intégrant parfaitement aux décors.

Enfin, Lincoln peut visiter librement un tas de lieux (laveries automatiques, bars, restaurants, salles de spectacle…) pour mettre la main sur plusieurs documents, tels que des pochettes de 33T, affiches et pin-up dessinées par Vargas. Il est même possible de trouver une cinquantaine de couvertures authentiques du magazine Playboy allant d’avril 1961 à novembre 1968 (avec possibilité de se rincer l’œil en feuilletant quelques pages). Ce genre de collection pour adultes apparaît 100 % en phase avec l’univers mature de Mafia III qui, par sa violence et sa radicalité, assume d’ailleurs magistralement son statut d’aventure largement déconseillée aux moins de dix-huit ans, mais enthousiasmante en diable. C’est suffisamment rare pour être signalé et apprécié !

Des alliés pour de précieux services

Au fil du jeu, Lincoln Clay récupère une poignée d’alliés (six au total, dont trois vraisemblablement via DLC), capables de lui rendre des services très appréciables. Pour débloquer ces « faveurs », le héros doit confier à ses alliés les territoires qu’il a conquis afin qu’ils puissent générer une certaine somme d’argent. Lorsque le montant en dollars est atteint, le service en question est automatiquement débloqué.

Toutefois, pour mettre en action une faveur (livraison d’arme, corruption de la police…), il est toujours nécessaire de payer. Pour contacter ses alliés, Lincoln peut utiliser à tout moment une radio. Cependant, en privilégiant un allié plutôt qu’un autre, la jalousie s’installe et des conflits éclatent. Ce qui devrait avoir une forte répercussion sur le scénario du jeu…

  • Vito Scarletta

Fonction : Chef du gang italien, il est le héros du jeu Mafia II qui a été banni d’Empire Bay et envoyé à New Bordeaux après avoir tué Don Carlo Falcone.
Lieu : River Row
Faveurs : 
Conseillère : la banquière personnelle de Vito récupère l’argent de Lincoln et le stocke dans un coffre pour éviter qu’il ne soit perdu au cas où celui-ci meurt.
Commando : un petit groupe d’hommes armés, de plus en plus important, prête main-forte à Lincoln pendant un temps limité.
Doc Mob : un docteur améliore la résistance de Lincoln (ajout d’une barre de santé, d’une dose d’adrénaline…).

  • Thomas Burke

Fonction : Chef de la mafia irlandaise. Anarchiste doublé d’un ivrogne et d’un psychopathe, l’Irlandais Burke, garagiste à ses heures perdues, sait manier le fusil à la perfection. 
Lieu : Pointe Verdun
Faveurs : 
Expéditeur de la police : une taupe au commissariat corrompt la police pour qu’elle cesse momentanément de poursuivre Lincoln. 
Bombardier de l’IRA : un artificier propose des produits explosifs de plus en plus performants. 
Livraison de véhicule : plusieurs styles de voitures peuvent être livrés (4×4 Bullworth Mohican, camion blindé Pinkerton Titan…).

  • Cassandra

Fonction : Chef de la mafia haïtienne, elle fait penser au personnage de Coffy, la panthère noire de Harlem, interprétée en 1973 par l’actrice Pam Grier.
Lieu : Delray Hollow 
Faveurs : 
Trafiquant d’armes : à bord de sa camionnette, un armurier livre des armes à feu (dont un bazooka), explosifs (Molotov, C4…), modifications de vêtements (veste pare-balles…), provisions (doses d’adrénaline…) et améliorations pour Lincoln (augmentation du stockage d’adrénaline…).    
Armurier : au fil du jeu, sont proposés des modificateurs d’armes très efficaces (capacité de chargement augmentée…).
Opératrice : une espionne des télécommunications fournit de précieux renseignements et coupe les téléphones, y compris ceux de la police.

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Olivier Lehmann - Jeux Vidéo Magazine