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Levée de boucliers contre FLoC, la nouvelle technique de ciblage publicitaire de Google

Brave et Vivaldi rejettent en bloc cette nouvelle technologie. Mozilla ne compte pas non plus l’adopter pour le moment.

Les éditeurs de navigateurs sont loin d’être enthousiastes par la nouvelle technique de ciblage publicitaire que Google a récemment activé à titre expérimental dans Chrome. Baptisée FLoC (Federated Learning of Cohortes), elle promet pourtant de mieux respecter la vie privée des internautes que le cookie tiers, qui permet de suivre chaque individu à la trace.

FLoC est également intégré dans Chromium, qui est utilisé par de nombreux éditeurs de navigateurs. Ces derniers pourraient donc l’activer à leur tour. Mais pour le PDG de Vivaldi, Jon von Tetzchner, la réponse est claire : 

« FLoC off ! Vivaldi ne supporte pas FLoC. Chez Vivaldi, nous défendons la confidentialité de nos utilisateurs. Nous n’approuvons pas le suivi et le profilage, de quelque manière que ce soit. Nous ne permettrions certainement pas à nos produits de créer des profils de ciblage locaux. Pour nous, les mots vie privée signifie réellement vie privée réelle. Nous ne faisons pas le contraire. Nous n’observons même pas comment vous utilisez nos produits. Notre politique de confidentialité est simple et claire ; nous ne voulons pas vous surveiller. »

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Même son de cloche chez le PDG de Brave, Brendan Eich, et son collègue Peter Snyder, expert en protection des données personnelles :

« Pour protéger les utilisateurs, Brave a supprimé FLoC dans la version Nightly de Brave pour ordinateur de bureau et Android. Les fonctionnalités de FLoC n’ont jamais été activées dans les versions de Brave ; les paramètres d’implémentation de FLoC seront supprimés de toutes les versions de Brave avec la version stable de cette semaine. Brave désactive également FLoC sur nos sites Web, pour protéger les utilisateurs de Chrome qui s’informent sur Brave. »

Mozilla ne compte pas non plus adopter le FLoC. Interrogé par The Register, un porte-parole explique :

« Nous évaluons actuellement de nombreux modèles publicitaires préservant la confidentialité, y compris celles avancées par Google, mais nous ne prévoyons pas de les mettre en œuvre pour le moment. Nous n’acceptons pas que le secteur ait besoin de milliards de points de données sur les personnes, qui sont collectés et partagés à leur insu, pour diffuser des publicités pertinentes. La publicité et la confidentialité peuvent coexister. Et l’industrie de la publicité peut fonctionner différemment des années précédentes. »

Mais ce ne sont pas les seuls éditeurs à monter au front. Le moteur de recherche DuckDuckGo profite de l’occasion pour faire la promotion de son extension de navigateur qui est capable de bloquer FLoC au niveau de Chrome. À l’heure actuelle, il n’est pourtant pas nécessaire d’aller jusque-là. FLoC n’est activé que pour les utilisateurs qui acceptent également les cookies tiers. Par ailleurs, cette technique n’est pas déployée en Europe, en raison d’un flou juridique à propos du RGPD. Pour leur part, Apple et Microsoft n’ont pas encore pris position sur le sujet.

Un risque jugé trop grand

Pourquoi tant de haine si FLoC est censé améliorer les choses ? Les raisons invoquées sont multiples. Vivaldi explique que cette technique expose des informations sur la navigation des internautes que chaque site web pourra collecter. Et comme cela se passe à grande échelle, l’éditeur estime que le risque pour la vie privée est trop grand.

Brave ajoute que FLoC, qui consiste à répartir les internautes dans des groupes pseudo-anonymes, va améliorer le fingerprinting, une technique de ciblage furtive qui s’appuie sur les caractéristiques matérielles du terminal. Enfin, Brave n’approuve pas le fait que Google soit le seul à décider quelles sont les cohortes « sensibles » qu’il faut extraire du système FLoC (comme celles liées à une orientation sexuelle ou une maladie). Bref, le démarrage du successeur du cookie tiers s’annonce houleux.

Source: The Register

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Gilbert KALLENBORN