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L’ordinateur mutant

Des algorithmes qui s’adaptent aux problèmes et développent de nouvelles méthodes pour les résoudre : les logiciels du futur évolueront en fonction de leur environnement.

Un programme informatique peut-il muter ? Pas encore. Si on trouve aujourd’hui de nombreux virus informatiques mutants, en l’espèce, leur mutation relève plutôt du déguisement.Les virus les plus dangereux réordonnent quelques lignes de leur code source pour ne pas être reconnus par les antivirus. Mais aucun virus connu à l’heure actuelle ne modifie ses formes d’attaques pour s’adapter aux
défenses qui lui sont opposées. Si la mutation est encore réservée aux espèces vivantes (qui mutent par évolution de leur patrimoine génétique), elle risque cependant d’être bientôt aussi l’apanage des programmes informatiques.Aujourd’hui, les algorithmes qui constituent les programmes sont uniquement des suites de tests et d’instructions (fonctionnant en boucle) qui permettent de résoudre systématiquement un problème donné. Mais ils ne sont pas
conçus pour évoluer. Ainsi, après avoir compressé 1000 fichiers, l’algorithme à l’?”uvre dans Winzip ne se révèle pas plus efficace. Pas plus qu’après 1 million d’utilisations.Des chercheurs de l’université du Texas viennent de créer ce qui semble être le premier algorithme mutant, appelé ‘ algorithme génétique ‘. Cet algorithme évalue, chaque fois qu’on lui fait appel,
l’efficacité de chaque méthode de résolution d’un problème. Et applique ensuite une règle simple, darwinienne : les meilleurs solutions vivent, celles qui ne se révèlent pas efficaces meurent.Cet algorithme a été testé avec le FBI. Pour compresser les quelque 50 millions d’empreintes digitales numérisées en sa possession, le Bureau d’investigation américain avait développé un algorithme appelé WSQ. Ce
dernier permettait de réduire suffisamment l’espace disque occupé par les empreintes, et ?” surtout ?” évitait que la compression des données n’aboutisse à des erreurs d’identification.Il se révélait aussi suffisamment efficient pour permettre 50 000 interrogations de la base d’empreintes du FBI par jour avec un temps de réponse satisfaisant. Objectif pour les chercheurs : faire mieux que le WSQ,
en donnant seulement à leur algorithme génétique quelques instructions de base pour compresser les images.Mission accomplie en quelque cinquante ‘ générations ‘. Mieux, la méthode ‘ inventée ‘ par l’ordinateur pour compresser les images est unique et n’avait jamais été employée auparavant par aucun autre
algorithme. Récompensé par un prix de la National Science Foundation, l’algorithme génétique permettra à terme de développer des programmes s’adaptant aux problèmes qui leur sont soumis. Pour le meilleur et pour le pire…* Rédacteur en chef délégué de l’Ordinateur individuelProchaine chronique mardi 4 octobre

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Alain Steinmann*