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Ludovic Leu (musicMe) : ‘ Les fabricants créent un goulet d’étranglement pour la musique en ligne ‘

Le cofondateur du site estime que l’attitude des industriels en matière de DRM est un frein au téléchargement légal de musique.

01net. : Quels ont été les grands sujets de discussion lors de l’édition 2007 du Marché international de la musique (Midem) ?


Ludovic Leu : Tous les ans, il y a des sujets qui émergent. Auparavant, nous avons eu l’ouverture des catalogues des maisons de disques afin de lutter contre les offres illégales. Cette année ce sont les DRM [gestion
des droits numériques, NDLR].
Mais il y a eu aussi des questions assez intéressantes sur le consommateur : est-ce que l’on connaît bien l’utilisateur de musique ? Est-ce que l’on sait exactement ce qu’il recherche ? Je
crois que l’on connaît assez mal les plus jeunes. On le voit avec la répartition entre offres légales et offres illégales. L’âge moyen d’un consommateur sur musicMe(1) est de 35 ans, alors que chez nos utilisateurs du
service gratuit de recherche d’informations il est de 15-20 ans.Les DRM constituent-ils un frein au développement du secteur selon vous ?


Un DRM, c’est juste une autorisation d’usage en fonction d’un certain nombre de règles. En lui-même, le système ne pose pas trop de problèmes techniques. Ce qui freine énormément le marché de la musique en ligne, c’est la problématique
d’interopérabilité qui est très liée aux DRM. S’il existait un système de DRM compatible avec la totalité des formats actuellement exploités, pratiquement personne ne parlerait des DRM. Le vrai frein de cette industrie, c’est la guerre entre les
deux très gros industriels [Apple et Microsoft, NDLR] qui gèrent les systèmes de protection et font en sorte que ces derniers ne communiquent pas entre eux. Parce que celui qui impose son DRM gagne le monde de la
musique.Est-ce un problème, pour un distributeur comme musicMe, que des fabricants de technologies se soient à ce point imposés sur ce marché ?


A une époque, la musique était au centre du débat. On achetait de la musique et ensuite on choisissait l’appareil sur lequel on voulait l’écouter, et peu importait lequel. Aujourd’hui, les maisons de disques ont toujours la main sur
l’industrie musicale, mais la musique n’est plus au centre. Ce sont les appareils de lecture. Des industriels à la puissance considérable décident en partie du jeu : quelle va être la compatibilité, quelles vont être les offres, quels seront
les prochains usages proposés… Il y a une vraie opposition entre l’intérêt de l’industrie musicale et certains propriétaires de technologies qui jouent le monopole, la non-ouverture, et créent un véritable goulet d’étranglement pour la
musique.Nous subissons cette situation. Nous ne sommes pas assez puissants pour en discuter avec les grands constructeurs. Pour notre service de recherche ou de streaming sur ordinateur, cela ne pose aucun problème. En revanche, dans le monde
du baladeur, on sait tous qu’Apple a la main. Notre offre de téléchargement illimitée n’est pas compatible avec l’iPod. Ce n’est pas un choix de musicMe, cela relève d’une problématique industrielle qui nous empêche d’adresser notre offre au plus
grand nombre.(1) MusicMe est partenaire de 01net.

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Propos recueillis par Arnaud Devillard