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Les vedettes du graphisme dépriment

Corel et Micrografx ont mal encaissé le choc internet, leurs outils ont pris un coup de vieux. Aujourd’hui, les deux éditeurs sont contraints de licencier massivement.

L’an 2000 s’annonce comme une année noire pour deux des plus célèbres éditeurs graphiques des années quatre-vingt-dix. Une succession de trimestres décevants ont conduit Corel à se séparer d’un cinquième de son effectif, soit plus de trois cents employés. Et son PDG, Michael Cowpland, a été contraint de passer les rênes quelques semaines plus tard. La mauvaise fortune de Corel ne profite même pas à son challenger, Micrografx. En effet, celui-ci a annoncé cet été le licenciement d’un tiers de ses cent quatre-vingt-dix employés.

CorelDraw en fin de vie

Le déclin de Corel marque la fin d’une génération de logiciels et, peut-être, d’éditeurs. Le web est passé par là, et les outils graphiques généralistes, destinés aux particuliers et aux entreprises qui veulent produire leur revue interne, ont pris un coup de vieux. De l’aveu même de l’éditeur canadien, son produit vedette CorelDraw version 9 est en fin de vie. Au deuxième trimestre (clos fin mai), ses ventes dans le graphisme ont reculé de 35 %. Même Adobe, qui affiche une santé insolente avec une progression de 22 % de son chiffre d’affaires sur la même période, enregistre un recul des ventes de ses outils de publication papier – et, notamment, de PageMaker. Mais, à la différence de Corel, Adobe a su rebondir avec des produits comme PhotoShop ou Acrobat. “ 60 % de nos ventes sont liées au web “, précise Luc Marin, directeur général d’Adobe France.
Corel avait, lui aussi, anticipé un recul de ses ventes d’outils graphiques classiques. Mais il a raté sa diversification. Son ambition de concurrencer Microsoft dans la bureautique a fait long feu. La suite bureautique WordPerfect Office 2000 est en perte de vitesse. Quant à l’activité Linux, elle reste marginale en termes de revenus, mais pas en ce qui concerne les dépenses publicitaires.
Le recul de Micrografx illustre, de son côté, la difficulté d’un petit éditeur à maintenir durablement son rang. Faute d’une taille suffisante, la société texane a dû se résoudre à se séparer de ses logiciels grand public en 1998. Et l’augmentation des ventes de logiciels professionnels n’a que partiellement compensé la baisse d’activité. Si bien qu’aujourd’hui l’éditeur licencie massivement et qu’il filialise ses développements les plus prometteurs, comme sa solution d’automatisation des traitements des images web, en espérant attirer des partenaires… ou un acquéreur.

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Olivier Roberget